Sur la photo, on voit une femme tenant son jeune enfant dans les bras, au milieu d’un champ désolé de détritus. Elle s’appelle Radha, et la légende nous apprend qu’elle habite à Jaipur et qu’elle fait partie des millions d’Indiens qui vivent de la vente des déchets récupérés dans les décharges. On y apprend aussi que, quelque temps après ce cliché, réalisé en juin 2014, la jeune femme a perdu son mari.
Cette image, que l’on doit au photographe Tierney Farrell (@tierneyfarrell), est l’une des dix photographies couronnées par le programme Your Shot de National Geographic (a), dans le cadre d’un concours dédié à la pauvreté et au défi visant à y mettre fin (#endpoverty).
Amener les gens à se sentir concernés est précisément l’une des clés de la lutte contre la pauvreté. Il y a trente ans, les images de la terrible famine qui frappait l’Éthiopie ont suscité un vaste mouvement de mobilisation dans le monde. Aujourd’hui, on estime que 700 millions de personnes vivent dans l’extrême pauvreté, c’est-à-dire avec 1,90 dollar ou moins par jour pour nourrir et vêtir leurs enfants. Plusieurs autres millions vivent juste au-dessus de ce seuil de pauvreté et doivent lutter au quotidien pour subvenir aux besoins élémentaires de leur famille et empêcher qu’elle ne s’appauvrisse encore davantage. On a du mal à se représenter des chiffres d’une telle ampleur. Avec une photo, on peut faire entrevoir la réalité d’autrui et sensibiliser l’opinion.
Le concours #endpoverty, fruit de la collaboration de l’équipe Your Shot de National Geographic et du Groupe de la Banque mondiale, invitait les photographes à témoigner en image de ce que signifie à leurs yeux « mettre fin à la pauvreté ». À quoi ressemble l’aide apportée à l’autre pour qu’il vive mieux ? Comment les individus améliorent-ils leur sort ? Quelles formes prend la « résilience » face à l’adversité ?
Chez Henry Doctolero Jr., originaire de Davao aux Philippines, cette lutte a pris les traits de trois jeunes pêcheurs artisanaux qui parviennent à peine à ramener dans leurs filets de quoi survivre. « L’eau de Matina, à Davao, n’est pas propre. Mais ils se moquent de tomber malades, le plus important c’est leur famille. Je salue le courage de ces garçons », explique le photographe. Pour Erika Larsen, cette image dit beaucoup « de notre désir d’entraide et notre volonté de survie »
Les photos du concours mettent également au premier plan des problèmes apparemment insolubles. Austin Beahm, originaire de Californie, a pointé son objectif sur un porteur de charbon dans les montagnes vietnamiennes. L’homme est un Hmong, une ethnie minoritaire et très dévalorisée du nord du Viet Nam, raconte Beahm. « Les porteurs de charbon ne sont payés que cinq dollars la journée pour aller chercher et livrer de gros sacs de charbon aux villes des alentours. C’est un travail épuisant, qui aggrave en outre la déforestation. Mais il n’y a guère d’autres moyens de subsistance. »
Comment faire face à la pauvreté et à cette absence de perspectives économiques ? Radford Davis suggère une solution dans la légende accompagnant sa photographie d’une mère entourée de ses quatre jeunes enfants en Sierra Leone « Bien que sa famille cultive la terre, ils n’ont pas assez à manger. Il faut trouver des moyens d’améliorer les cultures, accroître les rendements et réduire la charge de travail, surtout chez les femmes. »
Au cours des vingt-cinq dernières années, plus d’un milliard de personnes sont parvenues à échapper à la pauvreté. Le Groupe de la Banque mondiale ainsi que la plupart des pays du monde ont apporté leur soutien officiel à un objectif ambitieux : mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030. Pour y parvenir, il faut ouvrir les yeux, écouter, comprendre et trouver des solutions.
Et, pour commencer, vous pouvez découvrir les photos lauréates du concours sur le compte Instagram de la Banque mondiale. Dites-nous ce que vous pensez de cette initiative et du pouvoir des images pour mettre fin à la pauvreté .
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