Désormais, 54 % des habitants des Îles Salomon ont accès aux télécommunications modernes.
Il y a quelques jours, j’ai reçu un message de mon fils de 10 ans m’invitant à devenir son ami sur Facebook : « Salut, maman, ça y est, j’y suis aussi. On peut être amis ? ». À la fois étonnée et inquiète, j’ai d’abord paniqué, sachant tout ce que les réseaux sociaux comportent de risques pour les très jeunes comme lui.
Finalement, nous nous sommes mis d’accord : jusqu’à ses 18 ans, son père pourra accéder à son compte Facebook pour surveiller son activité en ligne. Au premier message inconvenant, de sa part ou de la part d’un de ses contacts, on annule tout. À la réflexion, je pense que nous avons bien fait, puisque les réseaux sociaux peuvent aussi enrichir la vie des enfants.
Mon cas n’a rien d’unique et d’autres familles habitant les Îles Salomon vivent la même expérience. Tout a commencé le jour où la téléphonie mobile a pris son essor, avec l’ouverture du secteur des télécommunications à la concurrence. C’était il y a cinq ans. Le quotidien de l’îlien moyen en a été bouleversé. Avant, seuls les cadres d’entreprise et les hauts responsables publics possédaient un téléphone portable ou avaient accès à ce type de services. C’était un luxe que seuls les riches et les puissants pouvaient s’offrir — quand bien même la technologie existait sur l’archipel depuis la fin des années 1990. Du fait de la structure monopolistique du secteur à l’époque, ce service coûtait en effet affreusement cher et n’était accessible qu’à une fraction de la population (11 %, soit 65 000 personnes).
Mais avec le Projet de développement des TIC et des télécommunications sur les Îles Salomon (plus d'informations en anglais), lancé en 2010 et soutenu par la Banque mondiale, l’accès à la téléphonie mobile et à l’internet n’a cessé de gagner du terrain. Le coût des communications téléphoniques a chuté de 60 %. Le prix d’un appel local de 3 minutes depuis un portable s’élevait à 1,20 dollar en 2010 alors qu’aujourd’hui, il revient en moyenne 0,50 dollar. Et si l’accès à l’internet reste pour l’instant prohibitif, le secteur va devoir s’ouvrir à la concurrence : le gouvernement a en effet annoncé un plan d’investissement conjoint avec des entreprises privées pour la pose d’un nouveau câble sous-marin à fibre optique.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui 54 % des habitants des Îles Salomon ont accès à une forme ou une autre de télécommunications modernes, et c’est une excellente nouvelle pour la population locale (un peu plus de 500 000 personnes) répartie sur 1,34 million de kilomètres carrés d’océan… Les familles peuvent garder le contact et, en cas de catastrophe naturelle, le réseau mobile peut sauver des vies.
L’ouverture du secteur de la téléphonie mobile à la concurrence a également créé de nouveaux débouchés : d’après Solomon Telekom Limited, l’un des deux opérateurs, plus de 8 000 particuliers et entreprises se sont installés depuis 2010 comme agents de Telekom pour la vente de ses services de cartes prépayées. La rentabilité dépasse les 10 % et la majorité des candidats sont des candidates.
Thelma Nieng, qui travaille pour l’entreprise locale de radiodiffusion, fait partie du réseau depuis le début : « C’est une activité rentable. Normalement, on est censé récupérer 10 % des ventes, mais en fait, c’est plus que ça », souligne-t-elle. Aujourd’hui, elle vend des forfaits à des clients installés dans les provinces qui les revendent à leur tour et réalisent le même profit. Elle recommande le dispositif à toutes les femmes qui veulent gagner de l’argent sans avoir à se casser la tête.
L’amélioration des télécommunications a aussi aidé les habitants à rester en contact avec leurs familles à l’étranger. C’est le cas d’Anna, qui a confié son bébé de 7 mois à ses parents, dans le village de Malaita, pour aller faire un mastère en Australie. Grâce à la téléphonie mobile, elle peut se consacrer pleinement à ses études, car elle peut communiquer avec ses proches. Elle appelle tous les jours pour prendre des nouvelles de son enfant ce qui, selon elle, fait une énorme différence.
L’un dans l’autre, je suis ravie de voir que les téléphones portables et l’accès à internet ont révolutionné ma vie et celle de mes compatriotes.
Et vous ? Que s’est-il passé le jour où vous avez été enfin « connectés » ? Racontez-moi ce que cela a changé dans votre quotidien.
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