Des opportunités économiques évaluées à 6 400 milliards de dollars dans les technologies climatiques propres

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Renforcer la compétitivité, la résilience au changement climatique et les industries innovantes, améliorer l'accès à l'eau potable et à une énergie abordable, le tout en créant des emplois verts au niveau local… Ce n'est pas tous les jours que les pays en développement peuvent bénéficier de toutes ces retombées à partir d’un seul et même gisement d'opportunités !

Ce filon est celui des technologies climatiques propres, comme le montre un nouveau rapport élaboré par infoDev/Banque mondiale et intitulé Développer des industries vertes compétitives. Cette étude a consisté à évaluer les marchés potentiels pour 15 secteurs émergents dans le domaine des technologies propres dans les pays en développement. Globalement, les investissements dans ces secteurs devraient atteindre 6 400 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie (2014-2023). Et, autre élément encore plus prometteur, sur cette somme globale, 1 600 milliards de dollars représentent des opportunités commerciales pour les petites et moyennes entreprises (PME), lesquelles constituent de puissants moteurs pour créer des emplois de qualité et renforcer la compétitivité dans les secteurs technologiques.
 

Ces données encourageantes peuvent sembler être en contradiction avec l'image que renvoient souvent les médias. Or, tandis que l'attention médiatique s'est concentrée sur le récent effondrement de la « révolution verte » dans les pays développés, l'augmentation des investissements dans les technologies propres qu'on constate dans les pays en développement laisse entrevoir une toute autre réalité. Les données collectées dans le cadre de l'étude montrent que ces investissements ont augmenté de 19 % en 2012 et prévoient qu'ils connaîtront une croissance soutenue au cours de la décennie à venir.

Mais quelles sont exactement les technologies qui tirent cette tendance ? Si on pense immédiatement  aux énergies renouvelables, telles que le solaire, l'éolien et la géothermie, les technologies propres — à savoir les solutions respectueuses de l'environnement et du climat — couvrent plusieurs autres secteurs, et notamment celui des transports, où l’essor des voitures et vélos électriques et des réseaux express par autobus peut permettre d'accroître la mobilité sans augmenter les émissions.

L'agriculture constitue un autre secteur de premier plan, avec de plus en plus de pays qui s’efforcent d’accroître leur résilience au changement climatique en développant par exemple des systèmes d'irrigation à haut rendement et des cultures résistantes aux chocs climatiques. Concernant l'adaptation au changement climatique, justement, les technologies de traitement des eaux usées et de gestion et de purification de l'eau offrent de formidables opportunités commerciales tout en permettant d'exploiter au mieux des ressources en eau toujours plus rares.

Les données montrent donc un immense potentiel pour les technologies propres, mais comment le secteur privé en tire-t-il parti ? Des enquêtes réalisées en Inde et au Kenya montrent que les entreprises des pays en développement s'efforcent déjà de se faire une place dans les filières mondiales en tant que fournisseurs, distributeurs et prestataires de services. Aspect encore plus prometteur, une grande part de ces sociétés, qui se spécialisaient traditionnellement dans des activités ayant de faibles barrières à l'entrée, telles que l'installation et la maintenance, se tournent actuellement vers des activités plus complexes mais à plus forte valeur ajoutée, comme la conception et la fabrication.

Et c’est là que réside le problème. Les entreprises qui opèrent dans les technologies propres ont des investissements initiaux plus élevés, des délais de recouvrement plus longs et une plus grande dépendance vis-à-vis des politiques publiques que les autres secteurs technologiques. En particulier, les PME font face à des obstacles importants pour entrer sur les marchés, malgré le rôle essentiel qu'elles jouent dans le développement de technologies et de modèles économiques adaptés aux conditions locales. Les pays qui cherchent à renforcer leur compétitivité dans les technologies propres ont besoin de modèles capables de les aider à relever les défis spécifiques à ces secteurs. Un certain nombre de ces modèles sont d'ailleurs mis en évidence dans le rapport.
 
Alors que peut-on faire pour soutenir la compétitivité de ces industries locales ? Le rapport propose un certain nombre de suggestions destinées aux différentes parties prenantes dans cinq domaines : entrepreneuriat et accélération du développement des entreprises, financement de l'innovation, développement des marchés, développement des technologies, et cadre juridique et réglementaire.

Dans la droite ligne de ces directives, le programme de technologies climatiques d'infoDev (a) apporte un soutien aux PME actives dans les technologies propres par des initiatives ciblées qui aident les entrepreneurs au démarrage et aux premiers stades de croissance de leur activité. Ces initiatives incluent divers instruments de financement initial, des activités de mentorat et d'appui consultatif destinées aux chefs d'entreprise, une assistance au développement de nouvelles technologies, et des plateformes de concertation sur les politiques à mener. Ce soutien est assuré par le biais de centres d'innovation climatique (CIC) implantés au niveau local. Des CIC sont prévus dans huit pays, chacun ayant pour but de créer un vivier d'entreprises locales susceptible d'attirer les investissements et les ressources supplémentaires indispensables pour appuyer la croissance du secteur dans son ensemble.

En conclusion, sachant que l’« aubaine » des technologies propres se chiffre à 6 400 milliards de dollars, les pays qui sauront apporter un soutien efficace à leurs industries vertes peuvent s'attendre à engranger d'importants bénéfices sur le plan économique et environnemental, tout en augmentant leurs rendements agricoles et en améliorant l'accès à l'énergie et à l'eau potable. Où l’on voit que bien souvent les bonnes actions environnementales relèvent aussi de l’évidence économique…
 

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Réseau mondial des centres d'innovation climatique (CIC) d'infoDev

Auteurs

Michael Ehst

Spécialiste de l’incubation d’entreprise pour infoDev

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