Lorsque les accidents de la route mettent en péril des vies humaines et la croissance, il devient urgent d'agir

ImageNovembre a été un mois agité pour le secteur des transports.

Que ce soit à Buenos Aires, à Abu Dhabi, lors du récent Congrès mondial de la Fédération internationale des routes (IRF) à Riyad ou encore à l'occasion de la Conférence de Varsovie sur le changement climatique, la Banque mondiale a apporté sa contribution à des discussions de premier plan sur les meilleurs moyens de réaliser pleinement le potentiel de transformation que recèle le secteur des transports.

Aujourd'hui, il est indéniable que le secteur des transports a un rôle essentiel à jouer pour atteindre le double objectif consistant à mettre fin à l'extrême pauvreté et à doper la croissance des revenus des 40 % les plus pauvres dans chaque pays. De la voix même des principaux intéressés — telle qu’a été relayée par La parole est aux pauvres, une étude rassemblant les opinions de plus de 60 000 personnes originaires de 60 pays —, l’importance des transports est manifeste : les pauvres réclament tous des routes.

Cela n'est, bien entendu, pas surprenant. Les transports constituent un important moteur de développement. Et la mobilité est une condition préalable à la croissance économique, qu’il s’agisse de la mobilité des personnes qui leur permet d'accéder à l'emploi, à l'éducation et aux services de santé, ou de la mobilité des biens, indispensable au dynamisme des économies.
Mais pour pouvoir réaliser pleinement le potentiel de ce secteur, il est essentiel de rendre tous les moyens de transport (terrestres, aériens et maritimes) plus écologiques, plus abordables et plus sûrs.

La sécurité, en particulier, est un problème majeur dans de nombreux pays en développement. L’essor des routes est à double tranchant : à mesure que le taux de motorisation augmente, on constate souvent une hausse effroyable des accidents de la circulation. Mais ce corollaire n'est pas une fatalité.
 
Ainsi, alors que nous célébrons la Journée mondiale du souvenir des victimes de la route le 17 novembre, il est important de comprendre comment la Banque mondiale et d'autres partenaires s’emploient à relever les défis que pose la sécurité routière.

Commençons en premier lieu par nous pencher sur quelques faits. À l'échelle mondiale, 1,3 million de personnes meurent chaque année dans des accidents de la route. Ce chiffre dépasse le nombre de décès dus aux conflits armés, à la tuberculose ou au paludisme.

Parmi ces accidents mortels, près de 90 % ont lieu dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Dans bon nombre de ces pays, la mortalité routière est la première cause de mortalité chez les jeunes (15-29 ans). Sur le long terme, la disparition tragique de ces jeunes se traduit par des pertes de productivité majeures et ampute le PIB de ces pays de 3 à 5 % en moyenne.

En second lieu, il est clairement nécessaire d'agir de toute urgence. La sécurité routière constitue un défi dans toutes les régions du monde, mais les pays arabes, notamment, enregistrent certains des pires bilans dans ce domaine, et leurs autorités nous disent qu'elles sont très préoccupées par l'augmentation de la pauvreté qui en résulte ainsi que par les effets négatifs que cela a sur la croissance.

L'incidence des accidents de la route dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) augmente à un rythme inquiétant et constitue désormais la première cause de mortalité parmi les jeunes adultes, selon des rapports récents sur la santé publique. Si l’on considère des indicateurs socioéconomiques tels que les taux de mortalité routière, les années de vie en bonne santé perdues à cause des accidents et les points de PIB perdus, les pays de la région MENA se classent aujourd'hui parmi les moins performants au monde.

À l'échelle mondiale, l'Iran, la Libye, Oman et l'Arabie saoudite figurent parmi les dix pays ayant les taux de mortalité routière les plus élevés. Les accidents de la route coûtent à l'Arabie saoudite et à Oman respectivement jusqu'à 6 et 7 % de leur PIB. 

Dans la région MENA, les traumatismes dus aux accidents de la route constituent le facteur socioéconomique le plus lourd pour les 5-14 ans et les 15-29 ans. L'insécurité routière y est devenue une véritable menace générationnelle.
 
Enfin, en troisième lieu, il est évident que les pays peuvent faire des progrès. L'adoption récente d'une stratégie nationale de sécurité routière par l'Arabie saoudite marque clairement sa volonté de lutter contre ce fléau. Oman tente également de lutter contre ce problème par le biais d'une stratégie à plusieurs axes qui se concentre sur l'éducation, la prévention et un certain nombre d'autres interventions.
 
Image
Veillée en mémoire des victimes de la route à Athènes
 
Le Fonds mondial pour la sécurité routière (GRSF) de la Banque mondiale développe des solutions exhaustives pour relever les différents défis liés à la sécurité routière. De plus, il a démontré l'importance de travailler avec de multiples parties prenantes publiques et privées pour stabiliser ou réduire le nombre d'accidents de la route dans le monde.

Pour mieux comprendre les impacts transversaux des accidents de la route en termes de croissance économique et de réduction de la pauvreté, le Fonds mondial pour la sécurité routière vient de terminer une analyse intitulée  Road Traffic Injuries: a Public Health Crisis in the Middle East and North Africa ( Accidents de la route : une crise de santé publique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord).

Conduite en partenariat avec l'équipe régionale en charge des transports, cette analyse examine les raisons pour lesquelles, par rapport à d'autres pays à revenu élevé ou intermédiaire, la hausse du niveau de richesse des pays de la région MENA au cours des dernières décennies n'a pas eu de retombées positives en matière de sécurité routière. 

Les principales conclusions confirment que, à elles seules, les avancées économiques n'apportent pas systématiquement une amélioration de la sécurité routière, mais que des changements porteurs de transformation dans la gestion du système routier ainsi que l'implication de multiples parties prenantes dans la lutte contre ce fléau sont essentiels pour parvenir à stabiliser ou réduire le nombre de morts et de blessés dus aux accidents de la route.

L'analyse présente également un cadre pour mener immédiatement les interventions indispensables dans la région MENA, et définit le rôle que les organismes de développement peuvent jouer pour appuyer des politiques ciblées, garantir des flux de financement durables, et renforcer les capacités des pays concernés à améliorer leurs politiques et programmes de sécurité routière.

Dans le cadre de la Décennie d'action pour la sécurité routière lancée par les Nations Unies en 2010, la Banque mondiale fait son maximum pour que l'objectif consistant à diviser par deux le nombre de morts et de blessés sur les routes des pays en développement soit atteint.
 
Dans la région MENA, cela revient à sauver 380 000 vies au cours de cette décennie et à prévenir environ 3,8 millions de traumatismes graves. Les enjeux sont tels qu'il n'est plus possible de rester sans agir.
 
C'est un message que tous les pays doivent garder à l'esprit à l'occasion de la Journée mondiale du souvenir des victimes de la route.

Photo: Tristan Schmurr / Fédération Européenne des Victimes de la Route

Auteurs

Jose Luis Irigoyen

Senior Director, Transport and ICT Global Practice

Prenez part au débat

Le contenu de ce champ est confidentiel et ne sera pas visible sur le site
Nombre de caractères restants: 1000