Le changement climatique provoqué par les émissions de gaz à effet de serre (GES) imputables aux activités humaines est une menace majeure pour les populations et le développement. Les enjeux de la pauvreté, du développement et du changement climatique doivent être traités ensemble, car ils sont étroitement imbriqués, à l’image des interdépendances qui lient population, planète et économie. L'action climatique est un bien public mondial essentiel, qui requiert de nouveaux financements importants de la part de la communauté internationale et des mécanismes à même de favoriser les flux de capitaux. Des mesures d'atténuation sont nécessaires pour réduire les émissions de GES dans l'atmosphère dont nous dépendons tous. En même temps, il est indispensable de redoubler d'efforts sur le front de l’adaptation pour combattre la progression de la faim, des migrations, des conflits et du protectionnisme commercial engendrée par le changement climatique.
Face à la nécessité d'accroître à court terme l’approvisionnement et l'accès à l'électricité, il faudra réaliser d'importants investissements à l'échelle mondiale dans la production et les réseaux de transport et de distribution, tout en investissant dans les technologies et les innovations nécessaires à des modes de production à moindre intensité de carbone pour l'électricité, l'acier, le ciment et les produits manufacturés. Les marchés sont de plus en plus demandeurs de produits plus écologiques et sobres en carbone, et les processus mondiaux de transition offrent aux pays, tous niveaux de revenus confondus, d'importantes opportunités de croissance et d'exportation dans les chaînes de valeur vertes.
Par sa capacité à mobiliser le secteur privé et à financer des biens publics mondiaux, le Groupe de la Banque mondiale est un pivot mondial essentiel de l'action contre le changement climatique qui entre pleinement dans sa mission de mettre fin à la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. De fait, nous sommes la première source de financement pour l'action climatique dans les pays en développement (31,7 milliards de dollars sur l'exercice 2022), nous déployons les capitaux apportés par la communauté mondiale (secteur public et privé) par l'intermédiaire de fonds fiduciaires tels que les Fonds d'investissement climatiques, et nous développons l'un des plus grands corpus de connaissances et d'expertise sur le climat. Nous nous attachons également à soutenir des réformes stratégiques et sectorielles, à renforcer les capacités institutionnelles et à améliorer le climat d’investissement afin d'ouvrir des perspectives au secteur privé, avec à la clé un environnement propice aux flux de capitaux privés.
Le cœur de notre travail consiste à traduire les connaissances, l'expertise et les engagements en impact dans les pays en développement. Nous concevons, mettons en œuvre et contrôlons les projets d'adaptation et de réduction des émissions de GES dont le monde a besoin pour une action climatique efficace dans les pays en développement. Cela exige des diagnostics solides, un recensement précis des programmes et projets ayant un impact positif, l'amélioration des politiques publiques et des systèmes d'incitation, ainsi que la coordination de multiples donateurs et sources de financement, autant d'éléments clés de notre mission.
En 2022, nous avons lancé avec succès un nouvel outil de diagnostic de fond, les rapports nationaux sur le climat et le développement (ou CCDR selon leur acronyme en anglais). Nous avons déjà publié plus de 20 rapports, couvrant plus d'un tiers de la population mondiale et des émissions de GES. Les CCDR font évoluer les choses : il ne s'agit plus de débattre de conséquences lointaines, mais de formuler des recommandations d'actions immédiates et réalisables pour les décideurs d'aujourd'hui. Ils aideront les pays, les régions et la communauté mondiale à prioriser les mesures les plus efficaces pour réduire les émissions de GES et d’accélérer l'adaptation, et à réaliser dans le même temps des objectifs de développement plus larges.
Il ressort de ces premiers rapports que l'atténuation du changement climatique et l'adaptation exigeront un effort mondial. Les pays à revenu élevé doivent montrer la voie de la transition bas carbone pour plusieurs raisons : ils portent une responsabilité historique plus lourde dans les émissions mondiales, ont des niveaux d'émissions plus élevés par habitant, disposent de plus de capacités pour développer de nouvelles solutions et technologies, et ils possèdent des ressources plus conséquentes. Mais, pour parvenir à atteindre les objectifs de l'accord de Paris, les gros émetteurs d’aujourd’hui et de demain dans le monde en développement ont également un rôle clé à jouer. Quant à l'adaptation aux effets du changement climatique, presque tous les pays devront intensifier leurs efforts.
Plus de 35 % de nos financements directs sur l’exercice 2022 ont été alloués à l’action climatique. À l'occasion de la COP27, nous présenterons SCALE, un nouveau fonds fiduciaire-cadre pour des financements climatiques axés sur les résultats. SCALE permettra d'accorder des dons pour des réductions d’émissions vérifiables, avec l’objectif d'élargir les sources de financement de ces activités, notamment auprès du secteur privé et d'acteurs philanthropiques. Il aidera les pays à faire la preuve de leur capacité à mener de tels projets et à lever des fonds privés sur les marchés internationaux du carbone. Cette initiative s'inscrit pleinement dans le cadre de nos objectifs qui visent à fournir des moyens efficaces de mise en commun des financements de la communauté mondiale pour des projets à fort impact et généralisables.
Nous avons publié de nouveaux travaux de recherche importants sur le financement de la transition énergétique, le méthane, les solutions naturelles d'adaptation et le capital humain. Ces travaux s'appuient sur notre Plan d'action sur le changement climatique et approfondissent des sujets majeurs. Ils montrent notamment comment relever le double défi consistant à fournir un accès fiable et abordable à l'électricité dans les pays en développement tout en réduisant les émissions mondiales de GES, ainsi que les options possibles pour financer une transition énergétique réussie à l'échelle mondiale. Nos publications mettent en lumière des interventions économiquement rentables pour limiter les émissions de méthane dans les secteurs clés de l'agriculture et de l'alimentation, de l'énergie, de l'assainissement et des déchets, témoignant de notre volonté renforcée de donner un coup d'accélérateur aux efforts d'atténuation. Elles décrivent la manière dont des solutions fondées sur la nature peuvent permettre d’intégrer développement, climat et environnement, et comment la combinaison stratégique d'infrastructures « vertes » et « grises » peut maximiser leurs avantages. Enfin, nos recherches soulignent que les pays devront investir dans le capital humain et promouvoir l'égalité hommes-femmes afin de doter leur population des compétences nécessaires pour répondre aux exigences de l'économie verte et assurer une transition juste pour tous.
Les objectifs en matière de climat et de développement peuvent être atteints simultanément grâce à des réformes politiques bien hiérarchisées et ordonnées et à des projets ayant un impact réel, à des institutions compétentes, à la réaffectation de ressources publiques limitées, à une mobilisation accrue des capitaux privés et à un soutien financier important de la communauté internationale. Il s'agira d'un effort véritablement planétaire, et le Groupe de la Banque mondiale est prêt à faire sa part du travail.
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