Publié sur Opinions

Une initiative public-privé en faveur des infrastructures, socle d’une croissance inclusive

Swiss Re Group Chief Investment Officer Guido Fürer, European Investment Bank President Werner Hoyer, World Bank Group President Jim Yong Kim, and Australian Treasurer and Chair of the G20 Finance Track Joe Hockey at the signing ceremony for the Global Infrastructure Facility. © Simone D. McCourtie/World Bank
 

À la veille des Assemblées annuelles 2014 de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, il a beaucoup été question de « croissance inclusive » et des solutions pour y parvenir. Parmi les options envisagées, une nouvelle initiative qui pourrait débloquer des milliards de dollars destinés à promouvoir les infrastructures dans les pays en développement et améliorer ainsi les conditions de vie de pans entiers de la population.

À l’heure actuelle, 1,2 milliard d’êtres humains environ sont privés d’électricité et 2,5 milliards n’ont pas de toilettes, sans oublier les quelque 748 millions de personnes sans accès à l’eau potable. Le Mécanisme mondial de financement des infrastructures (ou GIF, selon son acronyme en anglais), annoncé cette semaine par le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim, veut améliorer la situation à travers la préparation de projets d’infrastructures viables, durables et financièrement attrayants.

Ce nouveau mécanisme intéresse d’ores et déjà les dirigeants de certains des fonds de placement privés, sociétés de gestion, fonds de pension, caisses d’assurance et banques commerciales les plus importants au monde, à côté de pays donateurs comme l’Australie, le Canada, Singapour (a) et le Japon (a) et d’institutions multilatérales de développement parmi lesquelles la Banque européenne d’investissement, la Banque asiatique de développement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et la Banque japonaise pour la coopération internationale.

« La croissance économique est le meilleur outil dont nous disposons pour mettre fin à la pauvreté, mais la croissance ne pourra jamais décoller en l’absence d’infrastructures dans des secteurs tels que l’électricité, l’eau et les réseaux routiers », a déclaré Jim Yong Kim ce vendredi, lors de son allocution aux États membres de la Banque. « Réfléchissons une minute au fait que la production annuelle d’électricité de l’Afrique subsaharienne est égale à celle de l’Espagne. L’élimination de la pauvreté passe par l’électrification de l’Afrique », a-t-il poursuivi.

Le mécanisme cherche à combler un déficit annuel de financement des infrastructures dans les pays en développement, estimé à 1 000 milliards de dollars, sachant que les besoins vont grandissant. Pourtant, les investissements privés en faveur du secteur dans les marchés émergents se sont en fait contractés, passant de 186 milliards de dollars en 2012 à 150 milliards de dollars l’an dernier. Le Groupe de la Banque mondiale a certes pu mobiliser 24 milliards de dollars en 2013, mais c’est « loin d’être suffisant » pour couvrir les besoins, a averti Jim Yong Kim lors de la cérémonie de signature marquant le lancement du GIF, jeudi dernier.

Les caisses d’assurance et les fonds de pension ont investi moins de 1 % de leurs 80 000 milliards de dollars d’actifs dans les projets d’infrastructure, lesquels, dans la plupart des cas, concernaient des pays avancés. « Nous devons affirmer haut et clair que l’argent est là. Le véritable défi ce n’est pas l’argent, mais le manque de projets financièrement attrayants, c’est-à-dire une offre suffisante d’opportunités d’investissement dans les infrastructures qui soient commercialement viables et durables », a déclaré Jim Yong Kim, pour qui le GIF à vocation à « attirer au bas mot les dizaines de milliards » de financement actuellement inutilisés.

Fort de l’expertise, des ressources et des instruments de financement de ses partenaires (le Groupe de la Banque mondiale, d’autres banques multilatérales de développement et le secteur privé), le GIF contribuera à la préparation et à la structuration de partenariats public-privé complexes et de qualité. Il s’agit de mobiliser de nouvelles sources de financement à la hauteur d’investissements dans les infrastructures pour toute leur durée de vie. À cet effet, les projets doivent attirer des investisseurs institutionnels en quête d’opérations de long terme produisant des flux de trésorerie prévisibles. Le GIF étudie déjà plusieurs projets qui offrent des chances de transformer les économies en développement, a indiqué Jim Yong Kim.

« Le fait de bénéficier de l’analyse de grands investisseurs privés intéressés dès les premières phases de la préparation d’un projet devrait réduire les risques futurs d’opérations ratées », a expliqué le président. « Globalement, ce mécanisme permettra de mieux hiérarchiser les projets d’infrastructure et d’en optimiser la conception et la gestion. Il contribuera aussi à renforcer la transparence et les processus de passation de marchés et, plus généralement, à améliorer le climat général de l’investissement. »

Le G20 a fait des infrastructures une priorité, conscient de leurs capacités à créer de la croissance et des emplois. Joe Hockey, le ministre de l’Économie et des Finances de l’Australie, qui assure la présidence du G20, a affirmé que son pays, déjà engagé de manière substantielle dans le GIF, ne comptait pas s’arrêter là.

« Dans les 50 prochaines années, les infrastructures vont s’imposer comme l’un des instruments les plus efficaces de la lutte contre la pauvreté », a-t-il déclaré jeudi, lors de la cérémonie de signature. En sollicitant les compétences et les moyens du secteur privé, nous participerons à « la construction de ces infrastructures qui ont le pouvoir d’améliorer le quotidien en donnant aux gens accès à l’eau, à l’électricité, à l’éducation, à la santé, etc. », a conclu M. Hockey.


Auteurs

Donna Barne

Rédactrice pour les sites institutionnels

Prenez part au débat

Le contenu de ce champ est confidentiel et ne sera pas visible sur le site
Nombre de caractères restants: 1000