Les projets de conservation que nous soutenons se caractérisent souvent par l’absence de réseaux permettant aux femmes de partager leurs idées et d’apprendre les unes des autres.
D’où le souhait de constituer un réseau intégralement féminin pour aider celles qui s’engagent dans la protection de la nature et leur donner des moyens d’agir, qui débouchera sur l’idée du WiNN, le Réseau des femmes pour la nature (a), fondé en 2013 par deux d’entre nous et douze autres femmes.
Géré par des volontaires, le réseau WiNN s’adresse aux femmes souhaitant contribuer à la conservation de la nature. Plateforme d’interaction et de partage d’expériences, il a pour objectif de renforcer l’impact des mesures de préservation et d’ouvrir la voie à la prochaine génération de chefs de file.
En plus de soutenir des projets de conservation initiés par des femmes, le réseau WiNN propose un programme d’accompagnement, dispose de plusieurs antennes dans le monde (huit à ce jour) et organise des manifestations annuelles pour resserrer les liens entre ses membres. Après l’Argentine en 2016, le Mexique en 2017 et le Guyana en 2018, la dernière rencontre s’est déroulée en janvier à Guwahati (Inde). Plus de 70 femmes venues du sous-continent mais aussi d’Argentine, du Bhoutan, des États-Unis, du Guyana, du Honduras, du Mexique, du Myanmar, du Népal, du Sri Lanka et du Viet Nam ont répondu présentes.
Grâce au programme de conseil sur l’hydroélectricité de la Société financière internationale (IFC) (a), cinq Népalaises et une Birmane ont pu participer à la rencontre, qui entendait renforcer les capacités de l’assistance à contribuer au développement durable de leurs pays.
Comment une armée de femmes a sauvé le marabout argala
Purnima Devi Barman, qui milite en faveur de la conservation de la nature et travaille pour Aaranyak, une grande ONG de protection de la faune de Guwahati, co-organisait cette manifestation. En 2008, alors étudiante en doctorat, Purnima se retrouve dans un village pour recueillir des données sur un échassier en danger, le marabout argala (Leptoptilos dubius). Abandonnant sa thèse, elle va devenir l’une de ses plus ferventes défenseures. Connu par les habitants sous l’appellation de hargila, cet immense oiseau a longtemps fait partie de l’écosystème asiatique avant que l’espèce ne soit décimée, notamment par les dégradations de l’habitat.
Purnima sensibilise les communautés et consacre toute son énergie à sauver cet oiseau ; elle étudie ses habitudes au moment de la reproduction, récupère et sauve les individus blessés, protège les arbres et les nids et travaille avec les décideurs et les 10 000 habitants des lieux connus pour abriter le plus de membres de cette espèce. Mais son meilleur allié, c’est « l’armée du Hargila », une brigade de 70 femmes qui n’ont de cesse de sensibiliser à la présence de cet échassier, dont une image symbolique illustre tous les produits artisanaux qu’elles vendent. En 2017, la London’s Royal Geographical Society récompense Purnima pour ses efforts avec le prix de la conservation écologique (a).
Amener à la conservation en misant d’abord sur la confiance
La plupart des femmes présentes à la rencontre de Guwahati œuvrent en faveur de projets de conservation de la nature qui impliquent les communautés, exactement comme Purnima. Toutes disent avoir commencé par tisser des liens avec les femmes dans les villages. L’une raconte comment, avant de s’attaquer à un problème, elle écoute les villageois pour mieux comprendre leurs difficultés puis tâche de gagner leur confiance en cuisinant et en déjeunant avec eux. D’autres insistent sur l’importance de tenir ses promesses et donc de ne s’engager que sur des projets réalistes.
De l’avis général, le premier facteur de réussite consiste à maximiser les diverses compétences des femmes, qu’elles soient d’ordre technique, entrepreneurial ou social. Ce fut un véritable honneur que de côtoyer ces personnalités étonnantes.
Les débuts de WiNN : rapprocher les femmes des communautés rurales engagées dans la conservation et susciter des échanges
Lorsque nous avons lancé le réseau WiNN, nous voulions rapprocher les femmes vivant en milieu rural de femmes travaillant dans la gestion des ressources naturelles. Lan Thi Kim Ho, éducatrice en environnement pour le parc national de Cuc Phuong, dans le nord du Viet Nam, se sentait bien seule pour faire progresser la conservation. Avoir rejoint le réseau lui a donné un véritable levier d’action. Nos premières rencontres en Argentine et au Mexique ont réuni plus de 120 femmes venues d’Argentine, de Colombie, des États-Unis, du Guyana, d’Inde, du Kenya, du Mexique, du Pérou et du Viet Nam et ont débouché sur la création d’antennes WiNN dans tous ces pays. Pour toucher davantage de femmes dans les zones rurales et mieux les aider, le réseau WiNN a ensuite organisé un échange entre l’Inde et le Guyana.
La Banque mondiale soutient le sommet de Gorongosa sur les femmes et les parcs nationaux
Du 3 au 6 avril prochain, nous participerons au premier sommet sur les femmes et les parcs nationaux, organisé au Mozambique par le parc national de Gorongosa, l’agence nationale du Mozambique pour les aires de conservation, la fondation Carr, National Geographic et le Programme mondial pour la vie sauvage (GWP), un partenariat piloté par la Banque mondiale et financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Plusieurs femmes participant à des projets soutenus par le GWP seront présentes pour partager leurs expériences, notamment en matière de conservation de la faune et de lutte contre le braconnage.
N’hésitez pas à utiliser la section « commentaires », ci-après, pour nous parler de femmes engagées dans des actions de conservation. Nous avons hâte de découvrir leur parcours, et vous invitons à consulter quelques-unes des vidéos du GWP qui illustrent le rôle des femmes dans la conservation de la nature :
Restoring Malawi’s Shire River Basin
Rowing a boat to protect Vietnam’s nature, langurs and livelihoods
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