En quelques semaines, la dernière épidémie de fièvre Ebola a atteint un tournant. Le 17 juillet dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré qu’elle constituait une urgence de santé publique de portée internationale. Dans la foulée, la Banque mondiale a mobilisé 300 millions de dollars supplémentaires pour soutenir la riposte sur le terrain.
L’épidémie actuelle, qui a débuté il y a tout juste un an en République démocratique du Congo (RDC), est la dixième du genre à laquelle le pays est confronté depuis 40 ans. Elle a déjà coûté la vie à plus de 1 600 personnes.
La précédente flambée de fièvre Ebola, qui avait frappé l’Afrique de l’Ouest en 2014, avait fait plus de 11 000 victimes. Derrière ces chiffres sinistres, il y a autant de vies tragiquement écourtées et des familles plongées dans le deuil.
La Banque mondiale œuvre aux côtés du gouvernement et des habitants de la RDC, des partenaires internationaux et des organisations internationales pour s’atteler à cette situation dramatique.
L’un des plus gros problèmes est de trouver des moyens financiers pour soutenir les efforts héroïques du personnel de santé dépêché sur le front par le gouvernement, l’ONU, l’OMS et d’autres organisations afin de contenir l’épidémie et l’éradiquer.
Ces hommes et ces femmes, qui interviennent dans des situations de fragilité et de conflit, doivent aussi affronter souvent la méfiance de la population à l’égard des pouvoirs publics et l’absence de cohésion sociale et de sécurité.
L’enveloppe de 300 millions de dollars que nous avons débloquée est financée en grande partie par l’Association internationale de développement (IDA), notre fonds pour les pays les plus pauvres, et a pour objectif d’aider les autorités congolaises à affronter la crise et à se repositionner sur une trajectoire de développement plus durable. Elle vient compléter les 80 millions de dollars déjà déboursés par les mécanismes d’urgence de l’IDA.
Il s’agit de répondre aux besoins les plus immédiats : créer des centres de traitement Ebola ; soutenir le personnel soignant en première ligne à travers des primes de risque ; installer des dispositifs pour faciliter le lavage des mains afin d’endiguer la propagation de la maladie ; et financer des laboratoires mobiles, des équipes de suivi des cas de contamination et des équipes de décontamination pour veiller à ce que les foyers épidémiques soient débarrassés du virus.
Mais cette nouvelle flambée risque de s’aggraver, menaçant les habitants de l’Est du pays et au-delà.
Il existe à mon sens quatre axes d’action prioritaires qui, si nous nous y prenons correctement, permettront de combattre efficacement cette épidémie.
Premier axe : acheminer les fonds et l’aide là où les besoins sont les plus pressants, à savoir en faveur du personnel sanitaire et des intervenants de terrain. La Banque mondiale met tout en œuvre pour que l’argent leur parvienne aussi vite que possible et enjoint les autres bailleurs de fonds à se mobiliser à ses côtés pour réunir les sommes nécessaires.
Deuxième priorité : agir au-delà des aspects sanitaires. La crise Ebola de 2014 nous a entre autres appris que la lutte contre une pandémie ne se réduit pas à construire des hôpitaux ou à recruter davantage de médecins et d’infirmiers. Il faut aussi soutenir les populations à travers une meilleure éducation, des actions en faveur de changements dans les comportements, des services sociaux plus nombreux et la création d’emplois. Une part significative du nouveau financement de la Banque mondiale sera donc consacrée à étendre l’accès aux services sociaux avec, pour objectif, de créer 50 000 emplois en un an par le biais de programmes de travail rémunéré en espèces. Ces fonds permettront ainsi à la fois de fournir un revenu indispensable à des ménages en plein désarroi, d’améliorer les infrastructures locales et de renforcer la confiance dans les communautés.
Le troisième axe prioritaire est de rentabiliser au mieux l’argent investi, y compris à travers la responsabilité financière. Nous accompagnons le gouvernement de RDC et les partenaires internationaux afin de s’assurer que le pays dispose de systèmes financiers de base pour évaluer les besoins et mobiliser efficacement les ressources.
Enfin, nous devons redoubler d’efforts pour nous atteler aux causes sous-jacentes de la fragilité et de la pauvreté.
Il y aura toujours des épidémies. Mais nous pouvons faire en sorte qu’elles trouvent un terreau moins favorable en luttant contre les failles des institutions et de l’économie, la pauvreté, le manque de ressources et les réponses inadaptées.
Nous sommes certes concentrés sur les moyens permettant de juguler cette nouvelle flambée épidémique et d’accélérer le retour à la normale. Mais nous nous employons aussi à éliminer les défis de développement persistants, qui font que certaines régions de la RDC sont plus vulnérables à la réactivation du virus.
La Banque mondiale continuera d’œuvrer aux côtés de l’OMS et d’autres organisations pour mobiliser des ressources en direction de toutes celles et tous ceux qui combattent l’épidémie et des communautés qui ont le plus besoin d’aide. Elle restera présente sur le terrain en RDC et engagée dans une collaboration de long terme, tout en œuvrant aussi dans les pays voisins, pour pouvoir réagir au plus vite à une éventuelle flambée épidémique.
L’avenir de nombreux habitants dépend de notre capacité à résoudre rapidement cette crise. Cela passe par une réponse multinationale organisée et correctement financée.
David Malpass est le président du Groupe de la Banque mondiale.
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