Publié sur Opinions

Pour développer le capital humain il faut augmenter et mieux cibler les investissements dans la santé : le GFF s’y emploie avec une approche innovante

 
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© Dominic Chavez/Mécanisme de financement mondial (GFF)

Un pays qui investit dans sa population, et en particulier dans sa jeunesse, est un pays qui investit dans son avenir et qui permet à la prochaine génération de réaliser ses rêves. 

Des rêves qui se brisent trop souvent sur une toute autre réalité : chaque année, plus de 5 millions de mères et d’enfants meurent de causes évitables. Près d’un quart des enfants de moins de 5 ans dans le monde souffrent de malnutrition et 260 millions d’enfants ne sont pas scolarisés. 

Ces chiffres et la crise qu’ils révèlent devraient résonner comme un avertissement à l’heure où le rythme des progrès technologiques s’accélère et où les aptitudes cognitives complexes et la capacité à résoudre des problèmes sont des compétences de plus en plus recherchées. 

Alors que la moitié de la population mondiale n’a toujours pas accès à des soins essentiels, il est urgent de mobiliser plus de financements en faveur de la santé et de la nutrition et d’optimiser ces fonds, en particulier dans les pays en développement où les besoins sont les plus importants. 

C’est cet impératif qui nous a conduit à lancer en 2015 le Mécanisme de financement mondial (GFF) en soutien à l’initiative « Chaque femme, chaque enfant » (a), de concert avec les Nations Unies, le Canada, la Norvège et d’autres partenaires. 

Le GFF aide les pays à transformer la manière dont ils investissent dans la santé de leur population. Cette collaboration s’articule autour de trois axes :

1) Le GFF aide les pays à se doter d’un projet et d’un plan destinés à améliorer la santé et la nutrition de populations qui comptent parmi les plus laissés pour compte, à savoir les femmes, les enfants et les adolescent(e)s. Ce plan intègre un large éventail de parties prenantes : société civile, experts de la santé, partenaires multilatéraux et bilatéraux, secteur privé... Il privilégie des champs d’action à fort impact, tels que la planification familiale, la nutrition, et la santé de la mère et du nouveau-né.

2) Le GFF travaille ensuite avec les pays pour mobiliser et coordonner les ressources financières requises par leur plan — en associant un plus grand volume de ressources intérieures à des financements bilatéraux, de la Banque mondiale et du secteur privé —, mais aussi pour accroître l’efficacité et l’impact de leurs investissements. Il s’attache à combler les manques, pour faire en sorte que les femmes et les enfants puissent avoir accès aux services de santé essentiels dont ils ont besoin pour survivre et prospérer. Son approche est centrée sur l’obtention de résultats : le GFF veille à la rentabilité des fonds investis, mesurée à l’aune du nombre de vies sauvées et améliorées.

3) Le GFF s’emploie enfin à explorer de nouvelles pistes qui permettent de mobiliser et accroître les financements sur le long terme afin que les pays puissent mettre en place des systèmes de santé primaire solides et assurer leur pérennité. Ces mécanismes innovants consistent notamment en l’octroi de rachats de prêt et de programmes de financement si les fonds sont investis dans la santé et la nutrition. Les 482 millions de dollars de financements du Fonds fiduciaire du GFF, qui ont été associés à ce jour à 3,4 milliards de dollars apportés par la Banque mondiale, commencent à livrer des résultats positifs. Le GFF collabore en outre avec le secteur privé en vue d’obtenir rapidement de meilleurs résultats, en particulier dans les environnements fragiles. 

Dans le nord-est du Nigéria, par exemple, en proie à des conflits prolongés et en manque de services de santé élémentaires, la collaboration nouée dans le cadre du GFF contribue au rétablissement des services de santé et de nutrition maternelle, néonatale et infantile. Avec un modèle de financement conditionné aux résultats, les collectivités locales accomplissent des progrès rapides : le taux d’accouchements assistés par du personnel de santé qualifié est passé de 5 % selon les estimations à 40 %. 

De même, le Cameroun collabore avec le GFF pour augmenter ses investissements dans la santé et la nutrition. Alors que le pays s’emploie à porter la part du budget de la santé allouée aux soins primaires et secondaires de 8 % en 2017 à 20 % en 2020, les résultats sont au rendez-vous : les consultations de planification familiale décollent et les femmes sont bien plus nombreuses à se rendre à leurs visites prénatales.

À l’autre bout du monde, en Indonésie, la Banque mondiale accompagne les efforts massifs déployés par les autorités en vue de s’attaquer aux retards de croissance en s’appuyant sur un réseau d’agents communautaires pour fournir aux mères et à leurs enfants des services intégrés dans le domaine de la santé, de la nutrition, de l’eau et de l’assainissement, et de l’éducation de la petite enfance. Le plan pour la santé a également donné lieu à un don du GFF destiné à évaluer la mise en œuvre et les résultats de ce programme, l’objectif étant d’identifier les investissements les plus prioritaires, d’améliorer la coordination, d’examiner la possibilité d’exploiter à plus grande échelle les technologies dites « disruptives » et d’appuyer des réformes en matière de financement qui permettent de renforcer l’efficacité et la transparence.

Avec son nouvel indice du capital humain, la Banque mondiale entend faire évoluer la manière dont les pays valorisent le capital que représente leur population et accélérer les bons investissements dans cette ressource humaine. Une plateforme comme le GFF constitue précisément à nos yeux un instrument capital pour aider les pays à investir davantage et plus efficacement dans leur population.

Le 6 novembre, à Oslo, la Banque mondiale coorganisera la conférence de réapprovisionnement du GFF, aux côtés de la Norvège, du Burkina Faso et de la Fondation Bill et Melinda Gates. Cet événement constitue une étape importante puisqu’elle va permettre au GFF, qui compte actuellement 27 pays bénéficiaires, de s’étendre aux 50 pays ayant les besoins les plus importants en matière de santé et de nutrition. Avec à la clé la perspective de sauver 35 millions de vies à l’horizon 2030. 

Il n’y a pas de temps à perdre quand on sait que des millions d’enfants sont aujourd’hui privés d’une nutrition adéquate et de soins médicaux appropriés et que des centaines de milliers de femmes meurent encore chaque année de complications liées à la grossesse et à l’accouchement. 

Ce billet a été initialement publié en anglais sur LinkedIn (a). 


Auteurs

Jim Yong Kim

Ancien président du Groupe de la Banque mondiale

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