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Le secteur du transport est à la fois victime et responsable du changement climatique. Son infrastructure est particulièrement vulnérable aux effets de l’évolution du climat (hausse des températures, augmentation des précipitations, inondations…). Mais il émet aussi 23 % des gaz à effet de serre (GES), et c’est l’un des secteurs où les émissions s’accroissent le plus vite. À l’évidence, l’action climatique ne pourra donc pas progresser sans une mobilité plus durable et plus écologique.
Avant la COP21, le secteur du transport était pourtant l’un des grands absents des négociations sur le climat. Depuis, la forte participation à la Conférence de Paris, en 2015, et à la Conférence de Marrakech, en 2016, indique que la communauté internationale a pris conscience de l’urgence d’inclure le transport dans l’agenda climatique.
À l’échelle mondiale, cette attention accrue portée au secteur du transport s’est traduite par des engagements phares, tels que les Objectifs de développement durable (ODD) et l’Accord de Paris. Ainsi, plus de 70 % des contributions déterminées au niveau national (CDN) que les pays ont présentées pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris énoncent des engagements relatifs au transport. Il s’agit entre autres de développer les transports publics urbains, et de privilégier le transport ferroviaire et fluvial plutôt que le transport routier.
À l’échelle nationale, un nombre croissant de pays fait le pari d’une mobilité plus écologique et plus intelligente. Le Maroc, qui a accueilli la COP22 en 2016, fait figure d’exemple avec des initiatives comme la création de l’Association africaine pour un transport routier durable, ainsi que plusieurs projets de construction de réseaux de transport public sans impact délétère sur le climat. Plus au sud, le Mozambique examine actuellement différents scénarios en vue d’améliorer l’efficacité du transport de personnes et de marchandises sans faire augmenter les émissions de ce secteur. En Inde, le transport jouera lui aussi un rôle essentiel dans le découplage entre la croissance économique et les émissions de carbone, mais également dans la mise en œuvre de la CDN. L’Inde entend en effet promouvoir le transport climato-intelligent en opérant trois grandes transitions majeures : du transport privé au transport public dans les villes, du fret routier au fret ferroviaire et fluvial, et des combustibles fossiles aux combustibles non fossiles.
La Banque mondiale aide ses clients à honorer ces engagements en se concentrant sur trois grands axes :
- Des transports climato-résilients. Le changement climatique menace le potentiel de croissance, ainsi que les milliards de dollars d’investissements dans les transports. La résilience, notamment dans le secteur routier, est donc l’une de nos priorités ; tout particulièrement en Afrique subsaharienne, où la valeur des actifs routiers représente plus de 30 % du PIB régional. Il ressort d’un rapport que nous avons présenté lors de la COP22 que la résilience dans ce secteur passe par un meilleur entretien des infrastructures. C’est pourquoi les nouvelles stratégies cherchent à consolider les segments les plus vulnérables, à accroître la résilience globale grâce à la redondance systémique et à améliorer les normes, les méthodes et les matériaux, ainsi que l’efficacité de la préparation aux événements climatiques extrêmes et des plans d’intervention. La Banque mondiale travaille actuellement avec ses partenaires pour renforcer la résilience des systèmes de transport, dans plus de 40 pays, en recourant à ces stratégies.
- Des transports collectifs écologiques, fiables et efficients. Investir dans des systèmes de transport public permet de réduire l’empreinte carbone du secteur, mais aussi de désengorger le trafic, d’améliorer la sécurité routière et de faciliter l’accès aux emplois et aux infrastructures de services. Il s’agit d’une problématique cruciale pour l’Afrique, dont le taux d’urbanisation est l’un des plus élevés au monde. Sur ce continent, le Maroc fait partie des pays qui investissent le plus dans les transports en commun. Plusieurs lignes de tramway sont terminées ou en cours de construction. Et dans toute la région, d’autres projets de transport écologique, à l’instar du nouveau système de transport rapide par bus dont s’est dotée la ville de Dar es Salam, en Tanzanie, transforment les modes de déplacement dans l’espace périurbain.
- Des systèmes de transport efficients et multimodaux. Il est possible de réduire à la fois les coûts et l’empreinte carbone grâce à des systèmes de fret efficients, qui se caractérisent en particulier par des camions plus remplis et plus performants. Par ailleurs, il faut veiller à ce que les différents modes de transport se complètent afin de maximiser l’impact des investissements dans les transports et de faciliter le passage d’un moyen de transport à un autre, pour les personnes comme pour les marchandises. À cette fin, nous aidons les pouvoirs publics à intégrer l’infrastructure routière, ferroviaire et fluviale dans des systèmes de transport globaux et multimodaux. C’est notamment le cas dans la région du lac Victoria en Afrique, où sont actuellement construits des terminaux portuaires intégrés dans des réseaux routiers et ferroviaires.
Pour préserver cette dynamique, il faut définir une vision claire et cohérente de la mobilité durable et l’accompagner d’un financement adapté de la lutte contre le changement climatique. C’est dans cette optique que la Banque mondiale soutient l’initiative Sustainable Mobility for All (SM4A, une mobilité durable pour tous), dont l’objectif est de coordonner, par le biais d’une plateforme commune, l’action d’acteurs privés et d’organismes publics du secteur des transports. Toutes ces parties prenantes pourront ainsi s’exprimer d’une seule voix, afin d’aider les pouvoirs publics à inclure les questions climatiques dans leurs plans relatifs au transport.
Quel est le moteur de toutes ces initiatives ? Il ne s’agit pas uniquement de réduire l’empreinte carbone du transport ou de protéger ce secteur contre les effets du changement climatique. Investir dans le transport climato-intelligent peut favoriser la croissance économique et faciliter l’accès aux emplois et aux services ; cela aura des retombées positives sur les trois dimensions du développement durable, à savoir l’environnement, la société et l’économie. C’est très exactement ce type de bénéfices conjoints que nous devons viser si nous voulons construire un avenir plus vert, inclusif et prospère.
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