D’après l’édition 2018 de la série de données #ID4D du Groupe de la Banque mondiale, un milliard d’individus dans le monde ne peuvent pas justifier de leur identité. Concrètement, cela signifie qu’ils auront du mal à accéder à des services essentiels — en particulier aux services financiers voire à un téléphone portable (a) — et à trouver un emploi ou créer une entreprise dans l’économie formelle. En outre, l’enjeu de l’Objectif de développement durable visant à « fournir une identité juridique à tous les citoyens, notamment en enregistrant toutes les naissances » va au-delà des opportunités et droits individuels : les pays doivent impérativement être en mesure de vérifier, de manière fiable, l’identité de leurs habitants pour pouvoir offrir des services publics (a) efficaces, renforcer leur capacité à engranger des recettes (a) et promouvoir la croissance du secteur privé (a).
Au mois d'avril, 1 600 délégués, représentant 47 pays d’Afrique, leurs partenaires de développement et le secteur privé, participent à la réunion annuelle du forum ID4Africa à Abuja (Nigéria). Pourquoi l’Afrique ? Parce que ce continent concentre plus de la moitié des habitants du monde encore privés de titre d’identité. Pour y remédier, et en particulier pour « ne laisser personne pour compte », toutes les parties prenantes doivent disposer de données précises sur cette population.
Des sources de données améliorées et un état des lieux plus précis
Cette année, plus de 40 pays (un record !) ont communiqué des données directes sur la situation de leur population et la couverture de leur système d’identification . L’édition 2018 de la base de données ID4D (a) a combiné ces chiffres, les naissances enregistrées et d’autres données indirectes. Elle révèle qu’un milliard d’individus dans le monde ne peuvent toujours pas justifier de leur identité et montre que, sur ce total :
- 81 % vivent en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, ce qui montre que les efforts doivent se concentrer sur ces deux régions ;
- 47 % n’ont pas l’âge d’être enregistrés officiellement dans leur pays, ce qui souligne l’importance de renforcer les systèmes d’enregistrement des naissances (a) et de créer un numéro d’identification unique, pour chaque individu, de sa naissance à sa mort (a) ;
- 63 % vivent dans des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, et 28 % dans des pays à faible revenu ; l’absence d’identité officielle est donc un problème particulièrement préoccupant pour les habitants pauvres de la planète.
L’évolution des estimations mondiales par rapport aux chiffres des années précédentes s’explique par les avancées réalisées, mais aussi par l’amélioration des sources de données et de la méthodologie (pour de plus amples informations à ce sujet, reportez-vous à la rubrique « Methodology » de la base de données).
Enquête #ID4D-Findex : les pays à faible revenu comptent le plus grand nombre de personnes sans identité officielle, et les femmes et les 40 % les plus pauvres risquent le plus d’être laissés-pour-compte
Afin de mieux comprendre qui sont ces « sans papiers » et quelles difficultés ils rencontrent, l’équipe ID4D s’est associée pour la première fois au projet Global Findex. Cette collaboration a permis de compiler, pour 99 pays, des données d’enquête représentatives sur la couverture des systèmes d’identité légale, leur utilisation et les problèmes d’accès. D’après les premiers constats, ce sont les habitants des pays à faible revenu, et, parmi eux, en particulier les femmes et les 40 % les plus pauvres, qui sont majoritairement concernés. Les données d’enquête (qui ne prennent cependant en compte que les plus de 15 ans) confirment que le déficit de couverture est le plus élevé dans les pays à faible revenu, où 38 % de la population interrogée ne dispose d’aucun titre d’identité. C’est dans la région de l’Afrique subsaharienne que le problème est le plus répandu : dans cette région, près d’un individu sur trois n’a pas d’identité légale.
L’écart entre hommes et femmes est relativement peu marqué au niveau mondial, mais considérable dans les pays à faible revenu, où 45 % des femmes n’ont pas d’identité légale, contre 30 % des hommes. Les pays dans lesquels l’écart entre les sexes est le plus grand sont aussi, en général, ceux où les femmes rencontrent le plus d’obstacles juridiques pour obtenir des papiers d’identité. En Afghanistan, au Bénin et au Pakistan, par exemple, trois pays où l’écart est supérieur à 15 points de pourcentage, une femme mariée ne peut pas demander un titre d’identité national au même titre qu’un homme marié.
L’absence de document d'identité concerne de manière disproportionnée les pauvres , sachant que les pays à faible revenu sont ceux où les disparités de richesse ont l’impact le plus élevé sur la possession ou non d’un titre d’identité. Dans les pays à faible revenu étudiés, 45 % des personnes faisant partie du quintile le plus pauvre ne disposent pas d’un titre d’identité national. Cette proportion n’est que de 28 % dans le quintile supérieur. Dans nombre de pays, il faut débourser une somme importante pour disposer d’un titre d’identité (a) et le coût d’obtention des pièces nécessaires est prohibitif pour les plus pauvres.
Pour aller plus loin
Rendez-vous sur le site web de l’initiative ID4D (a) pour consulter la série de données 2018 (a) et en savoir plus sur les enjeux de l’identification dans le monde. Alors que nous nous attachons à suivre l’évolution des systèmes d’identité dans 198 pays, vos suggestions d’amélioration sont les bienvenues. L’analyse des données d’enquête est en cours et ses résultats seront publiés prochainement sur ce site. En attendant, la base de données sur l’inclusion financière dans le monde (a) présente des statistiques pour 99 pays.
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