Publié sur Opinions

Approche stratégique du développement durable

Un responsable de sous-station électrique à Kaboul, Afghanistan. (c) Graham Crouch/Banque mondiale.


Pour évaluer la gestion financière d’une institution et son potentiel de croissance, il convient d’abord de s’intéresser à ses états financiers. Les informations qu’ils contiennent sont évidemment essentielles, mais ne fournissent souvent qu’une vision partielle axée sur les performances à court terme.

Pour connaître la vraie valeur générée par une entreprise, il nous faut avoir une vision plus large. Cela impose d’aller au-delà des rapports financiers traditionnels et de consacrer du temps à comprendre comment elle gère ses ressources non-financières.

Il faut étudier différents indicateurs, comme le volume de ressources (énergie, eau et matières premières) utilisées pour qu’un produit ou un service arrive sur le marché, les coûts (ou les économies) liés aux taux de rotation de son personnel ou au manque de motivation de celui-ci, le nombre de formations professionnelles proposées ou les idées – nombreuses et originales – générées par un personnel diversifié.

Associées aux indicateurs financiers traditionnels, ces données non-financières permettent d’avoir une vision plus complète de la capacité d’une entreprise à créer de la valeur à long terme ainsi qu’une meilleure connaissance des risques liés à ses activités, de sa résilience face à l’instabilité et de ses opportunités de croissance. Présentées ensemble, ces informations permettent aux investisseurs de prendre des décisions financières plus judicieuses.

La recherche indique qu’un nombre croissant d’investisseurs intègrent des informations non-financières dans leur processus décisionnel. Pour communiquer sur cette valeur globale, les entreprises utilisent un outil appelé « rapport intégré » qui fournit une vision plus exhaustive de la manière dont elles gèrent leurs ressources financières et non-financières.

Le développement durable comme composante du sens des affaires

Selon une enquête de McKinsey de 2014, (a) 43 % des 2 900 dirigeants sondés ont déclaré que leurs entreprises intégraient la question du développement durable à l’ensemble de leurs buts, missions ou valeurs. Dans leur classement, ces dirigeants s’efforcent pour 64 % de réduire la consommation d’énergie de leurs activités, pour 63 % de réduire les déchets et pour 59 % de gérer l’image de leur entreprise au regard du critère de développement durable.

Cette tendance se vérifie chez nous, au Groupe Banque mondiale. Nos engagements en faveur du développement durable vont de la lutte contre les impacts de l’institution sur le climat, aux lieux où nous intervenons et jusqu’aux personnes que nous employons et aux financements que nous gérons.

Faits marquants du Rapport sur le développement durable (a) de la Banque mondiale de cette année :

  • Nous réduisons le gaspillage des ressources naturelles et diminuons les coûts quotidiens de nos opérations. L’an dernier, une réduction de 8 000 GJ a été obtenue en modernisant l’éclairage dans de nombreux bureaux, en installant des panneaux solaires au bureau d’Islamabad et en gérant efficacement la demande de chauffage, de ventilation et d’air conditionné dans les bureaux de Washington et de Chennai, par exemple.
  • Nous avons promu un développement à faibles émissions de carbone dans 130 de nos bureaux dans le monde. Les émissions de GES de l’exercice 2014 s’élevaient à environ 165 000 tonnes métriques de dioxyde de carbone. Nous ambitionnons de les réduire à 160 000 d’ici à 2017.
  • Nous fournissons une proposition de valeur solide aux employés en procurant au personnel une mission attractive, une opportunité d’emploi à travers le monde, une rémunération et des avantages sociaux compétitifs, et des carrières intéressantes dans un environnement diversifié et inclusif. Les presque 12 000 membres du personnel de la Banque mondiale viennent de plus de 170 pays et parlent plus de 140 langues, ce qui reflète la grande diversité de notre clientèle.

Le développement durable pour la stabilité économique

La transparence est essentielle, non seulement pour gérer notre propre institution, mais également pour stabiliser la croissance économique et promouvoir un développement durable. Les marchés sont régis par des informations et, sans données financières et non-financières évaluées et diffusées de façon appropriée, les marchés financiers ne peuvent pas fonctionner efficacement.

L’une des difficultés auxquelles nous sommes confrontés concerne l’absence d’approche normalisée de l’évaluation des ressources incorporelles, comme les ressources intellectuelles et humaines, et la compréhension de leur corrélation avec les ressources financières. À cette fin, nos partenaires de pays élaborent des politiques pour permettre et promouvoir l’évaluation et la communication d’indicateurs non-financiers parallèlement aux données financières.

Par exemple, une étude récente (pdf en anglais) a identifié 140 normes nationales promouvant la communication d’informations non-financières, dont les deux tiers incluent une obligation de communication. Le Brésil (a), l'Afrique du Sud (a), la France et le Danemark (a) (« Amis du paragraphe 47 ») ont approuvé le rapport sur le développement durable de la Conférence Rio+20. En outre, avec la Stratégie Europe 2020, la Commission a pris l’engagement de renouveler la stratégie de l’UE afin de promouvoir la responsabilité sociale des entreprises.

Le Groupe Banque mondiale a modélisé les meilleures pratiques en publiant des indicateurs non-financiers dans ses rapports sur le développement durable et en promouvant cette initiative auprès de ses clients. Nous avons confiance dans la poursuite du développement et de la promotion de nos efforts pour devenir une institution encore plus respectueuse du développement durable à long terme.  

Cet article a initialement été publié sur LinkedIn (a)


Auteurs

Bertrand Badré

Ex-directeur général et directeur financier, Groupe de la Banque mondiale

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