Egalement disponible en : English
Note de la rédaction : ce billet a été rédigé par Dirk Wouters, ambassadeur de Belgique aux États-Unis.
Une mère kenyane est assise dans le couloir d’un hôpital, un nouveau-né dans les bras. Elle semble perdue, son bébé lève un petit bras. Une mère indienne se repose après avoir accouché de jumelles ; elle a déjà deux filles. En rentrant au village avec un nouveau-né, une famille cambodgienne regarde l’avenir, pleine d’espoir. Sur un lit de l’hôpital de Pumwani, au Kenya, neuf bébés venant de naître sont emmaillotés dans des couvertures de différentes couleurs ; cette maternité accueille chaque jour près d’une centaine de naissances.
Ce sont quelques-unes des photographies de la série « Birth Day », de Lieve Blancquaert, que le Groupe de la Banque mondiale a exposées le mois dernier dans le hall central de son siège, à Washington, pour la Journée mondiale de l’enfance. Lieve Blancquaert a parcouru le monde pour photographier des naissances et la manière dont cet événement est accueilli selon les cultures. Son travail montre les conditions dans lesquelles les femmes accouchent, une façon unique de mettre en lumière les inégalités d’accès aux soins, les questions de genre et l’extrême pauvreté.
En tant qu’ambassadeur de la Belgique auprès des États-Unis, je me réjouis que cette exploration de l’intime soit l’œuvre d’une artiste belge. Le travail de Lieve Blancquaert est non seulement d’une grande qualité esthétique, mais il est également en quête de sens social. Les artistes belges ont toujours eu une place importante dans les arts visuels, et c’est encore le cas de nos jours. Quel meilleur rôle, pour l’art, que celui de dévoiler les problèmes qu’une époque doit affronter ?
Ces images nous font prendre conscience d’une chose : nous naissons tous de la même manière, mais plus rien n’est pareil après le premier souffle. Chaque jour, 364 501 enfants viennent au monde. Chacune de ces vies porte les germes d’une histoire nouvelle. Cette histoire sera-t-elle une histoire forte, difficile, une histoire de liberté et de résilience, de réussite ou de pauvreté ? À nous d’en décider.
Cette exposition célèbre non seulement la Journée de l’enfance, mais également les initiatives du Groupe de la Banque mondiale, du Mécanisme de financement mondial (GFF) et d’autres partenaires qui œuvrent en faveur de la petite enfance. La Coopération belge au développement s’intéresse aussi à ce thème, qui recouvre l’éducation, la santé reproductive et les droits de l’enfant. Derrière ces mots, il y a de vrais gens dans des situations difficiles. Un exemple, que je dois à Memisa, une ONG belge, m’a particulièrement marqué. Il était mentionné dans la lettre d’information du magazine de la Coopération belge au développement, Glo.be. Memisa a suivi trois femmes, Robana, Ngemenki et Élodie, qui se rendaient dans un hôpital de campagne en République démocratique du Congo. Ces femmes, dont le courage force l’admiration, ont donné naissance à leur enfant au terme d’un périple inimaginable en bateau et en vélo, et après avoir marché pendant des heures. Des cas comme ceux-ci doivent nous pousser à agir, à mettre en place des services de santé à proximité des villages, afin d’améliorer les conditions dans lesquelles les femmes accouchent, et à étendre notre soutien aux premières années de la vie d’un enfant.
La Coopération belge au développement a une longue expérience des soins de santé, et notamment des soins aux mères et aux enfants durant la grossesse et l’accouchement. Les centres de santé de la région de Mono-Couffo, au Bénin, ont ainsi récemment bénéficié d’un don important de matériels afin d’améliorer leur équipement, ainsi que d’un programme d’aide à long terme comprenant des formations, des activités de recherche et un suivi du niveau des soins. Dans ce pays, quelque 1 400 femmes meurent chaque année de complications liées à la grossesse. Notre objectif est d’apporter un appui aux agents de santé béninois pour remédier à cette situation alarmante.
En Belgique, le Centre d’innovation de la petite enfance (VBJK), situé à Gand, participe à un vaste programme de recherche à l’échelle européenne sur l’éducation inclusive et sur une approche professionnelle à l’égard de la petite enfance. Ces travaux montrent que les investissements dans des soins de qualité peuvent avoir des effets bénéfiques considérables sur les enfants qui se trouvent dans un contexte de vulnérabilité, à l’instar des enfants de migrants ou de réfugiés. Lorsqu’ils reçoivent des soins de qualité, ces enfants sont davantage susceptibles de se sentir acceptés et respectés, ce qui améliore leurs compétences linguistiques et sociales et profite in fine à tous les membres de leur famille.
Ces deux exemples prouvent que l’investissement dans la petite enfance est l’une des décisions les plus judicieuses qu’un pays puisse prendre pour mettre fin à l’extrême pauvreté, promouvoir une prospérité partagée et créer le capital humain nécessaire à la diversification et à la croissance d’une économie. Les nouveau-nés deviendront des jeunes qui auront besoin de perspectives d’avenir, d’éducation, d’estime de soi et d’emplois afin d’assurer la relève, le moment venu, et de façonner un monde meilleur.
Investir dans la petite enfance peut générer un retour sur investissement compris entre 15 et 20 %, comme le montrent la Banque mondiale, le GFF et d’autres partenaires. L’investissement dans l’enseignement, la nutrition, la santé et la protection de la petite enfance est non seulement essentiel pour le développement d’un être humain, mais il a également d’importantes répercussions sur le capital humain, la croissance et la prospérité.
Intensifier le soutien au développement de la petite enfance n’est pas pour autant une tâche aisée. Mais nous avons les moyens de le faire. Chacun a un rôle à jouer : les parents, les enseignants, les agents de santé, les organisations locales, les organismes de recherche et les acteurs de terrain, les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, etc. De même, nous devons impérativement coordonner nos actions. Je souhaite inviter toutes les parties prenantes à poursuivre et à approfondir leur coopération et leurs opportunités de collaboration, car aucune n’est en mesure de relever seule les défis auxquels est confronté l’ensemble de l’humanité.
Suivez l’action du Groupe de la Banque mondiale en matière d’éducation sur Twitter (a) et Flipboard (a).
Des ressources sur le développement de la petite enfance sont disponibles ici.
Prenez part au débat