La plage a toujours été pour moi un lieu spécial, même si, durant mon enfance, je n’y suis allé que deux fois avec ma famille. Cependant, ces deux occasions ont suffi pour créer en moi une de ces expériences qui marquent votre enfance et restent ancrées à jamais dans votre esprit—des souvenirs vivaces conservés par vos cinq sens comme s’ils dataient d’hier. Je n’oublierai jamais la première fois où j’ai senti les grains de sable rugueux entre mes doigts, entendu le rugissement des vagues de l’Atlantique, et tressailli au contact de la fraicheur de l’eau qui déferlait sur mes pieds. Maintenant que je suis père de famille, les sorties à la plage sont devenues plus fréquentes et la préservation de nos côtes a désormais plus d’importance. Je suis sûr que beaucoup d’entre vous gardent en mémoire de bons moments passés à la plage.
Pour de nombreuses populations d’Afrique de l’Ouest, la plage et les autres environnements côtiers représentent beaucoup plus que de bons souvenirs et des vacances en famille. Bien plus qu’un endroit que les populations ouest-africaines appellent leur chez-soi, les plages, forêts de mangroves, dunes de sable et autres habitats côtiers sont des écosystèmes dont les communautés dépendent et qui constituent leurs seules ressources pour leurs moyens de subsistance, nourriture, patrimoine culturel et dans plusieurs cas, pour la protection naturelle contre les inondations et l’érosion.
Malheureusement, les populations de ces écosystèmes côtiers sont exposées à de graves dangers liés aux inondations, à l’érosion et à la pollution. Des communautés entières ont vu leurs terres englouties par les flots et des menaces grandissantes pèsent sur des infrastructures vitales. En dépit de ces menaces, le littoral ouest-africain joue un rôle essentiel dans l’économie de la région. Sachant que les zones côtières abritent près de la moitié de la population ouest-africaine, qu’elles assurent plus de 50% du PIB de la région, et que les phénomènes naturels et activités anthropiques coûtent aux pays plus de 5% de leur PIB, il est impératif d’apporter une solution à ces problèmes.
Les nombreux défis que pose l’érosion côtière sont les suivants :
- Une érosion sévère, qui met en péril les habitations et les moyens de subsistance de milliers de populations côtières, érosion exacerbée par le changement climatique et les activités anthropiques y compris la mauvaise planification dans les infrastructures et l’exploitation illégale de sable. Certains littoraux perdent plus de 20 mètres de terre par an en raison de l’érosion.
- Une exposition accrue face aux inondations à mesure que les forêts de mangroves sont décimées et que les villes côtières connaissent une urbanisation à un rythme sans précédent.
- Les solutions d'infrastructures grises qui ont été mises en place pour régler ces problèmes sont souvent des initiatives réussies mais de manière localisée, et finissent par avoir des répercussions négatives sur les collectivités situées plus bas sur la côte.
- Et le point le plus crucial, les financements mobilisés pour faire face à ces problèmes sont tout simplement insuffisants. Ils sont fragmentés et devraient être portés à plusieurs milliards de dollars obtenir un impact significatif. Le mélange des intérêts publics et privés le long du littoral rend cette situation encore plus complexe.
Une solution novatrice pour attirer les investisseurs publics et privés dans les infrastructures.
Les réponses à ces défis sont rarement simples. Au cœur de toutes ces questions se trouve la nécessité de définir comment mobiliser suffisamment de financements pour arriver à un impact significatif sur toute la région et positif dans le long terme pour la résilience et la prospérité des populations des régions côtières.
Vu le niveau de financement requis et la nature transfrontalière de ces problèmes, les pays et les partenaires au développement à eux seuls ne pourront pas réussir. Il en est de même pour les secteurs touristiques et portuaires. Le littoral ouest-africain est un bien commun, partagé par l’ensemble des pays et des parties prenantes, publiques et privées. Pour atteindre un impact global et durable, il sera impératif de disposer de solutions d’infrastructures avancées—vertes et grises—et de s’associer pour des actions communes, avec le soutien par des financements publics et privés.
Combler ce déficit de financement des investissements dans les infrastructures de protection côtière tout en trouvant le bon équilibre entre les ressources publiques et privées demeure le principal défi à relever pour arriver à la résilience côtière en Afrique de l’Ouest.C’est la raison pour laquelle le Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA) a lancé sa toute première édition d’un Marketplace financier le mois dernier à Abidjan, en Côte d’Ivoire (first ever Finance Marketplace last month in Abidjan, Côte D’Ivoire), organisé grâce au soutien généreux de la Facilité mondiale pour la prévention des catastrophes et le relèvement et du Fonds nordique de développement. Son objectif étant de simplifier le processus de mobilisation des financements en faveur des infrastructures offrant des solutions face aux questions d’érosion, d’inondations et de pollution, le Marketplace a réuni des représentants de gouvernements des pays membres de WACA dans un même espace en se considérant comme tous des partenaires financiers potentiels, de sorte que chaque pays puisse « faire un plaidoyer » pour ses besoins prioritaires en matière de résilience côtière.
Alors que cette édition pilote du Marketplace s’est concentrée sur la mobilisation de fonds publics en faveur des infrastructures côtières, la prochaine édition portera essentiellement sur l’identification et la promotion des opportunités pour des partenariats public-privé (PPP).
Le programme de WACA est déjà en collaboration avec des représentants du secteur privé au niveau mondial et régional afin de déterminer le rôle que ces derniers peuvent jouer dans le cadre du soutien en faveur d’une résilience côtière durable. Ils abordent également d’autres questions: quel rôle les PPP peuvent jouer dans le cadre d’investissements initiaux dans les infrastructures? Les PPP sont-ils en mesure de combler les insuffisances chroniques en matière d’entretien de ces infrastructures de protection?
Vos suggestions sur la possible nature de ces rôles et des différentes opportunités non-traditionnelles qui peuvent exister dans le cadre côtier seront les bienvenues dans la section « commentaires » ci-dessous. Je vous encourage également à voir cette vidéo (watch this video) afin de découvrir un bref aperçu de la vie des populations côtières ouest-africaines et des défis auxquels elles sont confrontées.
Bien que nos souvenirs de la plage soient des moments précieux et inoubliables, pour beaucoup d’habitants de l’Afrique de l’Ouest, ces souvenirs et leur relation privilégiée avec le littoral deviennent malheureusement de plus en plus difficile à créer et à entretenir. Pourtant, avec les solutions adéquates et le financement pour les accompagner, les zones côtières ouest-africaines peuvent se développer harmonieusement.
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