Ce dimanche, la Journée internationale de la femme (a) célèbre la réussite des femmes sans occulter les progrès à faire pour parvenir à l’égalité entre les sexes dans le monde. Afin de préparer le lancement de plusieurs campagnes et initiatives de haut niveau dans les 15 jours à venir, j’ai souhaité rappeler certains faits et évolutions parfois méconnus.
Remarque: Comme ces données proviennent de différentes sources, certains membres de groupements régionaux peuvent différer entre les graphiques, référez-vous, s’il vous plaît, aux sources originales pour plus d'informations.
1) 91 % des filles achèvent le cycle d’enseignement primaire
Données de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU) et Indicateurs du développement dans le monde
L’année 2012 détient le record pour le nombre de filles allées au terme de l’enseignement primaire. Depuis 2000, les progrès sont manifestes un peu partout, même si de profonds écarts subsistent d’une région et d’un pays à l’autre. En Afrique subsaharienne, 66 % seulement des filles avaient achevé leurs études primaires en 2012 sachant que, dans 3 pays, le taux était inférieur à 35 %. L’éducation des filles est l’un des meilleurs investissements possibles (a) et, à l’horizon 2015, les pays en développement dans leur ensemble devrait atteindre la parité entre les sexes (égalité des effectifs de filles et de garçons) pour la scolarisation en primaire et dans le secondaire.
2) Entre 1970 et 2012, le taux de fécondité des adolescentes a reculé de 40 %
Données de l’ISU et projections de la Division de la population des Nations Unies
À l’échelle de la planète, le taux de fécondité des adolescentes (jeunes filles âgées de 15 à 19 ans) est passé de 77 pour 1 000 en 1970 à 45 pour 1 000 en 2012. Dans le même temps, le taux de scolarisation des filles dans le secondaire a progressé, de 35 à 72 %. Comme le montre le graphique précédent, les grossesses adolescentes ont tendance à être moins fréquentes chez les collégiennes et les lycéennes. Le lien entre ces deux phénomènes est commun à la plupart des régions, à l’exception de l’Amérique latine/Caraïbes et de l’Asie de l’Est/Pacifique, où la corrélation est nettement moins évidente.
3) Avec un taux d’activité des femmes de 64 %, l’Afrique subsaharienne détient un record mondial
Données modélisées à partir des statistiques de la 8e édition des indicateurs clés du marché du travail de l’Organisation internationale du travail et des WDI
Le taux d’activité des femmes (la proportion de femmes qui travaillent ou sont à la recherche d’un emploi par rapport à la population d’âge actif) s’échelonne de 22 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord à 64 % en Afrique subsaharienne. Dans pratiquement tous les cas, ce taux est inférieur à celui des hommes — une situation qui tient probablement en partie à des sous-estimations, puisque le travail irrégulier, non rémunéré ou informel (souvent l’apanage des femmes) est difficile à mesurer. Par ailleurs, un taux d’activité élevé n’est pas forcément un signe positif, puisqu’il peut traduire l’absence de choix délibéré de rester inactif. Comme le souligne Alice Newton (a), les politiques visant à garantir la participation des femmes dans la population active sur les mêmes bases que les hommes sont vitales pour parvenir à l’égalité des sexes et faire reculer la pauvreté..
4) 137 pays ont instauré un congé maternité légal
La différenciation de traitements prévue dans la législation du travail peut avoir des effets bénéfiques ou restrictifs sur l’emploi des femmes. Les politiques en matière de congé parental sont en général censées répartir plus équitablement les responsabilités liées au fait d’élever un enfant, en prévoyant les mêmes perspectives de carrière pour les femmes et les hommes. Selon le dernier rapport Les femmes, l’entreprise et le droit, la durée minimum légale du congé maternité rémunéré s’établit en moyenne à 100 jours, sachant que la Bulgarie détient le record, avec 410 jours de congé totalement pris en charge par le gouvernement et équivalant à 90 % du salaire.
5) 30 % des postes de cadres dirigeants en Asie de l’Est sont occupés par des femmes
Le taux de participation des femmes à l’activité économique, notamment à des postes de responsabilité au sein des entreprises, reflète le degré d’autonomisation et de progrès en la matière. Contrairement à l’Asie de l’Est/Pacifique, où les femmes sont souvent à la tête d’entreprises, la part moyenne d’entreprises mondiales dirigées par des femmes reste faible, autour de 20 %. Ces chiffres ne rendent pas pleinement compte de la situation, puisque les entreprises dirigées par des femmes sont souvent plus petites que celles dirigées par des hommes et opèrent dans des secteurs comme le commerce de détail.
L’indice S&P 1500 comprend plus d’hommes se prénommant John que de femmes
En s’appuyant sur des données d’Execucomp, (a), le New York Times (a) vient de créer un « indice du plafond de verre » et a pu ainsi constater que seule une entreprise de l’indice S&P 1500 sur 25 est dirigée par une femme. Chez le chinois Alibaba, au contraire, 47 % des effectifs et 33 % des cadres supérieurs sont des femmes. Le PDG du groupe, Jack Ma (a), estime que « les femmes sont plus altruistes que les hommes, une qualité essentielle pour Alibaba, qui cherche à servir au mieux ses usagers ».
6) Plus de 700 millions de femmes sont victimes de violences physiques ou sexuelles
Le rapport de la Banque mondiale, intitulé « Voice and Agency », constate qu’une femme sur trois dans le monde (soit plus de 700 millions de femmes) est victime de violences physiques ou sexuelles commises par son mari, son compagnon ou son partenaire. La violence faite aux femmes est un fléau qui ne connaît pas de frontières. Dans la plupart des cas, c’est chez elles que les femmes sont les plus exposées. Pratiquement un tiers des femmes vivant dans 33 pays à revenu faible et intermédiaire affirment ne pas pouvoir refuser un rapport sexuel à leur partenaire.
7) Les femmes ont 14 % de chances de moins qu’un homme de posséder un téléphone portable
D’après l’étude Connected Women 2015 de GSMA, qui a porté sur 12 pays (a), les femmes voient dans le téléphone portable un moyen d’accroître leur sécurité, de gagner du temps et de l’argent et de mieux profiter des opportunités professionnelles et éducatives. Le rapport constate que dans les pays à revenu faible et intermédiaire, plus de 3 milliards d’êtres humains ne possèdent toujours pas de téléphone portable, dont environ 1,7 milliard sont des femmes. Pratiquement les deux tiers de ces femmes vivent en Asie du Sud et en Asie de l’Est/Pacifique, contre plus de 300 millions en Afrique subsaharienne, une proportion non négligeable.
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Lacunes des données sexospécifiques
Le manque de données et d’éléments probants de qualité est un sérieux obstacle pour comprendre les enjeux de l’égalité hommes-femmes et remédier aux problèmes que nous venons d’évoquer. Or, dans de nombreux pays en développement, aucune donnée ne permet de cerner l’ampleur des écarts entre les hommes et les femmes et de s’orienter vers des solutions concrètes. Récemment, l’initiative Data2x (a) a identifié 28 champs lacunaires dans cinq domaines : la santé, l’éducation, les opportunités économiques, la participation politique et la sécurité des personnes.
La Banque mondiale travaille en partenariat avec Data2x et un certain nombre d’autres initiatives pour améliorer la qualité et la disponibilité de données sexospécifiques. Pour en savoir plus, consulter la page d’accueil consacrée à l’égalité hommes-femmes (a) ou accéder au Portail de données sexospécifiques (a).
Je tiens à remercier mes collègues qui travaillent sur les données de la Banque mondiale pour avoir bien voulu faire part de leur expertise et de leurs expériences, et notamment Masako Hiraga, Haruna Kashiwase, Emi Suzuki, Hiroko Madea et Buyant Khaltarkhuu.
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