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Le week-end dernier, les dirigeants des pays membres du G7 se sont engagés (a) à prendre une série de mesures, admettant ainsi, pour la première fois, que l’économie allait connaître une profonde transformation.
Ensemble, ils ont reconnu la nécessité de décarboner l’économie mondiale, entérinant dans la coopération économique ce que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a souligné l’année dernière dans son cinquième rapport d’évaluation. S’ils ont appelé à définir des objectifs ambitieux lors des négociations sur le climat qui auront lieu en fin d’année à Paris — ce qui n’a, en soi, rien de nouveau —, ils ont surtout admis qu’il fallait, individuellement et collectivement, viser la fourchette haute des objectifs, c’est-à-dire mettre en œuvre, au minimum, une « transformation du secteur énergétique d’ici 2050. »
Ils ont aussi appelé à mobiliser des capitaux pour cette transformation, et à mettre fin à l’escalade des subventions sur les combustibles fossiles. Conscients de la nécessité de passer à une croissance sobre en carbone aussi rapidement et aussi souplement que possible, ils ont décidé d’exercer un leadership pour recueillir d’ici 2020, auprès de sources publiques et privées, les 100 milliards de dollars qui permettront aux pays en développement de financer des actions en faveur du climat. Nous y reviendrons un peu plus loin.
Tarification du carbone et autres mesures
Dans le cadre de leurs engagements en matière de financements, ces dirigeants ont pointé trois domaines dans lesquels ils doivent améliorer nettement la cohérence de leurs politiques de gestion économique : il faut fixer des prix justes, utiliser tous les instruments et leviers disponibles et s’attaquer à toutes les sources de pollution qui provoquent un dangereux réchauffement de la planète. Nous sommes heureux de constater qu’il y a une cohérence à ce niveau-là.
Le G7 a appelé à adopter des « instruments de régulation et des instruments fondés sur le marché du carbone », qui constituent des exemples de mesures et d’actions efficaces pour réduire les émissions, ce qui revient à reconnaître la nécessité d’une tarification du carbone (a). Cette tarification est certes une composante essentielle du train de mesures à prendre, mais elle ne sera pas suffisante. Certains membres du G7 se sont dotés de mécanismes de tarification du carbone depuis plusieurs années, d’autres ont laissé leurs États fédérés et leurs provinces prendre des initiatives unilatérales, d’autres encore observent celles de pays voisins. Cette prise de conscience que nous devons tous aller de l’avant est fondamentale.
Le G7 a également admis qu’il fallait mettre un terme aux subventions sur les combustibles fossiles, qui ont des effets pervers, et qu’il ne servait à rien de verser, d’un côté, des subventions et, d’un autre côté, de fixer un prix pour le carbone : cela risque de nuire à l’investissement et à l’innovation, qui ont besoin de signaux économiques clairs et pérennes. C’est ce type même de signaux que le Business & Climate Summit a jugé nécessaire il y a quelques semaines.
De plus, le G7 a annoncé qu’il s’engageait à éliminer progressivement les hydrofluorocarbures (HFC), des polluants de courte durée de vie utilisés pour la réfrigération, et il a invité les parties au Protocole de Montréal à amender ce texte cette année. Un tel engagement revêt une importance croissante et, si des progrès étaient réalisés (a), il ralentirait le réchauffement planétaire.
Adaptation et résilience
Dans le même temps, nous nous félicitons des engagements pris en faveur de l’adaptation et de la résilience, et du soutien dont ce dossier capital bénéficie. Nous affirmons résolument que les plus riches doivent apporter une aide aux plus vulnérables, dès à présent et jusqu’en 2020 (date à laquelle ce qui aura été convenu à Paris entrera en vigueur). L’investissement dans la résilience des plus pauvres et des plus vulnérables repose sur de solides arguments économiques, et il permettra de sauver des vies humaines.
L’engagement à développer les mécanismes d’assurance contre les risques de catastrophe naturelle et l’extension des systèmes d’alerte précoce que la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande, ont appelés de leurs vœux, constituent deux premières étapes qui donneront aux pays les moins avancés et aux petits États insulaires les moyens de résister aux chocs et aux catastrophes, pour mieux rebondir.
Rapidité de l’action et dialogue stratégique
Les perspectives économiques à long terme dépendent bien sûr, dans une large mesure, des réductions de grande ampleur des émissions que le G7 affirme nécessaires et ce, dès aujourd’hui.
Comment accélérer et guider cette transition vers une croissance sobre en carbone ? C’est précisément ce à quoi s’emploie la Banque mondiale. Notre récente publication intitulée Decarbonizing Development: 3 Steps to a Zero-Carbon Future énonce les mesures que les pouvoirs publics peuvent prendre pour passer à une trajectoire de développement sans émissions de carbone.
Nous sommes heureux de constater que l’engagement des pays du G7 en faveur d’un dialogue stratégique sur la tarification du carbone va insuffler un élan supplémentaire aux efforts conjoints que déploient actuellement des pays et des entreprises pour déterminer de quelle manière, avec quel effet et avec quelles autres mesures d’accompagnement l’introduction de cette tarification pourrait être optimisée.
Nous travaillons en étroite collaboration avec le FMI et l’OCDE et sommes en train de finaliser un document technique qui analyse l’efficacité de la tarification du carbone. Nous travaillons aussi avec nombre des acteurs qui ont souscrit à notre déclaration sur la tarification du carbone, en octobre 2014, et nous achevons l’élaboration d’un ensemble de principes qui énonceront les fondamentaux d’une tarification efficace et efficiente. Toutes ces mesures seront annoncées d’ici la fin de l’année et au début de l’année prochaine. Forts de ce soutien, nous formons, avec nos partenaires pour le développement international, avec des entreprises et avec un certain nombre d’États, une Coalition pour le leadership en matière de tarification du carbone (a). Cette coalition mènera une action collective pour encourager l’élaboration de systèmes de tarification efficaces, au niveau des pays, des régions et des municipalités.
Mobilisation de financements
Cependant, comme l’a indiqué le G7 en référence à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, le leadership climatique doit réussir à court terme une épreuve décisive : réunir 100 milliards de dollars chaque année, à compter de 2020. Des fonds publics à fort effet de levier peuvent effectivement mobiliser des financements privés qui permettront, par exemple, de remédier aux inégalités d’accès à l’énergie et d’utiliser des énergies moins polluantes, plus efficientes et d’un coût plus abordable.
Nous sommes heureux de constater que le communiqué du G7 reconnaît l’importance du rôle joué par les banques multilatérales de développement et nous invite à étoffer nos bilans et à continuer de miser sur nos capacités techniques et d’innovation afin de mobiliser d’autres sources de financement au profit de l’action climatique. Nous devrons consacrer une partie de nos capacités à maximiser l’efficacité du Fonds vert pour le climat qui va être mis en place. Nous avons d’ores et déjà renforcé nos capacités : nous avons élaboré des systèmes d’adjudication novateurs pour le financement de projets de réduction des émissions de méthane, des systèmes de rémunération pour la déforestation évitée, des obligations vertes et des accords historiques avec d’autres bailleurs de fonds, et des prêts pour l’action climatique.
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