Publié sur Opinions

9 graphiques pour comprendre la hausse des prix des produits de base

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Les cours des produits de base sont repartis à la hausse début 2018, attisés par l’accélération de la croissance mondiale, qui a dopé la demande pour la plupart des matières premières industrielles, et par des contraintes du côté de l’offre touchant d’autres produits.

Graphique 1 : D’une manière générale, les prix des produits de base devraient augmenter
L’indice des prix de l’énergie devrait bondir de 20 % en 2018, une évolution liée pour l’essentiel au redressement des cours de pétrole , soit une révision à la hausse de 16 points de pourcentage par rapport à octobre 2017. La reprise de la demande devrait pousser les prix des métaux vers le haut, de 9 %, tandis que les prix agricoles devraient gagner plus de 2 %.

Évolution des prix des produits de base : prévisions pour 2018 (en pourcentage par rapport à 2017)



Graphique 2 : Les cours sont sur une trajectoire haussière
La plupart des cours des produits de base se sont sensiblement redressés début 2018. Dopés par le pétrole et le gaz naturel, les prix de l’énergie ont flambé. En avril 2018, l’indice des prix de l’énergie de la Banque mondiale est deux fois plus élevé qu’au premier trimestre de 2016.  Les cours des métaux ont progressé de 4 % sur fond de redressement de la demande mondiale, de contraintes du côté de l’offre et de tensions commerciales, de sorte que l’indice est actuellement supérieur de 50 % à son niveau du premier trimestre de 2016. Au premier trimestre de 2018, la plus forte hausse trimestrielle enregistrée depuis deux ans concerne les produits agricoles, les prix étant attisés par une réduction des surfaces plantées en Amérique du Nord et des perturbations de l’offre en Amérique latine liées à de mauvaises conditions météorologiques. L’indice des prix agricoles est supérieur de 10 % à son niveau du premier trimestre de 2016.

Indices des prix des produits de base depuis janvier 2011​



Graphique 3 : Les tensions géopolitiques dopent les cours de pétrole
Les cours du pétrole se redressent depuis le début du mois d’avril sur fond de préoccupations géopolitiques accrues. En confirmant leur intention de se retirer de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, le 8 mai dernier, les États-Unis ont provoqué une nouvelle hausse des prix du pétrole. Le 17 mai, le baril de Brent atteignait 80 dollars.

Évolution des cours du pétrole depuis le début de l’année 2018​



Graphique 4 : Les producteurs de pétrole respectent leurs accords
La réduction de la production dans les pays producteurs de pétrole membres de l’OPEP et certains pays non membres, initiée dès janvier 2017, explique cette évolution des cours. Globalement, les pays producteurs ont respecté les accords de production et la réduction de la production a dépassé les plafonds fixés. Lors de leur prochaine réunion, en juin, les producteurs de pétrole membres et non membres de l’OPEP devraient discuter d’un relèvement ou d’une modification des limites de production. Soucieuse de financer un ambitieux programme politique, l’Arabie saoudite serait favorable à un prix cible de 80 dollars le baril. Mais l’impact de ces réductions de production sur les cours a été globalement compensé par la hausse de la production dans d’autres pays, en particulier aux États-Unis.

Respect des accords de production par les pays membres et non membres de l’OPEP

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Graphique 5 : La production de pétrole fait son retour en force aux États-Unis
Grâce à la hausse des prix et des gains de productivité, la production d’huile de schiste a fortement rebondi aux États-Unis pour atteindre un record en avril, à 10,3 millions de barils par jour. Les États-Unis deviennent ainsi le deuxième producteur du monde, derrière la Russie.

La production de pétrole aux États-Unis atteint un niveau record


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Graphique 6 : Des problèmes de transport freinent la production de pétrole aux États-Unis
La récente hausse de la production d’huile de schiste aux États-Unis concerne le bassin Permien, dans l’ouest du Texas. Mais les contraintes de capacités sont toujours plus criantes, obérant toute nouvelle hausse de la production. L’inadéquation des systèmes de transport renchérit considérablement l’acheminement du pétrole vers Cushing, le principal pôle pétrolier des États-Unis, provoquant par ricochet une forte baisse du pétrole de Midland dans l’indice WTI, qui a atteint 10 dollars le baril début mai. Les nouveaux oléoducs censés améliorer la situation ne devraient pas être opérationnels avant le deuxième semestre de 2019.

L’écart de prix entre Midland et Cushing reflète l’impact des problèmes de capacités​



Graphique 7 : La production de pétrole en Iran et au Venezuela risque de baisser
La crise politique au Venezuela et le rétablissement de sanctions à l’encontre de l’Iran font partie des deux grandes menaces pesant sur les cours mondiaux du pétrole. En avril, la production vénézuélienne a atteint un niveau plancher historiquement bas, à 1,4 million de barils par jour, soit moitié moins qu’en avril 2017. L’Agence internationale de l’énergie anticipe une poursuite de ce repli de plusieurs milliers de barils par jour en 2018. Le rétablissement des sanctions américaines contre l’Iran explique l’essentiel la hausse des cours depuis avril. Ce pays risque de perdre une partie, voire la totalité, des 1 million de barils par jour qu’il écoulait sur les marchés mondiaux en 2016.

L’approvisionnement mondial pourrait pâtir des niveaux de production en Iran et au Venezuela​



Graphique 8 : Les sanctions font flamber les cours de l’aluminium et du nickel
Après plusieurs mois de stabilité relative, les prix de l’aluminium ont bondi en avril, à la suite des sanctions imposées par les États-Unis à Rusal, le deuxième producteur mondial. Le risque de voir ces sanctions étendues à Norilsk, le producteur russe de nickel qui assure 9 % de la fourniture mondiale, pèse également sur les cours. L’annonce de sanctions moins dures que prévu a quelque peu relâché la tension depuis.

Cours de l’aluminium et du nickel


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Graphique 9 : L’offre de céréales se contracte
Les ratios stocks-utilisation (une mesure de l’offre par rapport à la demande) de deux des trois principales céréales, qui étaient en hausse depuis plusieurs années, sont désormais sur une tendance inverse. Le durcissement des conditions de l’offre, lié à une réduction des surfaces plantées en Amérique du Nord (consécutive au fléchissement durable des cours) et à de mauvaises conditions météorologiques en Amérique du Sud, explique cette évolution.

Céréales : des ratios stocks-utilisation en baisse​
 

Auteurs

John Baffes

Économiste senior spécialiste de l'agriculture, Groupe d’étude des perspectives de développement, Banque mondiale

Xinghao Gong

Xinghao (Charlotte) Gong

Peter Nagle

Économiste, Groupe des perspectives de développement

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