Qu’entend-on exactement par « capital humain » ? Le terme de « capital » renvoie aux moyens qui permettent d’être économiquement productif. Appliqué à « l’humain », ce concept rend compte des moyens intrinsèques dont dispose un individu pour atteindre pleinement son potentiel et apporter sa contribution optimale à la société. Le capital humain est l’expression du potentiel économique que recèle chaque individu, de sa créativité et de son talent.
De quelles ressources un individu a-t-il besoin pour exploiter tout son potentiel et en tirer le meilleur ? Cette question est au cœur de l’exposition artistique actuellement présentée dans la galerie du Centre d’accueil des visiteurs du Groupe de la Banque mondiale.
Pour la Banque mondiale, ce sont les connaissances et les compétences que les individus accumulent tout au long de leur vie, conjugués à leur état de santé, qui déterminent leur capacité à réaliser pleinement leur potentiel en devenant des membres productifs de la société. Mais comment faire en sorte que chaque être humain ait effectivement accès à la santé, aux connaissances et aux compétences ? Et quelles sont les conséquences quand il en est privé ? Ce sont précisément ces interrogations qu’explorent les œuvres réunies ici.
Cette exposition présente les œuvres d’une quinzaine d’artistes contemporains appartenant à la collection permanente du Groupe de la Banque mondiale. Du Cameroun au Guatemala, de la Syrie à la Jamaïque, du Myanmar à l’Afrique du Sud, et de la Grèce au Canada, ces artistes d’horizons divers interrogent le sens du capital humain.
Dans sa sculpture intitulée Las Flores del Mal, la Guatémaltèque Ines Verdugo montre la difficulté de généraliser l’accès à la santé. Sept biberons en verre remplis de mites, de saletés, de lait pourri, de moisissures, de balles, de poussière de gomme et de graines de moutarde. En mettant des armes et des polluants dans des biberons qui servent normalement à alimenter les jeunes enfants, l’artiste montre à quoi est nourrie la future génération dans son pays.
Ines Verdugo interpelle le spectateur : est-ce ainsi que l’on donnera à nos enfants ce dont ils ont besoin pour grandir et atteindre tout leur potentiel ? Non, bien sûr, cette « nourriture » ne leur permettra même pas de survivre, et encore moins de s’accomplir. Pour ceux qui n’ont pas accès à la santé, l’avenir est lugubre. Cette œuvre faisait partie à l’origine de l’exposition The Central Matter de la Banque mondiale, consacrée à la situation des jeunes en Amérique latine (a).
Couleurs vives, lignes nettes et compositions simples : QI Soup Cans, de Marc Padeu, comprend une série de quatre peintures inspirées du pop art, et plus précisément, comme son titre l’indique, des célèbres boîtes de soupe Campbell d’Andy Warhol.
Sur chaque boîte, l’artiste a peint le visage de personnalités culturelles camerounaises renommées et inscrit au-dessous leur spécialité, comme s’il s’agissait de produits de consommation. Marc Padeu ajoute une strate de complexité à son œuvre en baptisant la marque de soupe QI Condensed (« quotient intellectuel concentré »). En associant images consuméristes, icônes culturelles et titres provocateurs, l’artiste questionne la manière dont la société définit la véritable intelligence. Cherchons-nous l’éducation au bon endroit ? Les « producteurs de culture » sont-ils des « producteurs d’intelligence » ? Qui produit le savoir dans une société et comment chaque individu peut-il en récolter les fruits ?
La valorisation du capital humain est un problème aussi vaste que complexe. C’est pourtant une condition indispensable à la réussite de tout investissement pour le développement.
Cette exposition se tient au Centre des visiteurs du Groupe de la Banque mondiale jusqu’à fin octobre, Elle est ouverte au public du lundi au vendredi de 10h à 17h30.
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