L’ampleur des déplacements forcés de population dans le monde constitue une crise sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Selon les derniers chiffres annuels de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), les conflits ont contraint à la migration plus de 79 millions de personnes, dont 26 millions de réfugiés.
Ces déplacements forcés peuvent avoir des conséquences socio-économiques dévastatrices : problèmes de santé, impossibilité de suivre des études, de trouver du travail ou un logement… D’après les conclusions d’une étude (a) menée au Kenya, les réfugiés mais aussi les communautés qui les accueillent font partie des populations les plus mal loties du pays en termes de pauvreté et d’indicateurs socio-économiques connexes. Plus de la moitié des réfugiés (58 %) sont sans emploi et un tiers d’entre eux connaissent des situations de dénuement sur le plan de l’éducation, de la santé et du niveau de vie.
Les conflits ont contraint à la migration plus de 79 millions de personnes, dont 26 millions de réfugiés.
C’est ce que j’ai pu constater par moi-même au début de l’année lorsque j’ai traversé la région du Sahel, de la Mauritanie au Niger en passant par le Burkina Faso et le Mali. Cette région était alors en proie à une crise immense, avec un million de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et 165 000 réfugiés. Lors de mes voyages, nombre de personnes que j’ai rencontrées partageaient une même préoccupation : la montée de la violence et la dégradation des conditions de sécurité dans la région du Sahel, et leurs graves conséquences sur la population, la société et l’économie.
Lorsque les médias parlent des réfugiés, ils oublient souvent de préciser que 82 % d’entre eux sont accueillis par des pays en développement et que les trois quarts d’entre eux n’ont toujours pas regagné leur lieu d’origine cinq ans après l’avoir quitté.
Les réfugiés s’installent souvent dans des communautés qui sont parmi les plus pauvres du pays ou dans des régions reculées ou frontalières, où les habitants peinent déjà à accéder à un emploi et des services publics convenables.
La charge qui incombe à ces pays d’accueil est considérable, croissante et exacerbée par la pandémie de COVID-19 (coronavirus). Les conséquences économiques et sociales de la pandémie risquent d’affecter à la fois les réfugiés et les communautés d’accueil dans les pays en développement, accentuant leur vulnérabilité et leur dépendance à l’égard d’une aide humanitaire sursollicitée.
Pour autant, les pays d’accueil continuent à fournir aux réfugiés et aux populations locales protection, abri, soins de santé, éducation et soutien aux moyens d’existence, incarnant ainsi la vision portée par le Pacte mondial sur les réfugiés.
Comment subvenir aux besoins urgents des communautés d’accueil et des réfugiés ?
À partir du mois de juillet 2020 et au cours des trois prochaines années, l’IDA, le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres, débloquera 2,2 milliards de dollars en faveur des réfugiés et des communautés d’accueil. Ces aides viendront s’ajouter à l’enveloppe de 1,5 milliard de dollars déjà allouée ces trois dernières années au profit de 32 opérations menées dans 14 pays à faible revenu accueillant des réfugiés.
Avec sa politique des portes ouvertes, l’Ouganda, le pays d’Afrique qui compte le plus de réfugiés, accueille depuis longtemps plus d’un million de réfugiés de la région. La Banque mondiale, par le biais d’un programme complet sur les déplacements forcés, aide ce pays à assurer des services sociaux essentiels et des opportunités économiques aux réfugiés et aux communautés d’accueil, notamment dans le cadre du projet d’aide au développement en réponse aux conséquences des déplacements de population (a). Le soutien aux plans nationaux d’intervention en faveur des réfugiés et des communautés d’accueil permet aux pouvoirs publics de fournir aux réfugiés des services dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’eau et de l’environnement.
L’Éthiopie, le deuxième pays d’accueil en Afrique, compte environ 730 000 réfugiés venus d’Érythrée, de Somalie, du Soudan et du Soudan du Sud. En 2019, elle a adopté une nouvelle proclamation sur les réfugiés (a) qui les autorise à vivre en dehors des camps, à travailler dans le secteur formel et à accéder aux services nationaux de santé et d’éducation. Pour faciliter la mise en œuvre de ces politiques, la Banque mondiale a débloqué plus de 200 millions de dollars afin de promouvoir des opportunités économiques destinées aux réfugiés et aux communautés d’accueil. Elle élabore actuellement un programme visant à aider les enfants réfugiés à être scolarisés dans les écoles du pays et à y réussir leur scolarité.
Au Bangladesh, face à la pandémie de COVID-19, nous appuyons les autorités nationales et les agences des Nations Unies dans leurs efforts de surveillance, de dépistage, de prévention et de lutte anti-infectieuse, mais aussi de communication et d’engagement communautaire, en particulier auprès des réfugiés et des communautés d’accueil de Cox’s Bazar.
Les pays à faible revenu ne sont pas les seuls concernés. Ces dernières années, la Colombie a par exemple accueilli plus de 1,8 million de migrants et de réfugiés vénézuéliens. Le gouvernement colombien a progressivement régularisé le statut juridique de nombreux Vénézuéliens, leur permettant d’accéder au marché du travail ainsi qu’aux services d’éducation et de santé. Cette régularisation garantit notamment aux migrants atteints par le coronavirus, ou susceptibles de l’être, l’accès à des soins de santé identiques à ceux fournis à n’importe quel citoyen colombien. La Banque mondiale, en collaboration avec le Mécanisme mondial de financement concessionnel (GCFF) (a), aide les pouvoirs publics à répondre à ces besoins. Nous avons contribué à l’élaboration et à la mise en œuvre d’un cadre politique à moyen terme, ainsi que de nouveaux programmes de santé et de logement destinés aux migrants et aux communautés d’accueil, et apportons des conseils pratiques et une assistance technique.
Les initiatives nationales de ce type sont au cœur des efforts du Groupe de la Banque mondiale pour améliorer l’intégration des réfugiés dans les communautés d’accueil et garantir des investissements à long terme en direction à la fois des réfugiés et des populations locales. Cette démarche est au cœur de notre double objectif visant à mettre fin à l’extrême pauvreté et à promouvoir une prospérité partagée, et elle complète l’énorme travail accompli par des institutions humanitaires comme le HCR. Elle s’inscrit également dans le cadre de notre nouvelle stratégie quinquennale en matière de fragilité, de conflit et de violence, par laquelle nous nous engageons à aider les pays à s’attaquer à la fois aux causes et aux conséquences des conflits.
La pandémie de COVID-19 rend ces investissements encore plus urgents. L’aide d’urgence apportée à plusieurs pays (Burkina Faso, Liban, Mali, Myanmar, Niger, République centrafricaine, Soudan du Sud et Tchad) permet déjà de soutenir les populations migrantes, réfugiées et déplacées à l’intérieur de leur propre pays, ainsi que les communautés d’accueil. À l’avenir, le guichet de l’IDA en faveur des réfugiés et des communautés d’accueil mettra à disposition jusqu’à un milliard de dollars de dons pour soutenir la riposte au coronavirus ; ces opérations bénéficieront aux réfugiés et aux communautés d’accueil jusqu’au milieu de l’année 2021.
En cette Journée mondiale des réfugiés, il est particulièrement important de saluer et de soutenir les efforts massifs déployés par les pays en développement qui accueillent des réfugiés.
Le Groupe de la Banque mondiale se mobilise et fait tout ce qui est en son pouvoir pour aider ces pays à répondre à l’urgence sanitaire causée par la pandémie, à limiter les ravages économiques et à commencer à planifier le redressement à long terme. La protection et le bien-être des réfugiés sont plus que jamais tributaires de ce soutien.
LIENS UTILES
La réponse du Groupe de la Banque mondiale face à la pandémie de COVID-19
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