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Les défis des petits États en cinq graphiques

A high degree of economic concentration, vulnerability to natural and climate-related disasters, and dependency on global trade makes growth in small states more volatile than in other EMDEs. Photo: Karolina Ordon / World Bank A high degree of economic concentration, vulnerability to natural and climate-related disasters, and dependency on global trade makes growth in small states more volatile than in other EMDEs. Photo: Karolina Ordon / World Bank

La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions économiques particulièrement graves sur les petits États (moins de 1,5 million d’habitants). Pour accélérer leur croissance tout en renforçant leur résilience face aux chocs futurs, ces pays devront consentir des efforts considérables et être soutenus par la communauté internationale. Ces efforts consistent notamment à diversifier l’économie, améliorer la connectivité numérique et physique, renforcer la gestion des risques de catastrophe, réduire la dépendance aux combustibles fossiles importés, faire baisser les coûts des échanges commerciaux et collaborer au-delà des frontières afin de réaliser des économies d’échelle.

 

1. Les petits États ont été durement touchés par la pandémie et leurs économies ne redémarrent que lentement

Après une chute de la production de plus de 11 % en 2020, soit sept fois plus que dans les autres économies émergentes et en développement, la reprise dans les petits États est ralentie par les répercussions de l’invasion de l’Ukraine  par la Fédération de Russie et par le resserrement généralisé des politiques monétaires. Au rythme de croissance actuellement anticipé, la production globale des petits États ne retrouvera son niveau de 2019 que cette année, tandis que le reste des économies émergentes et en développement ont dépassé leurs performances pré-COVID dès 2021.

 

Graphique 1 : PIB par rapport aux niveaux pré-COVID

Graphique 1 : PIB par rapport aux niveaux pré-COVID

Source : Banque mondiale.
Note : EMDE= économies de marché émergentes et en développement. Les taux de croissance sont calculés sur la base de pondérations du PIB réel en dollars aux prix et taux de change moyens du marché sur la période 2010-19. L’échantillon comprend 37 économies avancées, 115 économies de marché émergentes et en développement (hors petits États) et 34 petits États. Le Guyana n’est pas inclus dans les données.

 

2. Les petits États se caractérisent par une forte concentration économique, le plus souvent dans le tourisme

L’économie des petits États repose généralement sur un ou deux secteurs, et sur le tourisme le plus souvent. Avant la pandémie, les dépenses des touristes étrangers représentaient en moyenne 18 % du PIB dans les petits États, voire près de 50 % dans certains d’entre eux. L’effondrement des voyages internationaux causé par la COVID a donc eu un impact disproportionné sur ces pays.

 

Graphique 2 : Arrivées de touristes

Graphique 2 : Arrivées de touristes

Sources : Haver Analytics ; organismes nationaux de statistique ; Organisation mondiale du tourisme ; Banque mondiale.
Note : Nombre total d’arrivées de visiteurs (non corrigé des variations saisonnières) dans chaque groupe de pays. Îles des Caraïbes : Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Barbade, Belize, Dominique, Grenade, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les Grenadines. Îles de l’océan Indien : Maldives, Maurice et Seychelles. Îles de l’océan Pacifique : Fidji et Palau. Les dernières données disponibles datent de mars 2022 pour les îles des Caraïbes, de septembre 2022 pour les îles de l’océan Pacifique et l'ensemble du monde, et d’octobre 2022 pour les îles de l’océan Indien.

 

3. Les petits États dépendent fortement des importations de nourriture et de combustible

La reprise dans les petits États a été en partie freinée par les prix élevés de l’énergie et de l’alimentation. Les importations de produits alimentaires et de combustibles représentent environ un sixième du PIB dans les petits États, soit une part beaucoup plus importante que dans les autres économies émergentes et en développement. La guerre en Ukraine a bouleversé les marchés mondiaux des céréales, de l’énergie et des engrais, entraînant de fortes hausses des prix des denrées, qui ont conduit à une détérioration des termes de l’échange, à une montée de l’inflation et à une baisse du niveau de vie.

 

Graphique 3 : importations de produits alimentaires et de combustibles

Graphique 3 : importations de produits alimentaires et de combustibles

Sources : UN Comtrade et Banque mondiale.
Note : EMDE= économies de marché émergentes et en développement. Les colonnes représentent les moyennes non pondérées. Données 2019. Pour les importations alimentaires, l’échantillon est composé de 95 économies de marché émergentes et en développement (hors petits États) et de 22 petits États. Pour les importations de combustibles, l'échantillon comprend 78 économies de marché émergentes et en développement (hors petits États) et 18 petits États, et n’inclut pas les pays exportateurs d’énergie.

 

4. Les petits États sont très vulnérables au changement climatique

Les petits États subissent déjà des catastrophes naturelles d’origine climatique de plus en plus fréquentes depuis ces dernières décennies, et l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière menacent l’existence même de certains d’entre eux. Les dommages et pertes dus aux catastrophes ont coûté aux petits États près de 5 % de leur PIB annuel depuis 1990, soit environ 15 fois plus que dans les autres économies émergentes et en développement.  Dans les cas extrêmes, tels que l’ouragan Maria en 2017 en Dominique et l’ouragan Ivan à la Grenade en 2004, le coût des dégâts causés par une seule catastrophe dans un pays atteint un niveau équivalent à plusieurs fois son PIB.

 

Graphique 4 : Dommages et pertes dus aux catastrophes naturelles, 1990-2021

Graphique 4 : Dommages et pertes dus aux catastrophes naturelles, 1990-2021

Sources : Base de données EM-DAT et Banque mondiale.
Note : EMDE= économies de marché émergentes et en développement. Les barres représentent la somme des dommages dans chaque groupe de pays pour chaque année divisée par la somme du PIB nominal dans chaque groupe de pays, pondérée par le PIB nominal de chaque pays.

 

5. L’activité dans les petits États est sujette à d’importantes fluctuations

Les petits États ont une croissance plus fragile que les autres économies émergentes et en développement en raison de leur forte concentration économique, de leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles et climatiques  et de leur dépendance aux échanges commerciaux. Dans le même temps, leur croissance est pénalisée par des capacités limitées et, en particulier dans les pays d’Asie de l’Est-Pacifique et d’Afrique subsaharienne, et par un manque de voies de communication et de connectivité numérique.

 

Graphique 5 : Volatilité de la croissance du PIB dans les petits États, 2000-21

Graphique 5 : Volatilité de la croissance du PIB dans les petits États, 2000-21

Source : Banque mondiale.
Note : Moyenne des écarts-types de la croissance entre 2000 et 2021 pour les pays de chaque groupe. L’échantillon comprend 12 petits États exportateurs de produits de base et 22 petits États dépendants du tourisme. Les valeurs aberrantes ne sont pas prises en compte.


Auteurs

Patrick Kirby

Senior Economist, Office of the Chief Economist for South Asia

Dana Vorisek

Économiste senior, Groupe des perspectives de développement à la Banque mondiale

Philip Kenworthy

Économiste au sein de la cellule Perspectives de la Banque mondiale

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