Afrique de l’Ouest : démanteler les obstacles aux investissements privés pour accroître la résistance du littoral

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La célébration de la Journée de la terre, cette semaine, devrait nous inciter à prendre le temps pour réfléchir à l’état de notre planète. La dégradation du littoral en Afrique de l’Ouest représente pour nous une source particulière d’inquiétude : les côtes sont littéralement avalées par l’érosion et les inondations et, avec elles, des infrastructures et des moyens de subsistance vitaux. L’ampleur des dégâts et des besoins financiers appelle à la mobilisation concertée de tous les acteurs, y compris privés.

C’était tout l’objet de la rencontre récente entre acteurs publics et privés initiée par le Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA) pour évoquer des solutions communes de lutte contre la dégradation des côtes, de renforcement de la résilience du littoral au changement climatique et d’amélioration des moyens de subsistance des populations côtières. Les partenariats public-privé ont fait partie des moyens concrets identifiés pour avancer.

Un tiers environ des habitants de l’Afrique de l’Ouest vivent sur le littoral, les zones côtières assurant 56 % du PIB de la région. La croissance économique, démographique et urbaine entraîne la construction de nombreuses infrastructures sur la côte atlantique, qui s’accompagne de problèmes de gestion des terres et des déchets, avec d’éventuels effets négatifs : entraves aux projets touristiques, contamination des poissons, épuisement des stocks, disparition de terres et d’infrastructures, pollution marine et des eaux souterraines et, parfois, pertes en vies humaines.

Selon une nouvelle étude de la Banque mondiale, la dégradation des zones côtières coûterait au total 3,8 milliards de dollars par an au Bénin, à la Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo, soit l’équivalent de 5,3 % en 2017.

Bien que le secteur privé ne soit pas considéré comme un partenaire financier traditionnel de la gestion intégrée des zones côtières, son empreinte géographique y est considérable, du fait des infrastructures édifiées. Ses activités ont donc souvent un impact négatif sur ces écosystèmes mais sont, dans le même temps, exposées aux aléas naturels, comme l’érosion, les inondations et le changement climatique.

Le dialogue secteur public-secteur privé, financé par le NDC Support Facility, le Fonds nordique de développement (NDF) et la Facilité mondiale pour la prévention des risques de catastrophes et le relèvement, a été organisé par le Projet d’investissement dans la résilience mené dans le cadre du WACA et doté de 222 millions de dollars.

Cette initiative est pilotée par les gouvernements ouest-africains et financée par la Banque mondiale, le NDF, le Fonds pour l’environnement mondial et d’autres partenaires dans le but de protéger le littoral de l’Afrique de l’Ouest et de renforcer la résilience des communautés côtières. Au-delà de ce premier projet d’investissement régional, le WACA a développé une plateforme pour lever jusqu’à 2 milliards de dollars auprès de partenaires techniques et financiers. 
 

                            

La rencontre organisée en Côte d’Ivoire a été l’occasion d’inviter des acteurs publics et privés à discuter de l’état actuel du littoral ouest-africain et d’identifier les principaux obstacles à l’implication du secteur privé dans la gestion durable des zones côtières.

Les participants se sont penchés sur des solutions permettant de démanteler ces barrières et de laisser le secteur privé jouer un rôle plus important dans le renforcement de la résilience du littoral en Afrique de l’Ouest. Ce rôle et la contribution accrue du secteur privé aux activités et initiatives en lien avec la gestion intégrée des zones rurales ne se limiteront pas au financement pour couvrir aussi des actions de sensibilisation, d’éducation et de renforcement des communautés.

La rencontre a d’ores et déjà permis de créer un groupe consultatif du secteur privé, qui réunit des PDG et d’autres professionnels dans les secteurs du tourisme, des ports, de l’extraction minière, de l’industrie du gaz et du pétrole, de la pêche, de l’agro-industrie et du transport.

Ce groupe constituera un espace dédié pour poursuivre les discussions sur le rôle de ces acteurs dans la gestion intégrée du littoral mais également pour explorer, avec le WACA et d’autres partenaires techniques, les types de mécanismes de marché et autres susceptibles de faciliter le financement par le secteur privé d’infrastructures de protection du littoral et des activités de renforcement de la résilience côtière.

Les échanges ont ainsi confirmé la nécessité de conclure de nouveaux partenariats public-privé et de proposer des incitations fiscales et économiques aux entreprises qui respectent les grandes réglementations ou souhaitent protéger le littoral en s’appuyant sur les conclusions d’études techniques et de faisabilité rigoureuses et d’évaluations de l’impact environnemental et social indiscutables.

Cette première rencontre avec le secteur privé en appui au WACA a également mis à l’honneur les ports et les opérateurs portuaires en Afrique de l’Ouest conscients de la nécessité de créer un groupe de travail dans leur filière pour étudier les impacts négatifs de leur activité sur le milieu marin et côtier et prêts à s’engager en faveur de pratiques plus durables. Le groupe planche déjà sur une charte pour des ports durables.

Pour les partenaires publics et privés, le prochain enjeu consistera à poursuivre ce dialogue, y associer de nouveaux acteurs et commencer à définir des mécanismes de marché et autres pour assurer l’acheminement de fonds privés en appui à la gestion intégrée des zones côtières. Il n’y a pas de temps à perdre : la survie du littoral et des moyens de subsistance des habitants des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest en dépend.

Pour en savoir plus sur le programme WACA et découvrir les témoignages de celles et ceux dont les espaces de vie et de travail sont peu à peu grignotés,vous pouvez consulter les liens suivants. 


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Auteurs

Elikia Abraham

Private Sector Specialist, Environment and Natural Resources Global Practice

Melissa Landesz

Senior Natural Resources Management Specialist, Environment and Natural Resources Global Practice

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