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Quelles impulsions apportent le changement ? Quelle action influe sur les politiques en place ? Quelle motivation profonde nous pousse à faire le bien dans notre société ?
Il y a une expérience, dans ma vie, que je n’oublierai jamais.
En 1987, le docteur Paul Farmer, quelques autres et moi-même avons participé à la fondation d’une organisation — Partners in Health — dont le but était de fournir un accès à des soins de qualité aux pauvres. Les premiers temps, notre travail s’est principalement concentré sur Haïti. Sept ans plus tard, nous avons mis en place un programme à Carabayllo, un quartier situé à la périphérie de Lima, au Pérou.
Nous avions choisi ce site parce qu'un bon ami à nous, le père Jack Roussin, nous y avait vivement incités : selon lui, la zone concernée avait vraiment besoin d’un système de santé beaucoup plus performant. Nous avons donc œuvré à la constitution d’une structure d’agents de santé communautaire. Notre organisation sur place, Socios en Salud, employait 20 jeunes gens de la région ; elle s’est employée à améliorer les soins dispensés aux habitants, a permis l'érection d'une pharmacie et même procédé à un bilan de la situation sanitaire.
Puis le père Jack est tombé malade. Il a commencé à maigrir. Je lui ai enjoint de repartir chez lui, à Boston. Quand il s’y est finalement résolu, des tests ont montré qu’il souffrait d’une tuberculose pulmonaire et que la souche était particulièrement virulente. Il s'agissait d’une tuberculose à bacilles multirésistants (MDR-TB), contre laquelle les quatre principaux médicaments employés dans les formes ordinaires de la maladie se révélaient inefficaces. Le père Jack est décédé peu après.
Une fois revenus à Carabayllo, nous avons enquêté. Pourquoi avait-il contracté une tuberculose pharmacorésistante ? Après avoir trouvé un nombre alarmant de cas similaires, nous avons agi sur deux fronts. Nous avons immédiatement cherché à nous approvisionner en médicaments qui pouvaient venir en aide aux tuberculeux que nous avions identifiés. À notre grand soulagement, la majorité d'entre eux a pu être soignée. Nous nous sommes par ailleurs mobilisés pour l’émergence d’un programme mondial destiné à soigner les pauvres souffrant d’une tuberculose multirésistante.
Nous avons milité avec vaillance durant des années avant de voir finalement cette initiative porter ses fruits. L’Organisation mondiale de la santé a établi des directives à l’intention des pays du monde entier pour le traitement de cette maladie. Aujourd’hui, même si la tuberculose à bacilles résistants demeure une question éminemment préoccupante, je suis fier de pouvoir affirmer que le Pérou est à la pointe de cette lutte et que Socios en Salud est devenu un acteur majeur de la santé au Pérou, 18 ans après sa création.
Ces changements sont intervenus parce qu’une seule personne, le père Jack, témoin d'une injustice sociale, nous a exhortés à agir. Parce qu’il m’a personnellement poussé à agir et parce qu’il a poussé à agir bien des membres de Partners in Health. Notre engagement en a inspiré d’autres. Nous n’avons jamais baissé les bras, motivés par une conviction intime, celle d’un accès universel aux soins de santé.
Aujourd’hui, en tant que président du groupe de la Banque mondiale, mes collègues et moi-même sommes motivés par un défi tout aussi considérable : parvenir à mettre fin à l’extrême pauvreté avec le concours des États, des acteurs de la société civile, du secteur privé, des fondations et en collaboration avec les plus défavorisés, ceux-là mêmes qui sont confinés depuis trop longtemps dans un dénuement inacceptable.
Le monde a certes accompli de grands progrès en l’espace de 25 ans, en réduisant de moitié les personnes vivant dans la pauvreté absolue, mais nous pouvons faire plus.
Comment agir pour mettre fin à la pauvreté ? Nous voulons connaître votre avis. Faites-nous parvenir vos commentaires sur Twitter avec le hashtag #QuellesSolutions. Nous voulons que cet enjeu devienne mondial et nous comptons sur votre inspiration.
Un changement radical est possible.
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