Hier, lundi 1er septembre, des étoiles du ballon rond de toutes confessions se sont affrontées à l’occasion du Match pour la paix, une rencontre interreligieuse appelée à faire date et soutenue par l’initiative Connect4Climate du Groupe de la Banque mondiale.
À bien des occasions, le sport a prouvé sa capacité à amener chacun à montrer le meilleur de lui-même, surtout lorsque les sportifs sur le terrain font preuve d’un travail collectif et d’un esprit d’équipe qui les poussent à réaliser des exploits. Parce qu’ils défendent des aspirations communes, le sport et la religion ont une capacité unique de rassembler, au-delà de la race, de la nationalité, du revenu…
Malheureusement, l’un comme l’autre peuvent aussi créer des clivages, surtout lorsqu’ils sont manipulés à des fins idéologiques. Le Match interreligieux pour la paix est une occasion idéale de s’appuyer sur le pouvoir rassembleur et la force d’inspiration du sport et de la religion. L’initiative #Sport4Climate de Connect4Climate permet au milieu du sport de se saisir du défi climatique et de faire siens les objectifs d’éradication de l’extrême pauvreté et de promotion d’une prospérité partagée.
En tant que responsable de l’Initiative basée sur la foi au sein du Groupe de la Banque mondiale, j’ai eu le privilège de participer à quantité de projets de coopération interconfessionnelle porteurs d’espoir et de transformation dans le but de lutter contre la pauvreté, favoriser la paix et protéger l’environnement. Cette coopération et le dialogue interreligieux ont été déterminants dans les efforts de consolidation de la paix à travers le monde, comme en témoigne l’initiative courageuse lancée récemment en République centrafricaine par des responsables chrétiens et musulmans afin d’endiguer la violence et de permettre la réconciliation.
Religions for Peace ou le Parlement mondial des religions militent depuis longtemps en faveur de cette forme de coopération au service de la paix, afin de s’atteler aux défis les plus délicats de notre ère. Ces efforts s’intéressent par ailleurs toujours plus au changement climatique et aux menaces qu’il fait peser sur notre avenir collectif. Le Conseil œcuménique des églises et Religions for Peace organisé juste avant le prochain sommet des Nations Unies sur le climat un sommet interconfessionnel sur le changement climatique devrait galvaniser les communautés religieuses.
J’étudie depuis longtemps les mouvements sociaux et j’ai toujours été admiratif de la manière dont la foi inspire ceux qui se sont révélés les plus fructueux. L’action œcuménique a ainsi été au cœur de la campagne mondiale de boycott qui aura contribué au démantèlement du système de l’apartheid ou, plus récemment, de la campagne du Jubilé pour l’annulation de la dette. Ces mouvements, comme d’autres, témoignent de la puissance de la religion et de l’action religieuses.
J’espère que les spectateurs et les acteurs du Match interreligieux pour la paix auront savouré ce moment sportif et saisi cette occasion pour renouveler leur engagement et redoubler d’efforts au service de la paix dans ce monde de plus en plus interdépendant, à travers des actes concrets de solidarité. Comme le disait Martin Luther King, « une injustice, où qu’elle soit, est une menace pour la justice partout ».
Mon premier contact avec la notion de solidarité concrète date d’une visite dans un dispensaire du plateau central d’Haïti, Zamni Lasante, géré par l’organisation Partners in Health, cofondée par Paul Farmer and Jim Yong Kim, l’actuel président du Groupe de la Banque mondiale. Depuis des décennies, Partners in Health fait vivre cet oasis de soins accessibles à tous dans l’une des régions les plus isolées et les plus démunies de l’hémisphère Nord, en appliquant le principe de la solidarité concrète.
De quoi s’agit-il ? À la fois de faire cause commune avec celles et ceux qui sont dans le besoin et de proposer des biens et des services susceptibles d’alléger des souffrances inutiles. Cette forme de solidarité est ancrée dans l’un des préceptes fondamentaux de la doctrine sociale catholique, qui nous incite à privilégier dans nos pensées ou nos actes les plus pauvres et les plus fragiles d’entre nous — sans se limiter à nos voisins immédiats pour s’occuper de tous les habitants du « village planétaire ». Elle porte en germe la paix et peut nous aider à fraterniser avec de soi-disant ennemis. Par l’humilité de ses actes de compassion et ses appels prophétiques en faveur de l’inclusion et de la justice sociale, le pape François a donné un sens et un élan nouveaux à la notion de solidarité concrète.
Comment dès lors ne pas se réjouir de la convergence progressive des objectifs et des aspirations des chefs religieux et des organisations internationales ? Intimement convaincues que, pour durer, la paix doit s’appuyer sur un développement sans exclus — et que ce développement est illusoire sans une paix durable – la Banque mondiale et les Nations Unies œuvrent plus systématiquement ensemble pour promouvoir la paix et lutter contre la pauvreté, d’autant que des travaux de recherche prouvent l’efficacité d’une telle approche.
La Banque mondiale s’est aussi fixé pour double objectif de mettre fin à l’extrême pauvreté et de promouvoir une prospérité partagée dans le monde. La concrétisation de ces objectifs ambitieux passera par la démultiplication d’initiatives, petites ou grandes, en faveur de la solidarité concrète, dont les effets irrigueront toute la société — qu’il s’agisse de donner du temps ou de l’argent à des causes caritatives ou d’utiliser ses moyens d’expression et d’influence pour réclamer davantage de détermination politique et sociale en faveur de lutte contre la pauvreté et de la promotion de la paix. Le changement climatique et ses effets toujours plus difficiles à contrer est à cet égard un test des plus critiques : notre engagement en faveur de la solidarité concrète résistera-t-il aux sacrifices à consentir pour endiguer cette évolution ? Nos décideurs seront-ils à la hauteur ?
Réagissez au match et à l'initiative sur Twitter : #MatchForPeace ou #Sport4Climate.
Prenez part au débat