Publié sur Opinions

L’état du développement : pourquoi 2015 est une année charnière si nous voulons mettre fin à la pauvreté

© Arne Hoel/World Bank


Dans cette tribune, des professionnels discutent de l’état actuel — et à venir — de leur secteur d’activité. Consultez tous les articles en cliquant ici et publiez votre contribution (en indiquant #MyIndustry dans le corps de votre texte).

Le domaine dans lequel je travaille est l’un des plus gratifiants qu’il soit : aider les pays à revenu faible et intermédiaire à se développer pour que les pauvres aient de meilleures chances d’exprimer leur potentiel. Actuellement, nous sommes à un moment critique et je peux affirmer sans exagération que les décisions que nous prendront cette année rejailliront sur chacun d’entre nous, en particulier les plus pauvres.

Les avancées que nous ferons permettront de savoir si, oui ou non, le monde est en voie d’atteindre les deux objectifs que s’est fixé le Groupe de la Banque mondiale : mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030 et promouvoir une prospérité partagée en augmentant les revenus des 40 % les plus pauvres dans les pays en développement.

Pour cela, nous devons trouver les moyens d’enclencher une croissance solidaire et durable ; investir dans l’avenir de chacun grâce à des soins de santé et une éducation de meilleure qualité ; et s’assurer que les plus vulnérables ne voient pas leurs chances de mener une vie meilleure anéanties par un désastre, qu’il s’agisse d’une crise sanitaire, d’une catastrophe naturelle ou des effets du changement climatique.

Malgré la brièveté du délai, nous sommes fermement convaincus de pouvoir mettre fin à l’extrême pauvreté dans les 15 ans, parce que nous avons déjà obtenu des résultats spectaculaires : en 25 ans, les pays à revenu faible et intermédiaire ont permis à pratiquement 1 milliard d’êtres humains de s’extraire de l’extrême pauvreté. Si l’on considère comme extrêmement pauvres ceux qui vivent avec moins de 1,25 dollar par jour (dollars de 2005), l’objectif est accessible : un peu moins d’un milliard de personnes ont encore besoin d’aide.

Comment faire ? En accélérant le rythme de développement dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Par chance, cette année est exceptionnellement riche en occasions de fixer de nouvelles cibles, identifier de nouvelles sources de financement, réduire les inégalités et préserver notre planète pour les générations futures.

En voici quelques-unes :

  • fixation de nouveaux objectifs — les prochains « Objectifs de développement durable » donneront aux pays et à la communauté internationale un cadre d’action pour les 15 prochaines années. Ils vont susciter de nouvelles stratégies, mobiliser des ressources additionnelles et faire encore plus pencher la balance en faveur de la bonne gouvernance. Autant de conditions qui donneront aux pauvres davantage de chances de réussir ;
  • recherche de nouveaux financements — ambitieux et coûteux, ces objectifs imposent un changement d’échelle de financement pour les projets visant les pays à revenu faible et intermédiaire, qui se chiffrent dorénavant en milliers de milliards de dollars. Plusieurs pistes semblent prometteuses, dont un recours accru aux investissements du secteur privé, de nouveaux outils financiers conçus en étroite concertation par les institutions financières internationales et un soutien à la mobilisation des ressources intérieures des pays, à travers l’optimisation de la collecte des impôts ;
  • avancées concrètes dans la lutte contre le changement climatique — nous avons à cœur de trouver des solutions innovantes et efficaces pour s’atteler à cette question. Si nous voulons sauver la planète pour nos enfants et les générations futures, nous devons impérativement trouver un accord mondial reposant sur des engagements chiffrés de la part des gouvernements. Fin décembre à Paris, les pays devront accepter d’œuvrer pour maintenir le réchauffement planétaire sous la barre des 2 °C. Les pauvres subissent déjà de manière disproportionnée les contrecoups du changement climatique et, faute d’accord opérationnel, ils sont condamnés à de nouvelles souffrances dans les années à venir.


Pour toutes ces raisons, nous avons besoin dans mon domaine d’activité d’hommes et de femmes d’action visionnaires, pragmatiques et à l’esprit de collaboration, qu’il s’agisse d’hommes politiques, de chefs d’entreprise, de cadres d’institutions multilatérales de développement, de responsables d’organisations caritatives, de représentants de groupes de la société civile ou de grandes figures morales. Mais nous avons aussi besoin du soutien actif et passionné de citoyens engagés comme vous. Qu’avez-vous prévu de faire cette année, à titre individuel ou au sein de votre organisation, pour faire la différence sur le front de la pauvreté extrême, des inégalités et du changement climatique ? Comme les autres lecteurs de cette rubrique LinkedIn, j’attends vos témoignages. Dites-nous ce que vous faites déjà ou ce que vous comptez faire dans les mois à venir…

Ce billet a d'abord été publié sur LinkedIn (a).

Auteurs

Jim Yong Kim

Ancien président du Groupe de la Banque mondiale

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