Publié sur Opinions

L’avenir des transports

ACHGABAT (TURKMÉNISTAN) – Chaque année, les accidents de la route font 1,25 million de morts dans le monde, dont 90 % dans les pays à faible revenu, tandis que la pollution atmosphérique cause 6,5 millions de décès (a). Sachant que les transports sont à l’origine de près de 25 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) dues à l’énergie, une profonde transformation de ce secteur s’impose pour assurer à notre planète un avenir durable.

Si l’on ne parvient pas à mettre en place des systèmes de transport durables, il ne sera pas possible d’atteindre les ODD, ni de faire avancer la lutte contre le changement climatique. La toute première Conférence sur le transport durable (a), organisée par les Nations Unies les 26 et 27 novembre 2016 à Achgabat, au Turkménistan, a rassemblé tous les acteurs (privés et publics) concernés, afin de réfléchir à des solutions permettant de passer des engagements aux actions concrètes.

 
Le transport, en particulier des systèmes de transport performants et accessibles à tous, tient une place essentielle dans le développement. Même si aucun des ODD ne porte spécifiquement sur ce secteur, celui-ci peut contribuer à la réalisation des ODD, ainsi qu’à celle des deux grands objectifs fixés par le Groupe de la Banque mondiale : mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici à 2030 et promouvoir une prospérité partagée. 

Il faut pour cela repenser le secteur du transport, et redéfinir ce que sera, demain, un transport durable.

Premièrement, les systèmes de transport doivent être performants et accessibles à tous, et favoriser une croissance sans exclus en reliant les zones rurales et urbaines d’un pays, sans laisser de côté les populations défavorisées.

Deuxièmement, les solutions de mobilité doivent concerner les dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable, et permettre ainsi l’accès à de nouveaux marchés, à l’éducation ou encore aux services de santé.

Troisièmement, pour que les économies soient plus résilientes, les systèmes de transport doivent pouvoir résister à divers chocs, et notamment aux menaces découlant du changement climatique.

Cependant, cette transformation nécessite de relever des défis multiples, et souvent antagonistes. Il faut en effet :

  • faire face à l’augmentation considérable des besoins de mobilité, à la fois pour l’acheminement du fret et pour le transport de personnes, sans saturer le réseau routier ;
  • encourager les progrès technologiques qui améliorent les performances et la coordination des systèmes de transport ;
  • construire plus d’infrastructures de transport, mais aussi et surtout construire mieux et plus résistant.

 
Il convient aussi de travailler en équipe avec les représentants des pouvoirs publics, des organisations internationales, des entreprises, de la société civile et des populations locales.

L’ensemble du secteur du transport doit se mobiliser pour accomplir une mutation véritable et radicale. Face à cet impératif de rassemblement, la Banque mondiale propose de lancer une initiative commune autour de l’enjeu de la « mobilité durable pour tous » (a). Il s’agit d’une vision globale pour le transport, avec des objectifs clairement définis, d’une coalition d’acteurs pour concrétiser cette vision, ainsi que d’un ensemble de mesures audacieuses et ambitieuses pour transformer la mobilité dans le monde entier.

Cette nouvelle vision comporte quatre grands piliers : l’accès pour tous, l’efficacité, la sécurité et l’écologie. Nous espérons que, grâce à cette initiative, les acteurs du transport pourront s’exprimer d’une seule et même voix, et que les pouvoirs publics seront mieux à même d’intégrer dans leurs politiques de transport nationales les aspects liés à la lutte contre le changement climatique, à l’inclusion de tous, à l’efficacité et à la sécurité.

À Achgabat, avec l’appui du Département britannique pour le développement international (DfiD) (a), les acteurs du transport ont été invités à s’exprimer et à parvenir à un consensus sur les quatre objectifs de la mobilité durable pour tous. Cette consultation est la première étape vers une véritable coalition.

Le Groupe de la Banque mondiale est prêt à accompagner ces efforts pour que toutes les parties prenantes se rassemblent autour de cette initiative et d’objectifs communs bien définis, et pour que toutes en bénéficient. Le secteur du transport pourra ainsi renforcer sa capacité d’action, mieux coordonner ses politiques et remédier à son déficit de financement, ce qui lui permettra d’opérer les changements nécessaires pour une mobilité durable.

Il est impératif de travailler ensemble pour faire des transports un secteur durable et porteur, qui fera avancer la réalisation des ODD et la lutte contre le changement climatique. Nous sommes convaincus que le transport peut devenir durable, à condition de rassembler une vaste coalition de partenaires en faveur de l’enjeu de la mobilité durable pour tous.


Auteurs

Mahmoud Mohieldin

Secrétaire général et envoyé spécial du président

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