Publié sur Opinions

Face à la pandémie, la Banque mondiale agit pour protéger les populations et investir dans le capital humain

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© Henitsoa Rafalia/Banque mondiale

Que signifie vivre avec la pandémie quand on est une fille ? L’apparition du nouveau coronavirus (COVID-19) a bouleversé la vie de millions de filles, avec des conséquences susceptibles de les marquer à tout jamais.  Privées d’un lieu sûr pour étudier à la suite de la fermeture des écoles, c’est à elles qu’incombe la tâche de s’occuper des membres âgés de la famille et de leurs frères et sœurs plus jeunes. Elles courent aussi le risque d’un mariage et d’une grossesse précoces qui viendront briser net leurs aspirations dans la vie.

Des gains en capital humain durement acquis et aujourd'hui en danger

La pandémie risque de saper définitivement le capital humain de toute une génération d’enfants, en particulier au sein des familles pauvres. Les progrès durement obtenus au cours de la dernière décennie sur le plan de la santé et de l’éducation, et qu’illustre notre édition actualisée de l’indice de capital humain (a), sont aujourd’hui en danger du fait de l’effondrement des revenus des ménages et des services essentiels.

Selon les estimations des Nations Unies, 130 millions d’enfants supplémentaires pourraient souffrir de malnutrition à cause de la pandémie, tandis que 80 millions risquent d’être privés de vaccins vitaux.  Au plus fort de la pandémie, quelque 1,6 milliard d’enfants n’allaient plus en classe. Nos estimations montrent que ces élèves risquent de voir leurs revenus tout au long de la vie amputés d’un montant estimé à 10 000 milliards de dollars à la suite des perturbations infligées à leur scolarité et leur apprentissage.

En l’absence d’interventions rapides et concertées, à l’image de celles proposées dans notre analyse sur la protection des populations et des économies (a), la dégradation des conditions de santé, des connaissances, des compétences et des opportunités imputable à la pandémie aujourd’hui aura pour effet demain de fragiliser les chances de reprise économique et de prospérité de nations entières.

La bonne nouvelle, c’est que les États sont nombreux à passer à l’action, dans un contexte marqué par des contraintes budgétaires importantes. La Banque mondiale, de même que d’autres institutions financières internationales, s’est mise en ordre de marche. Sa priorité : aider les pays à protéger leur population et investir dans leur capital humain. 

Apporter une réponse sanitaire d’urgence

La réponse mobilisée par la Banque mondiale pour faire face à l’urgence sanitaire se chiffre actuellement à 6,6 milliards de dollars (selon les données disponibles à la mi-septembre) et elle s'attache directement à protéger les populations. L’ensemble de ces projets, qui concernent à présent 111 pays (dont 31 en situation de conflit, fragilité et violence), aident les gouvernements à contenir la pandémie de COVID-19 et à faire en sorte que les ménages vulnérables puissent avoir accès à des services essentiels et préventifs dans les secteurs de la santé mais aussi de l'eau et de l’assainissement. Près de la moitié des ressources mobilisées ont déjà atteint les bénéficiaires sur le terrain.

  • Le financement de 1 milliard de dollars alloué à un projet d’urgence sanitaire en Inde, par exemple, permet d’améliorer le système de surveillance des maladies, de renforcer la préparation aux épidémies et de réorganiser les hôpitaux spécialisés dans les maladies infectieuses.
  • De l’Afghanistan à la République démocratique du Congo (RDC), en passant par Haïti et le Yémen, des pays fragiles peuvent procéder à l’achat d’équipements médicaux vitaux.
  • Le soutien apporté à la Côte d’Ivoire et à l’Égypte vise à mettre en place des plateformes et des outils de communication pour mieux sensibiliser la population aux mesures de prévention contre le coronavirus. 

Dans nombre de pays, ces projets sanitaires d’urgence viennent soutenir des solutions innovantes, comme au Bangladesh, où des microentreprises ont été mobilisées pour produire 33 000 kits d’équipement de protection individuelle et 82 millions de masques.

Repenser les services de protection sociale et d’éducation

En plus de protéger les populations, les projets de la Banque mondiale soutiennent les investissements dans leur avenir. Investir dans la population, c’est avant tout se focaliser sur la protection sociale et l’éducation.

Face à la pandémie, la Banque mondiale a débloqué 4,2 milliards de financements d’urgence en faveur de projets de protection sociale qui bénéficient déjà à plus de 850 millions de personnes pauvres et vulnérables dans 51 pays, dont 11 États en situation de conflit et de fragilité. Ces ressources permettent aux ménages de se procurer des aliments nutritifs, de préserver leur bien-être et de veiller à la santé et au développement de leurs enfants.

  • En Indonésie, par exemple, 40 millions de pauvres perçoivent des paiements électroniques.
  • En Inde, un prêt de 750 millions de dollars a financé des distributions de nourriture au profit de 800 millions de pauvres, ainsi que diverses opérations de transferts monétaires ciblés effectuées à l’aide du système d’identification biométrique Aadhar et de paiements numériques.
  • Dans les pays fragiles, comme en Guinée et en République du Congo, les projets ne visent pas seulement à fournir des allocations monétaires aux pauvres : ils jettent aussi les bases d’un système de filets sociaux qui permette de mieux répondre aux chocs.

Dans le secteur de l’éducation, l’aide d’urgence apportée par la Banque mondiale concerne actuellement 43 pays, dont 11 en situation de conflit et de fragilité, pour un montant total de 1,25 milliard de dollars.  Ces projets mettent en place des programmes novateurs qui combinent plusieurs canaux (téléphone, SMS, télévision, radio, documents papier et plateformes numériques) pour permettre un apprentissage à distance et donner aux parents les moyens de stimuler et accompagner le développement de leurs jeunes enfants.

  • En Égypte, par exemple, la Banque a aidé les autorités à substituer des projets de recherche en ligne aux traditionnels examens nationaux, à étendre les supports numériques à tous les niveaux d’enseignement et à les rendre accessibles sur les appareils mobiles et les chaînes de télévision.
  • Dans un pays fragile comme la RDC, la Banque aide les pouvoirs publics à adapter des leçons interactives préenregistrées à l’origine conçues pour les élèves et les enseignants afin de permettre aux parents d'assister leurs enfants à la maison.

Dans le cadre du processus de réouverture des écoles, la Banque mondiale aide les pays à mettre en place des campagnes de réinscription et de prévention des décrochages , à réaménager le calendrier scolaire et à des protocoles de sécurité et d’hygiène tout en fournissant aux établissements des produits sanitaires essentiels.

Innover pour l’avenir

Mais le soutien de la Banque vise aussi et surtout à aider les pays à exploiter les investissements consentis aujourd’hui comme un tremplin pour développer des systèmes qui assureront demain à leur population une offre de services résiliente, équitable et de qualité. 

  • La pandémie peut devenir l’occasion de moderniser les systèmes d’éducation, comme en témoigne l’exemple de la Jordanie et de la Turquie. Ces deux pays s’emploient actuellement à créer des contenus et des plateformes numériques qui permettront de proposer des dispositifs d’apprentissage et d’enseignement mixtes, avec à la clé la possibilité pour les enfants des ménages pauvres et pour les réfugiés d'accéder à une éducation de qualité partout et à tout moment.
  • Dans le domaine de la protection sociale, la Côte d’Ivoire met en place un registre pour mieux cibler les bénéficiaires, avec l’objectif d’identifier avec plus de rapidité et d'efficacité les foyers pauvres et vulnérables fragilisés par l’actuelle pandémie et, au-delà, par d’autres chocs à venir.

Tous ces exemples sont autant de signes encourageants, même s’il reste encore beaucoup à faire. Les répercussions profondes de cette crise soulignent l’urgence d’instaurer la couverture santé universelle, de renforcer la protection sociale et de moderniser les systèmes éducatifs, afin de faire en sorte que les pays puissent protéger leur population et investir dans leur capital humain, tout en jetant les bases de leur résilience future. Les gouvernements, la société civile, les institutions financières internationales et le secteur privé doivent unir leurs forces afin de soutenir le déploiement des investissements ambitieux et éclairés dont les pays ont besoin pour donner à chacun les moyens de réaliser son potentiel.


VOIR AUSSI :

L'actualité du Groupe de la Banque mondiale face à la pandémie de COVID-19

Indice du capital humain : mise à jour 2020


Auteurs

Mamta Murthi

Vice-présidente de la Banque mondiale pour le Développement humain

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