Alors que les systèmes de santé des pays d’Afrique se retrouvent sous pression face aux nouvelles vagues de la COVID-19, l’accélération des campagnes de vaccination devient plus impérieuse que jamais . Seul un accès équitable et rapide aux vaccins permettra d’assurer le redressement économique de l’Afrique et de sauver des vies.
La Banque mondiale est certes en ordre de bataille, avec 30 opérations déjà en cours en soutien à l’achat et au déploiement des vaccins en Afrique, pour une enveloppe totale de 2,7 milliards de dollars, et 11 autres interventions en préparation — mais nous sommes encore loin du compte.
C’est la raison pour laquelle nous saluons le partenariat avec l’Équipe spéciale pour l’acquisition de vaccins en Afrique (AVATT) de l’UA — une initiative de la Commission de l’UA, des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies, de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), des envoyés spéciaux de l’UA pour la COVID-19 et de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) — qui offre à tous les acteurs concernés la possibilité de discuter, en mode virtuel, des obstacles à l’accès aux vaccins.
En collaboration avec la Banque mondiale, l’AVATT a tenu la semaine dernière sa deuxième réunion de coordination, avec 35 ministres africains des Finances et de la Santé, dans le but d’identifier la multitude de défis, sur le plan de l’acquisition comme du déploiement des vaccins, auxquels les pays du continent sont confrontés pour immuniser leur population, mais également de convenir ensemble de solutions pratiques.
Ces échanges font partie d’une campagne intense menée avec nos partenaires pour mettre en place des modalités de financement qui permettront de vacciner plus de 400 millions de personnes. Dans ce contexte, chaque institution régionale et multilatérale a un rôle clé à jouer.
Le recours à une approche régionale pour l’acquisition de vaccins présente des avantages considérables pour les pays : en plus d’associer tout le monde, elle permet d’optimiser les ressources et est plus efficace qu’une approche individuelle, où chaque pays entame des négociations bilatérales avec les fournisseurs.
Les progrès sont déjà visibles. Cette semaine, grâce au soutien du partenariat Banque mondiale/AVATT, un groupe pharmaceutique sud-africain a effectué les premières expéditions mensuelles de vaccins contre la COVID-19 vers les pays de la région.
Nous nous employons également à aider les pays à organiser l’administration des vaccins et à lever certains freins au déploiement observés au cours des premières phases de leurs programmes de vaccination. Nous nous attachons en priorité aux aspects suivants : i) la gestion logistique de plusieurs types de vaccins, y compris l’analyse des données, le suivi des stocks et la gestion des déchets ; ii) les systèmes de communication et d’information pour l’enregistrement et le suivi des patients et la surveillance des effets indésirables après la vaccination ; et iii) l’amélioration des modèles de prestation des services et la formation des ressources humaines pour faire en sorte que les vaccins soient distribués équitablement à tous les habitants, jusqu’au dernier kilomètre.
Face à la réticence, bien réelle, à se faire vacciner, nous avons intégré dans nos projets un appui à des programmes de mobilisation sur mesure qui s’efforcent, grâce à une utilisation innovante des médias sociaux, de convaincre les hésitants. En Côte d’Ivoire par exemple, le nombre de vaccinations — faible en début de campagne, en mars — est passé en quelques semaines de 2 000 à 20 000 personnes par jour, la demande grandissant avec la confiance. La Sierra Leone, le Malawi, le Rwanda et le Ghana ont eux aussi pu administrer rapidement les doses reçues.
En plus de cette coordination avec l’AVATT, la Banque mondiale a annoncé la semaine dernière un nouvel accord avec le mécanisme COVAX pour accélérer l’approvisionnement en vaccins contre la COVID-19 dans le monde grâce à un nouveau mécanisme de financement qui s’appuie sur le dispositif de partage des coûts mis au point dans le cadre du système de garantie de marché (AMC) coordonné par GAVI.
Ce faisant, les pays participant à l’AMC pourront acheter des doses supplémentaires en plus de celles entièrement subventionnées par les donateurs qu’ils reçoivent déjà. Fort des financements apportés par la Banque mondiale, le COVAX peut désormais acquérir à l’avance des vaccins auprès des fabricants en fonction de la demande globale. Les pays en développement participants auront ainsi plus de visibilité sur les vaccins et les quantités disponibles ainsi que sur les délais de livraison, ce qui leur permettra de s’assurer plus tôt la fourniture de doses et donc d’élaborer et mettre en œuvre des plans de vaccination plus efficaces.
Avec cette évolution, les financements de la Banque mondiale contribuent donc à l’achat et au déploiement de doses obtenues dans le cadre de l’AVATT et du COVAX.
Au-delà de la coordination, la transparence sera cruciale pour accélérer les efforts de vaccination. Une clarté accrue autour de ce marché évolutif, des volumes de production prévus, des calendriers de livraison et des options de préachat est absolument essentielle. C’est pourquoi l’Équipe spéciale chargée des vaccins, traitements et outils de diagnostic relatifs à la COVID-19 dans les pays en développement, constituée par le Groupe de la Banque mondiale avec le Fonds monétaire international, l’Organisation mondiale de la santé et l’Organisation mondiale du commerce, a lancé un nouveau site web (a) pour le suivi de la situation. Composé d’une base de données mondiale et de tableaux de bord nationaux, ce site permettra dans un premier temps de mettre au jour les lacunes en matière de vaccins, afin d’attirer l’attention de la communauté internationale et d’inciter à l’action.
L’accès aux vaccins dans le monde est impossible sans une mobilisation collective et transparente. Ce n’est qu’en collaborant étroitement avec nos partenaires et en partageant le même sentiment d’urgence que nous parviendrons à réaliser les objectifs de vaccination pour l’Afrique.
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