De 1975 à 1979, le Cambodge a été en proie à la violence sanguinaire des Khmers rouges, qui a coûté la vie à deux millions de personnes. Les artistes et les intellectuels étaient particulièrement visés ; le simple fait de porter des lunettes suffisait à rendre un individu coupable aux yeux du régime. C’est par l’éducation des jeunes générations que le pays a pu renouer avec les arts et la musique. La volonté d’éveiller et sensibiliser les jeunes cambodgiens aux arts nationaux a aussi une dimension économique, puisqu’elle se traduit par des emplois pour les professeurs et, potentiellement, pour leurs élèves.
Une cause que soutiennent les musiciens de Dengue Fever (a), par le biais de leurs nombreux fans et de leur action caritative aux côtés du Cambodian Living Arts (a), une association d’action locale œuvrant à la réhabilitation des arts traditionnels. Lors de ses tournées au Cambodge (a), le groupe de Los Angeles organise des concerts de bienfaisance, participe à des campagnes d’intérêt public, « prête » ses chansons à l’organisation à des fins de promotion… « Ceux qui ont été tués incarnaient véritablement cette culture. Aujourd’hui, Cambodian Living Arts part à la recherche de ces artistes traditionnels », explique le bassiste du groupe, Senon Williams. « Prenez le tro par exemple. Seules quelques rares personnes jouaient encore de cet instrument. À présent, il y en a beaucoup, même parmi les enfants. »
Pour les populations pauvres, il est absolument capital de pouvoir travailler. Cchom Nimol, chanteuse du groupe et elle-même d’origine cambodgienne, en est la preuve vivante.
Elle a grandi dans un camp de réfugiés en Thaïlande. Durant des années, sa famille est restée sans nouvelle de sa sœur, restée au Cambodge. Puis, à la fin des années 80, ils l’ont entendue chanter à la radio. Toute la famille se retrouve alors de nouveau réunie au pays. Après avoir remporté un télé-crochet (les « Apsara Awards »), Cchom Nimol décide de tenter sa chance aux États-Unis en 2001. La chanteuse devenue star est un modèle dans son pays natal. « Je vis ici depuis quinze ans mais j’aime retourner chanter au Cambodge », confie-t-elle. « Je suis heureuse de pouvoir aider mon pays et lutter contre la pauvreté. »
« Lorsque nous nous rendons avec Nimol dans des écoles du Cambodian Living Arts ou à l’université de Phnom Penh, elle est l’exemple vivant de ce que l’on peut accomplir dans la vie », ajoute Senon Williams. « On peut devenir une vedette quelle que soit la voie que l’on choisit. »
Et même si nous ne sommes pas tous des rock stars influentes, nous pouvons aider autrement. « Beaucoup de gens donnent de l’argent mais ils ne s’engagent pas. J’ai découvert que je pouvais aider les autres par ma musique à travers des moyens que je ne soupçonnais pas », poursuit l’artiste. « Mais pour cela il faut trouver ce qui passionne. Il est vraiment important de trouver ce que l’on peut faire et apporter son soutien au monde qui nous entoure. »
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