Publié sur Opinions

L’appel à l’aide des pays touchés par Ebola lors des Assemblées annuelles

Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international, Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale, et Alpha Condé, président de la Guinée, lors de la réunion de haut niveau. © Simone D. McCourtie/Banque mondiale

Les dirigeants des trois pays d'Afrique de l'Ouest les plus touchés par la crise Ebola ont lancé un appel à l’aide lors d’une réunion de haut niveau qui s’est tenue jeudi à la veille des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du FMI.

« Nos concitoyens sont en train de mourir », a déclaré Ernest Bai Koroma. Le président de la Sierra Leone, qui s’exprimait par visioconférence, a souligné que cette crise touchait tous les aspects de la vie quotidienne et tous les secteurs économiques. Il a aussi rappelé que, depuis l’apparition de l’épidémie en Sierra Leone au mois d’avril dernier, 2 500 personnes ont été infectées et seules 530 ont survécu.

« Cette réunion est d’une importance capitale pour nous… Sans votre aide nous n’y arriverons pas », a-t-il plaidé.



Plus de 8 000 personnes ont été contaminées par le virus Ebola en Afrique de l’Ouest, et 3 879 en sont mortes. Alors que l’épidémie poursuit sa progression rapide en Guinée, au Libéria (a) et en Sierra Leone (a), elle a sévèrement fragilisé les systèmes de santé de ces pays, avec des conséquences qui sapent un processus de développement économique et social durement acquis, comme l’a notamment expliqué Ellen Johnson Sirleaf.

La présidente du Libéria a évoqué les « progrès indéniables » que son pays avait accompli en matière de développement, d’investissement, d’infrastructures, d’émancipation des femmes, de lutte contre le paludisme et de mortalité infantile, avant d’être frappé par le virus Ebola au mois de mars dernier.

« Notre programme de développement a été interrompu par l’arrivée du virus », a-t-elle déclaré. « Nous avons vite été dépassés par une maladie que nous maîtrisions mal, contre laquelle nous manquons de ressources humaines et face à laquelle la réponse internationale a été trop lente. »

« Face à cette menace internationale, nous avons besoin d’une réponse internationale », a souligné le président guinéen Alpha Condé.
Le Groupe de la Banque mondiale a convoqué cette réunion de haut niveau afin de se pencher sur les graves conséquences de cette crise, les besoins des pays et les solutions qui pourraient être envisagées. L’objectif était de mobiliser la communauté internationale (a) et les pays partenaires afin de mettre fin le plus rapidement possible à l’épidémie.

« Nous devons endiguer et stopper cette épidémie le plus rapidement possible, car c’est l’avenir de l’Afrique qui est en jeu », a déclaré le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim devant les ministres des Finances et autres personnalités d’une vingtaine de pays réunis aux côtés des représentants d’organisations de santé et d’aide internationales.

Le Groupe de la Banque mondiale a publié un rapport cette semaine évaluant le coût de l’épidémie à 32,6 milliards de dollars sur deux ans si elle n’est pas rapidement enrayée et si elle se propage fortement dans d’autres pays. Il a mobilisé 400 millions de dollars afin d’aider les trois pays les plus touchés à faire face à l’épidémie. Un montant de 117 millions de dollars a déjà été versé, réparti comme suit : 58 millions ont été alloués au Libéria, 34 millions à la Sierra Leone et 25 millions à la Guinée.

La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a exhorté toutes les institutions internationales et tous les donateurs bilatéraux à « se mobilier pour aider ces trois pays à lutter contre cette crise ». Le FMI a accordé une aide de 130 millions de dollars aux pays concernés et se tient prêt à en faire davantage, a-t-elle affirmé. « Le FMI ne dit pas cela pas très souvent mais, oui, il faut augmenter les déficits » au vu de la situation, a-t-elle poursuivi.

« La population d’Afrique de l’Ouest a peur. Elle a besoin de notre aide, de toute urgence. Nous sommes là pour ça », a déclaré le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon. Ce dernier, qui avait convoqué une réunion de haut-niveau avec le président américain Barack Obama et d’autres dirigeants lors de l’Assemblée générale des Nations Unies à la fin du mois de septembre dernier, a indiqué qu’« il nous faut agir vingt fois plus vite et avec vingt fois plus de moyens ».

Bruce Aylawrd, sous-directeur général du groupe des situations d’urgence à l’Organisation mondiale de la santé a affirmé qu’il fallait « définir une réponse commune de toute urgence » et proposé que la communauté internationale s’engage sur trois objectifs chiffrés : que 70 % des inhumations soient effectués dans des conditions sanitaires sûres et que 70 % des cas d’Ebola soient mis en quarantaine, et ce dans les 60 jours.

Tom Frieden, directeur de l’organisme américain de surveillance épidémiologique (CDC) a pour sa part indiqué que les trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés par le virus avaient besoin de laboratoires, de personnel médical qualifié, de systèmes de détection, d’unités d’intervention d’urgence et de moyens de lutte contre les infections. Il a précisé que cette aide devait surtout être apportée au niveau local : « C’est là que nous devons mener la bataille et c’est là que nous la gagnerons ».
 


Auteurs

Donna Barne

Rédactrice pour les sites institutionnels

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