Dans notre monde actuel, les situations de crise sont devenues la norme. En 30 ans, les catastrophes naturelles ont tué plus de 2,5 millions de personnes et entraîné des pertes chiffrées à pratiquement 4 000 milliards de dollars. Rien que pour l’an dernier, la facture a frôlé un montant record de 330 milliards de dollars. Le changement climatique, la pression démographique et d’autres évolutions touchant notre planète peuvent aussi aggraver la fragilité. Aujourd’hui, 80 % de tous les besoins humanitaires découlent d’un conflit tandis que la part des plus démunis vivant dans une zone en conflit devrait franchir la barre des 60 % à l’horizon 2030.
Dans un environnement toujours plus menaçant, les systèmes de protection sociale aident les individus et les ménages à affronter les chocs, comme une guerre civile, une catastrophe naturelle ou un déplacement forcé. Parce qu’ils rapprochent les travailleurs des emplois, augmentent les investissements dans l’éducation et la santé des enfants et protègent les aînés et les autres groupes vulnérables, les dispositifs de protection sociale contribuent également à renforcer le capital humain.
Les dispositifs de protection sociale « adaptative » vont encore plus loin, en veillant à ce que ces investissements critiques dans le développement humain ne soient pas compromis par une crise ou un choc. Outre les caractéristiques associées à un programme de protection sociale classique pour faire face à des besoins vitaux, la protection sociale adaptative va identifier les individus en situation de pauvreté mais également ceux qu’un choc risque de faire basculer dans la pauvreté, apprécier leurs capacités à surmonter ces épreuves et mettre en place des dispositifs de financement et de soutien en période de crise. Ce type de dispositif pourra en outre servir de plateforme pour d’autres interventions liées à la santé, l’éducation et d’autres services sociaux.
La Banque mondiale aide déjà les pays à répondre aux crises grâce à des outils de modélisation et de cartographie des risques. Elle s’emploie également à renforcer les dispositifs d’alerte précoce, s’assurer qu’un pays dispose d’une protection financière préalable (via les assurances ou les obligations catastrophes), reconstruire en mieux et investir dans la protection sociale.
Acteur traditionnel du développement, la Banque mondiale intervient de plus en plus souvent aux côtés d’acteurs humanitaires, à mesure qu’elle intensifie son engagement dans les pays fragiles et en conflit, mais également pour faire face aux catastrophes naturelles et aux conséquences du changement climatique.
Lors de la crise alimentaire dramatique qui a touché le nord-est du Nigéria, la Somalie, le Soudan du Sud et le Yémen en mars 2017, la Banque mondiale a mobilisé 1,8 milliard de dollars en appui à 17 projets pour donner aux populations concernées de quoi s’acheter à manger, renforcer la résilience des communautés et maintenir des services pour les plus vulnérables. Les initiatives concertées de ce type, notamment les transferts monétaires, ont permis jusqu’ici d’éviter une famine au Yémen.
En 2015, les autorités pakistanaises se sont associées à la Banque mondiale pour lancer un projet de redressement d’urgence pour les personnes déplacées de manière temporaire dans les zones tribales sous administration fédérale et faciliter ainsi le retour de ces familles et leur permettre de rebondir, grâce à un programme de transferts monétaires.
Quand l’épidémie d’Ebola s’est déclarée en Afrique, la Banque mondiale a soutenu la distribution de matériels et de médicaments essentiels, le déploiement de personnel médical étranger dans les zones touchées et une aide psychologique aux victimes. Elle a également apporté une aide budgétaire aux gouvernements de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone pour les aider à faire face aux conséquences économiques de cette épidémie et financer l’extension des programmes de protection sociale dans ces trois pays.
Au vu du rôle central des dispositifs de protection sociale en cas de crise et face à des situations de vulnérabilité, la Banque mondiale poursuit ses partenariats avec les gouvernements et d’autres acteurs humanitaires et du développement dans le but d’étendre la couverture de cette protection et alléger le poids qui pèse sur les systèmes humanitaires. Il s’agit aussi de donner aux États, le cas échéant, les moyens de piloter eux-mêmes leur riposte.
Cette semaine, quelque 240 décideurs de 70 pays se retrouvent à Francfort pour discuter de ces questions fondamentales à l’occasion du 7e Forum d’apprentissage Sud-Sud (a). La protection sociale adaptative sera examinée sous tous les angles, depuis les politiques et les programmes permettant d’apporter une réponse concrète aux chocs en tout genre (catastrophes naturelles, crise migratoire ou crise économique) à la question de la pérennité des financements, en passant par les systèmes de gestion de l’information. Ces échanges de points de vue du monde entier promettent d’être passionnants.
Ce billet est le premier d’une série consacrée à la protection sociale adaptative. Cliquez ici (a) pour en savoir plus sur le Forum d’apprentissage Sud-Sud. Suivez les activités du Groupe de la Banque mondiale en faveur de la protection sociale sur Twitter.
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