Publié sur Opinions

Plaidoyer pour la couverture santé universelle

Ban Ki-moon Secrétaire Général de l’ONU, Jim Yong Kim Président du Groupe de la Banque mondiale et Ngozi Okonjo-Iweala Ministre des Finances de la République du Nigeria  au forum  Vers une Couverture de Santé Universelle à l’horizon 2030. © Simone D. McCourtie/World Bank

Alors que la santé (a) est un luxe inabordable pour des millions d’individus à travers le monde, des pays aussi divers que le Myanmar, le Nigéria, le Pérou, le Sénégal, le Kenya, l'Afrique du Sud et les Philippines envisagent avec de plus en plus d’enthousiasme l’idée d’une couverture santé universelle.

Cet élan grandissant a fait l'objet de l'un des événements phares des Réunions de printemps 2014 : co-organisée par la Banque mondiale et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la manifestation intitulée Vers une couverture santé universelle à l’horizon 2030 et animée par la directrice générale de l’OMS Margaret Chan, était consacrée à la défense de cet objectif et aux étapes permettant d'y parvenir.


Selon Ban Ki-moon, qui faisait partie des intervenants, quelque 70 États ont demandé aux Nations Unies de les aider à atteindre la couverture santé universelle. « Nous pouvons nous réjouir du fait qu'en Suède, la quasi-totalité des femmes survivent à l'accouchement », a déclaré le secrétaire général des Nations Unies. «Toutefois, au Soudan du Sud, une femme enceinte sur sept mourra en couche. Lutter contre cette inégalité relève autant de la santé que des droits de l'homme... Pour garantir la santé de tous, nous devons prendre des mesures préventives. Le concept de couverture santé universelle pourrait dès lors s'avérer un important catalyseur. »

Ban Ki-moon a participé à un groupe de discussion réunissant aussi Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale, Lawrence H. Summers (a), professeur honoraire à l'université Harvard, Ngozi Okonjo-Iweala (a), ministre des Finances du Nigéria, et Michael Bloomberg (a), ancien maire de New York et actuel envoyé spécial des Nations Unies pour les villes et les changements climatiques.
 

« Il faut une prise de conscience des ministres des Finances, car la couverture santé universelle a d'immenses avantages d'un point de vue économique », a déclaré M. Summers, membre de la Commission Lancet sur l'investissement dans la santé (a).


Le rapport publié par cette commission déroule une stratégie visant à atteindre la couverture santé universelle à l'échelle mondiale, laquelle, selon M. Summers, coûterait environ 1 % des revenus supplémentaires générés par la croissance économique d'ici 2035. « Selon nos estimations, le retour sur investissement est de 20 pour 1 dans les pays à faible revenu, et de 9 pour 1 dans les pays à revenu intermédiaire », a expliqué M. Summers.


« Il s'agit probablement du plus important champ d'investissement productif en faveur de l'humanité », a-t-il ajouté. « Une prise de conscience de ces enjeux est absolument indispensable. »


Pour Jim Yong Kim, « il ne faut pas perdre de vue les objectifs du Millénaire pour le développement en matière de santé, mais il restera encore beaucoup de travail à accomplir après leur date butoir de 2015 ». Il a également souligné à quel point l'univers du développement est en train de changer. D'ici 2030, environ la moitié des pays à faible revenu devraient être devenus des pays à revenu intermédiaire, et on assiste à une augmentation de l'incidence de maladies chroniques telles que le diabète. 


« Nous devons nous fixer un objectif audacieux en matière de santé pour 2030, en réfléchissant à la fois aux résultats que nous désirons obtenir et aux moyens d'y parvenir », a déclaré Jim Yong Kim. « De plus en plus de données montrent que la couverture santé universelle constitue la manière la plus équitable et la plus durable de parvenir aux résultats recherchés dans le domaine sanitaire. »


Selon Mme Okonjo-Iweala, les ministres des Finances des pays en développement ont bien compris l’intérêt économique que présente la couverture santé universelle. Mais « la question est : comment la financer ? », a mis en avant la ministre nigériane, en observant que les argentiers sont obligés de faire des choix entre des priorités concurrentes, comme l'éducation et la santé, qui sont toutes deux pourtant considérées comme des investissements majeurs dans le futur d'un pays. 


M. Bloomberg a souligné que les dépenses ne se traduisent pas nécessairement par de meilleurs résultats, et insisté sur le rôle des politiques. 

« De nombreuses données démontrent que nous gaspillons de l'argent », a-t-il précisé. Les États-Unis dépensent environ 7 500 dollars par habitant par an pour les services de santé, contre 3 300 dollars en Europe de l'Ouest, alors que l'espérance de vie y est plus élevée. D'un autre côté, il a également fait remarquer que l'interdiction de fumer dans les lieux publics et l'augmentation des taxes sur les cigarettes ont eu un effet « extraordinaire » sur le nombre de personnes qui fument à New York. « Nous savons quoi faire. Nous avions besoin d'un leadership qui vienne d'en haut. Les pouvoirs publics servent à cela », a-t-il ajouté.

Les discussions, qui ont aussi abordé les types d'investissements nécessaires pour améliorer radicalement les services de santé dans les pays en développement, se sont déroulées sur une demi-journée. Elles ont été retransmises en direct sur le Web en arabe, en anglais, en français et en espagnol, et suivies sur Twitter avec le hashtag #UHC2030


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Auteurs

Donna Barne

Rédactrice pour les sites institutionnels

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