La semaine dernière, après deux ans d’élaboration, le Groupe de la Banque islamique de développement et le Groupe de la Banque mondiale ont officiellement lancé le rapport phare intitulé Mobilizing Islamic Finance for Infrastructure Public-Private Partnerships (a) lors d’une discussion en ligne (a) depuis Washington. Nous avons montré que, grâce à des partenariats, la finance islamique peut contribuer à mobiliser les ressources financières nécessaires pour satisfaire les besoins immenses en infrastructures essentielles.
De fait, les partenariats public-privé (PPP) qui font appel à la finance islamique se multiplient au Moyen-Orient, et montent en puissance dans différents pays d’Afrique et d’Asie. Nos deux institutions s’efforcent d’exploiter leurs propres avantages compétitifs, de mettre en œuvre des interventions efficaces et de produire des résultats mesurables, pour recourir davantage à la finance islamique et élargir ses champs d’application.
Le plus tôt sera le mieux, comme le souligne Mansur Muhtar, vice-président chargé des programmes-pays du Groupe de la Banque islamique de développement : « la plupart de nos membres rencontrent des difficultés considérables lorsqu’ils cherchent à attirer des capitaux qui leur permettraient de développer leurs infrastructures et, ainsi, de parvenir à une croissance économique durable. Non seulement ils manquent de moyens budgétaires pour soutenir ces investissements cruciaux, mais leur cadre réglementaire n’est pas encore propice aux flux financiers privés. »
Étant donné leur savoir-faire, nos deux organisations sont les mieux à même de canaliser les fonds qui « répondent à la fois aux besoins des investisseurs et à ceux de la population via le renforcement des infrastructures […] tout en renforçant les connaissances, les capacités, les outils et les produits de la finance islamique afin que celle-ci apporte une contribution maximale au développement », explique Hartwig Schafer, vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour les Thématiques mondiales.
La mobilisation de la finance islamique est en phase avec l’objectif actuel : atteindre une croissance durable et inclusive en encourageant le financement par le secteur privé. Cette démarche de maximisation des financements pour le développement (a) est adoptée par les banques multilatérales de développement. Ainsi, nous devrions pouvoir accéder aux quelque 2 milliards de dollars d’actifs conformes à la charia, disponibles dans le monde.
Pourquoi est-ce aussi important ? La réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) passe par l’infrastructure, et, à lui seul, le financement classique est insuffisant au regard de la demande d’infrastructures essentielles, surtout dans les pays émergents et en développement.
Comme l’a déclaré en ouverture Mahmoud Mohieldin, premier vice-président du Groupe de la Banque mondiale, « l’avenir de la finance islamique doit être davantage lié aux ODD. La finance islamique est parfaitement compatible avec ce que ces objectifs incarnent […] : une gouvernance responsable, une société équitable, une croissance inclusive, des ressources et un environnement durables. »
Destinée à sensibiliser à ces questions notre personnel et, plus largement, un public extérieur, la discussion en ligne a rassemblé un riche panel d’experts (a) en finance islamique et infrastructures, dans nos deux organisations, des chercheurs, et des représentants du secteur privé, pour analyser comment la finance islamique sert déjà à financer, de façon innovante, des projets infrastructurels reposant sur des PPP. Les participants ont examiné les problèmes structurels, les solutions, et ce qui peut permettre d’intensifier et de maximiser l’utilisation de la finance islamique dans les institutions de développement et les institutions financières internationales.
Pourquoi la finance islamique ?
L’expansion de la finance islamique, particulièrement pour des projets de PPP dans l’infrastructure, offre d’excellentes opportunités à de nombreux pays en développement pour mobiliser ces fonds au profit du développement de leur infrastructure.
Voici les conclusions du rapport (a) :
- La finance islamique est un partenaire naturel pour des projets de PPP dans l’infrastructure.En effet, chaque opération doit être adossée à un actif physique tangible. Les pratiques et leur application au financement de ce type de projets ont évolué et mûri. Désormais, on peut faire appel à la finance islamique pour une large palette de projets de PPP portant sur les infrastructures, telles que des routes, la production d’énergie, des aéroports, des ports ou des hôpitaux.
- Des solutions faisant coexister, pour ces projets, la finance classique et la finance islamique ont été expérimentées à grande échelle, avec des résultats très probants, dans divers pays, secteurs et contextes.Ces deux modes de financement se complètent afin de remédier au déficit de fonds pour les infrastructures dans le monde.
- Dans la plupart des pays où la finance islamique est déployée pour des PPP dans l’infrastructure, les premiers projets, peu nombreux, ont reçu l’aide financière de banques multilatérales de développement ou d’institutions de financement du développement, ce qui a incité des organismes de crédit commercial à s’engager, eux aussi, dans cette voie. Mais il est nécessaire de faire mieux connaître les instruments de la finance islamique pour les projets de PPP dans l’infrastructure.
Perspectives
La standardisation des documents liés à la finance islamique constituerait un grand progrès. Même si chaque opération est spécifique et doit être adaptée au contexte local, la standardisation permettrait à nombre d’utilisateurs de bien comprendre les principaux aspects des prêts et de la législation concernant la finance islamique pour les PPP. Ces référentiels, les portefeuilles de contrats standardisés et d’autres documents peuvent donner un point d’entrée et un cadre.
Plus généralement, pour insuffler un élan supplémentaire à la finance islamique, les banques multilatérales de développement devront travailler encore plus étroitement les unes avec les autres, ainsi qu’avec les pays, les organisations internationales, les institutions islamiques œuvrant en faveur de l’infrastructure et les institutions financières islamiques.
En outre, vu les constats du rapport, l’une des priorités pour le Groupe de la Banque islamique de développement sera de mettre en place un environnement solide, qui appuiera les projets de PPP, et, surtout, de définir comment nos pays membres pourront lever, avec le plus d’efficacité, les obstacles à l’investissement privé dans les infrastructures.
Nous considérons ce rapport et ce partenariat comme la première grande étape d’une collaboration. Nous allons continuer de recueillir davantage de données pour avancer dans cette direction, aux côtés du Groupe de la Banque mondiale.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le rapport (a) et revoir ici la vidéo de la discussion (a).
Le rapport Mobilizing Islamic Finance for Infrastructure Public-Private Partnerships (a) a été financé par le PPIAF (a). C’est la première tentative systématique de collecte et de diffusion d’informations sur le déploiement de la finance islamique comme source de financement supplémentaire pour des projets de PPP dans l’infrastructure. Cette publication s’est appuyée sur des contributions et des consultations avec l’ensemble des acteurs de la finance islamique, ainsi que sur de vastes études de cas, sélectionnées, selon des critères rigoureux, parmi un large éventail de secteurs et de pays.
N.B. : Ce billet ne reflète pas nécessairement le point de vue du Groupe de la Banque mondiale, de son personnel ou des gouvernements qu’il représente. Le Groupe de la Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données, des constats et de l’analyse qui y figurent.
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