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Examiner de plus près les données relatives aux jeunes pour identifier les tendances et les disparités régionales

ImageAlors que l’on célébrait le 12 août dernier la 15e édition de la Journée internationale de la jeunesse, une question m’est venue à l’esprit : de quels types de données disposons-nous sur les jeunes ?
 
Tout d’abord, selon la définition des Nations Unies (a), les jeunes représentent la population âgée de 15 à 24 ans. Ils se situent dans une période de transition entre l'enfance et l'âge adulte. 

« Le champ des possibles que recèle un enfant est le plus passionnant et le plus stimulant qui soit. »
– Ray Wilbur, expert américain (1875-1949)​



​Du fait que cette période (15-24 ans) est plus proche de l'âge adulte que ne l’est l'enfance et qu’elle l’affecte donc plus directement, les données relatives aux jeunes jouent un rôle essentiel : elles peuvent nous aider à mieux anticiper les opportunités et les difficultés qu’ils rencontreront plus tard.

​Où trouve-t-on les plus grandes proportions de jeunes dans le monde ? 
En 2013, les personnes nées entre 1989 et 1998 représentaient 17 % de la population mondiale, c'est-à-dire 1,2 milliard d'individus. Tandis que la population mondiale continue d'augmenter, le nombre de jeunes a quant à lui commencé à diminuer graduellement après avoir atteint un pic en 2010. Dans les pays à revenu élevé, la population jeune a diminué de 6 millions entre 2010 et 2013, ce qui reflète la tendance au vieillissement de la population dans cette catégorie de pays.

Chart 1

Source : estimations établies par le personnel de la Banque mondiale à partir des données de distribution de la population par tranches d'âge tirées des Perspectives de la population mondiale publiées par la Division de la population des Nations Unies databank.worldbank.org/data/Youth-population/id/8633f780

Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, trois régions ont vu leur population jeune diminuer : Asie de l'Est et Pacifique, Europe et Asie centrale, et Moyen-Orient et Afrique du Nord. C'est la région Asie de l'Est et Pacifique qui a enregistré la plus forte baisse, particulièrement en Chine, où le nombre de jeunes a diminué de 30 millions, ce qui équivaut à la population de la Malaisie toute entière en 2013.
D'un autre côté, la hausse du nombre de jeunes en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne a contribué à la légère augmentation de la part des jeunes dans la population globale. Aujourd'hui, 87 % des jeunes vivent dans des pays en développement.

La génération la plus instruite de tous les temps
En 2012, près de 90 % des jeunes vivant dans des pays en développement avaient acquis une alphabétisation de base. Mais le niveau et la rapidité de cette progression varient d'une région à l'autre et selon le sexe.
 
La région Asie de l'Est et Pacifique et la région Europe et Asie centrale connaissent des taux d'alphabétisation des jeunes de près de 100 % depuis une décennie, tandis qu'en Afrique subsaharienne, ceux-ci stagnent autour de 70 %.

Chart 2

Source : Institut de statistique de l'UNESCO et Indicateurs du développement dans le monde  databank.worldbank.org/data/Literacy/id/c916694d

ImageL'Asie du Sud, qui accusait en 1990 les taux d'alphabétisation féminine les plus faibles du monde, est parvenue rapidement à se hisser devant l’Afrique subsaharienne en élargissant l'accès à l'éducation. La région Moyen-Orient et Afrique du Nord a également connu une importante progression dans la réduction des inégalités hommes-femmes dans ce domaine. Des progrès indéniables ont été accomplis en Afrique subsaharienne, mais à un rythme plus lent, du fait de tendances divergentes au sein de la région. Par exemple, le taux d'alphabétisation des jeunes femmes a fortement augmenté au Tchad, passant de 9 % en 1993 à 44 % en 2010, tandis qu'au Libéria, il s'est écroulé de 54 % en 1994 à 37 % en 2007. De plus, les inégalités entre les sexes ont diminué au Tchad, tandis qu'elles se sont creusées au Libéria.

Taux de chômage chez les jeunes 
Bien qu'il soit essentiel pour les jeunes d'être alphabétisés pour se préparer au marché du travail, ils ont malgré tout souvent des difficultés à trouver un emploi. Cependant, il est important de souligner qu'un taux de chômage élevé n'est pas forcément un signe négatif. Lorsqu'on bénéficie d’un système de protection sociale, on peut par exemple choisir de prendre son temps pour trouver un meilleur emploi. De plus, un taux de chômage élevé chez les jeunes peut parfois s'expliquer par des allers-retours plus fréquents entre l'emploi et l'école.

Chart 3

Source : Organisation internationale du travail et Indicateurs du développement dans le monde  databank.worldbank.org/data/Unemployment/id/b99a0119

Les jeunes femmes vivant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord restent le groupe le plus désavantagé dans ce domaine : 45 % d'entre elles étaient sans emploi en 2012, ce qui correspond à plus de quatre fois le taux de chômage observé chez les hommes adultes. C'est en Asie du Sud ainsi qu’en Asie de l'Est/Pacifique que les taux de chômage des jeunes sont restés les plus bas depuis les années 1990. Cette dernière région est la seule où les taux de chômage féminins sont restés inférieurs à ceux des hommes aussi bien chez les jeunes que chez les adultes.
Pour en savoir plus, consultez le billet que nous avons publié récemment à ce sujet : Le chômage des jeunes, région par région.
 
Des données limitées
Les estimations concernant les taux d'alphabétisation publiées par l'Institut de statistique (ISU) de l'UNESCO reposent sur divers types de données, notamment des auto-évaluations et des tests standardisés, auxquelles s’ajoutent dans quelques cas des variables comme la durée de fréquentation des établissements scolaires et le niveau d'achèvement des cycles d'enseignement. Les chiffres du chômage émanant de l'Organisation internationale du travail (OIT) peuvent être sous-estimés, car ces données ne tiennent pas compte des personnes qui ne sont pas en recherche active d'emploi. Par ailleurs, les jeunes peuvent cesser de chercher un emploi lorsqu'ils ont l'impression que le marché du travail ne leur offre aucune perspective. Les femmes sont particulièrement désavantagées, parce qu'elles sont souvent responsables des tâches ménagères et travaillent à temps partiel ou occupent des emplois temporaires au lieu de chercher un emploi plus stable. Néanmoins, ces chiffres peuvent servir à se faire une idée assez précise des difficultés que rencontrent les jeunes du monde entier.
 
Dans un tweet (a) publié à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse, Babatunde Ahonsi, le représentant du Ghana auprès du Fonds des Nations Unies pour la population, a appelé la twittosphère à « veiller à ce que les voix et les priorités des jeunes soient prises en compte dans les programmes de développement nationaux ».
 
Et il est indéniable que se pencher sur les données relatives aux jeunes constitue une première démarche pour s'informer dans ce domaine. 
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Auteurs

Hiroko Maeda

Statisticienne à la Banque mondiale

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