Publié sur Blog de Données

La pauvreté n’est pas qu’une question d’argent : elle revêt de multiples formes dont il faut tenir compte

Supposons que deux ménages ont le même niveau de consommation (ou de revenu), mais pas les mêmes conditions de vie. Dans le premier ménage, tous les enfants sont scolarisés, le foyer est raccordé à l’eau potable courante et éclairé à l’électricité la nuit. Dans le deuxième ménage, les enfants travaillent pour subvenir aux besoins de la famille, il faut aller chercher l’eau dans un ruisseau proche, et la maison est plongée dans le noir dès la tombée du jour. Même un profane peut dire lequel de ces deux ménages est le mieux nanti. Or, selon la mesure traditionnelle du bien-être, qui repose sur des critères monétaires (revenu ou consommation), ces deux ménages se trouvent dans une situation identique.

La dernière édition du Rapport sur la pauvreté et la prospérité partagée prend acte de cette faille en proposant une mesure de la pauvreté « multidimensionnelle ». Afin d’obtenir une vision plus complète de la pauvreté, les travaux de la Banque mondiale prennent en compte le niveau de consommation d’un ménage, mais aussi le manque d’accès à l’éducation (avec comme indicateurs la scolarisation des enfants et le niveau d’études des parents) et aux infrastructures de base (eau potable, assainissement et électricité). Cette définition plus large amène à compter les pauvres autrement et à revoir leur nombre à la hausse.

Le graphique ci-dessus indique la part de la population en situation de pauvreté monétaire et multidimensionnelle dans le monde et dans chaque région aux alentours de 2013. On observe que le taux mondial de pauvreté est supérieur de 50 % (18 % contre 12 %) si l’on prend en considération, outre les aspects monétaires, les multiples dimensions que revêt la pauvreté. De même, malgré les progrès accomplis par l’Asie du Sud dans la réduction de la pauvreté monétaire, la part de la population qui vit dans la pauvreté dans cette région se révèle deux fois plus élevée si l’on tient compte du manque d’accès à l’éducation et aux infrastructures de base. C’est en Afrique que la situation est la plus préoccupante, avec près de deux personnes sur trois en situation de pauvreté multidimensionnelle.


Auteurs

Jed Friedman

Lead Economist, Development Research Group, World Bank

Maria Ana Lugo

Senior Economist, World Bank

Daniel Gerszon Mahler

Économiste senior, Groupe de gestion des données sur le développement, Banque mondiale

Divyanshi Wadhwa

Experte en données, Groupe de gestion des données sur le développement, Banque mondiale

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