Publié sur Opinions

Les objectifs mondiaux : la transformation économique dans un monde interconnecté

Ouvriers qui coulent du béton au Timor-Leste. © Alex Baluyut/Banque mondiale


Cette semaine, les pays du monde entier se réunissent au siège des Nations Unies à New York pour adopter les 17 Objectifs de développement durable (ODD) qui guideront les efforts mondiaux de développement jusqu’en 2030. Les ODD bénéficient d’un engagement actif et d’un appui massif de la part du Groupe de la Banque mondiale et des autres organisations multilatérales, mais ce sont les pays eux-mêmes qui en définissent le contenu.

Ce programme est à la fois ambitieux (le nombre d’objectifs a été multiplié par plus de deux par rapport aux 8 objectifs du Millénaire pour le développement, qui seront officiellement remplacés par les ODD à la fin de 2015) et plus complet que le précédent. Par exemple, le premier OMD visait à « mettre fin à l’extrême pauvreté et la faim d’ici 2015 ». Les ODD qui lui succèdent reprennent intégralement ces défis : « Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde » (Objectif n° 1) et « Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable » (Objectif n° 2). Et dans un monde où les « marchés émergents » englobent désormais des économies plus vastes que nombre de membres de l’Union européenne, les pays ont choisi de rendre ces objectifs universels, afin qu’ils s’appliquent autant aux nations les plus riches qu’aux plus pauvres de la planète.

Cette approche holistique reflète d’autres changements fondamentaux dans la manière dont les pays envisagent le développement. Le changement climatique ne connaît pas de frontières, et les populations migrent en quête d’opportunités ou pour fuir des conflits. Le développement est indissociable de l’investissement et du financement privés. Les changements qui importent le plus sont par nature mondiaux, même si les efforts de développement se concentrent sur les besoins de certaines populations, de certaines villes, de certains pays et de certaines régions.

L’ampleur du défi

Plusieurs dirigeants du Groupe de la Banque mondiale ont expliqué comment nous pouvons parvenir aux ODD et ce que ces objectifs signifient pour les pays dont nous nous occupons. Plusieurs d’entre eux ont récemment publié des billets dans le Huffington Post (a) à ce propos.

Les problèmes restent évidemment considérables. Par exemple, « 1,1 milliard de personnes vivent encore sans électricité, et 2,9 milliards ne disposent toujours pas de combustibles modernes pour cuisiner et se chauffer », souligne Anita George, directrice principale du pôle Énergie et industries extractives. De même, « près de 2,5 milliards de personnes dans le monde sont toujours dépourvues d'installations sanitaires adéquates, et 768 millions n'ont pas d'accès à l'eau potable », comme l’explique Dimitris Tsitsiragos, vice-président du département Services mondiaux aux clients d’IFC. 

Ces chiffres constituent le scénario de référence dans lequel le changement climatique et l’accroissement et la concentration des populations ainsi que l’augmentation du niveau de vie exercent de nouvelles pressions dans la plupart des régions du monde. Ainsi que le fait observer Rachel Kyte, vice-présidente et envoyée spéciale pour le changement climatique : « Il n’existe aucun scénario dans lequel nous pourrions atteindre les ODD d’ici la date-butoir de 2030 si les émissions polluantes continuent au rythme actuel ». Pour Junaid Ahmad, directeur principal du pôle Eau, « la demande planétaire liée à la sécurité alimentaire et énergétique, ainsi qu’à la poursuite de l’urbanisation, fera peser des pressions sans précédent » sur ce secteur. Paula Caballero, directrice principale du pôle Environnement et ressources naturelles, résume ainsi le problème : « Nous n’avons qu’une seule planète ».

De bonnes raisons d’être optimiste

S’il n’y avait pas de bonnes raisons d’être optimiste et de penser que nous pouvons relever ces défis, la réalisation des ODD semblerait compromise étant donné le contexte actuel. « Il nous faudra aussi affronter de vieux problèmes avec des idées neuves », comme le note Ana Revenga, directrice principale du pôle Pauvreté et équité. Pour Gavin Wilson, directeur général d’IFC Asset Management Company, l’essentiel réside dans les savoirs, les financements et les partenariats. Le premier élément, qui a trait aux compétences techniques, est en bonne voie. «  Reste à savoir comment financer ces solutions et former des partenariats pour les mettre en œuvre ».

De même, on s’attaque de front à la question du financement, via la collaboration. Pour ouvrir la voie à la mise en œuvre des ODD (alors que tout le monde admet que des milliers de milliards et non seulement des milliards de dollars seront nécessaires), le Groupe de la Banque mondiale s’est joint à la communauté internationale en juillet, à l’occasion de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement (a) à Addis-Abeba, en Éthiopie. Les discussions ont mis en évidence un triple objectif pour le Groupe de la Banque mondiale : apporter des financements grâce à nos propres institutions, aider les pays partenaires à exploiter leurs ressources et mobiliser des financements supplémentaires émanant du secteur privé. 

Pour réussir, nous devrons « utiliser les maigres financements publics dont nous disposons afin d’attirer l’investissement privé », explique Joachim von Amsberg, vice-président en charge du financement du développement. Et d’ajouter que notre rôle est de « servir de levier », en mettant en profit la confiance que nous avons instaurée au fil du temps pour que le financement du développement augmente massivement comme le requiert la réalisation des ODD. 

Tisser des liens

Les dirigeants du Groupe de la Banque mondiale discutent des ODD en cherchant à montrer l’esprit de collaboration que les pays ont adopté grâce aux contacts noués avec des secteurs qui sont inextricablement liés à leurs domaines d’action. De plus, pour mesurer les avancées, il faudra un ensemble d’indicateurs vaste et complet. C’est pourquoi les ODD incluent très peu de qualificatifs ou d’exemptions. Ils n’exigent rien de moins qu’une transformation de l’économie mondiale. Et cette transformation est déjà en partie à l’œuvre, de plus en plus sous l’action des pays, des secteurs économiques et des individus eux-mêmes.

Il est bien entendu légitime de se demander comment les nouveaux objectifs cadreront avec ceux du Groupe de la Banque mondiale relatifs à la pauvreté et à la prospérité. En réalité, tous ces objectifs se renforcent mutuellement ; les ODD et leurs indicateurs permettent de suivre les avancées de manière holistique et nous savons déjà que c’est la bonne approche. Pour mettre fin à la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée, Sri Mulyani Indrawati, directrice générale et directrice des opérations à la Banque mondiale, affirme que « tous les pays devront faire de leur mieux dans chaque domaine du développement : de la santé à l’énergie en passant par l’éducation et par tous les autres domaines couverts par les 17 nouveaux Objectifs de développement durable ».

Les pays du monde entier s’apprêtent à relever les défis posés par les ODD. Et le Groupe de la Banque mondiale est là pour les y aider.

Des parties de ce billet ont déjà été publiées par le Huffington Post (a).


Auteurs

Paul McClure

Senior External Affairs Officer, World Bank

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