Comment et quand utiliser la technologie pour concevoir et mettre en place des programmes d’emploi pour les jeunes ? Avant de décider d’inclure le numérique dans un projet, il faut se demander s’il est judicieux de consacrer du temps et de l’argent à ce développement. En effet, autant la technologie peut être source de changement et apporter des solutions, autant elle reste coûteuse et chronophage. En outre, avant de vouloir essayer de résoudre un problème, il faut être certain de le comprendre pleinement.
De fait, l’accès à l’information (et en particulier aux données utiles aux jeunes) est l’un des principaux domaines dans lesquels la technologie peut nous simplifier la vie . Le site Tounes Ta3mal l’a bien compris, qui est né de la volonté de mettre en relation les chercheurs d’emploi et les recruteurs.
Fruit d’un partenariat entre Silatech et Microsoft, Ta3mal (a) propose toute une palette de ressources et de services : outils de gestion de carrière, offres d’emplois, évaluations psychométriques et linguistiques, ainsi que plus de 700 cours en ligne. Mais ce qui fait véritablement la spécificité de Ta3mal, c’est son approche hybride. Les services numériques sont en effet complétés par des événements, comme des salons de l’emploi et d’autres activités mises en œuvre en partenariat avec les centres d’orientation professionnelle des universités. Cette plateforme au départ 100 % virtuelle ne s’est véritablement développée que lorsqu’elle a ajouté ces services physiques.
À ce jour, ce site compte plus de 37 000 utilisateurs et 750 employeurs inscrits. Ces derniers ont déposé près de 5 000 offres d’emplois rien qu’en Tunisie.
Du côté de l’ONG Save the Children, le programme phare pour l’emploi des jeunes s’intitule Skills to Succeed (a). L’organisation s’attache actuellement à tester et affiner des solutions numériques qui aideront les jeunes à réussir leur vie professionnelle. Pour Save the Children, le processus de conception est aussi important que le produit développé. C’est pourquoi, en collaboration avec Accenture notamment, l’organisation a mis au point un processus de développement (a) axé sur la concertation, la conception et les usagers. Ce processus compte cinq étapes :
- Comprendre la situation actuelle et faire concorder les principes et les objectifs de l’équipe, des utilisateurs et des bailleurs de fonds en vue d’une stratégie globale ;
- Définir les défis et les opportunités, et comprendre le contexte et les influences extérieures des utilisateurs ;
- Concevoir des solutions innovantes avec les utilisateurs afin de répondre à leurs besoins ;
- Élaborer des prototypes, les tester avec les utilisateurs et les améliorer rapidement ;
- Mettre le produit à l’essai et mesurer les résultats.
Save the Children a recouru à ce processus pour créer une appli mobile sur Android destinée à inciter les jeunes Indonésiennes à se fixer des objectifs et à les atteindre. L’ONG s’apprête à lancer le développement d’une solution de réalité étendue pour permettre aux jeunes de faire l’expérience du monde professionnel. En outre, elle a étudié comment se servir des réseaux sociaux pour promouvoir une culture de l’épargne, intégrer l’e-learning dans un portail d’emploi en ligne et utiliser la VoIP (voix sur IP) pour du mentorat virtuel. Save the Children a ainsi constaté qu’il était essentiel de définir une stratégie en amont si l’on veut prendre les devants et investir dans des solutions numériques adaptées au problème et s’inscrivant dans des objectifs de viabilité à long terme.
La plateforme Ta3mal et le projet de Save the Children montrent qu’il faut impérativement disposer au départ d’un produit de qualité et le compléter progressivement en fonction des informations obtenues en retour. En outre, étant donné que tout le monde n’est pas à l’aise avec la technologie, les équipes qui mettent en œuvre des solutions numériques doivent se doter d’experts des TIC spécialisés dans les projets de développement. La tolérance à l’échec est également cruciale dans ce domaine, non seulement de la part de l’équipe du projet mais aussi des bailleurs de fonds. En remettant continuellement en question nos hypothèses et nos motivations, nous pouvons approfondir notre savoir et améliorer les processus.
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