Cette semaine, le Partenariat mondial pour la sécurité sanitaire des aliments tient sa
troisième assemblée annuelle (a) au Cap (Afrique du Sud). Cette manifestation, qui se déroule juste avant les fêtes de fin d’année, nous renvoie à une réalité négligée et pourtant importante.
Les produits alimentaires dangereux font payer un lourd tribut aux populations et aux économies et sont à l’origine de pas moins de 200 maladies.
Mû par la conviction que la qualité des aliments n’est pas un luxe et que la disponibilité des denrées alimentaires n’est pas une garantie de leur innocuité, le Groupe de la Banque mondiale rassemble progressivement des éléments sur l’impact disproportionné que la consommation de denrées douteuses peut avoir sur la vie et les moyens d’existence des pauvres.
La prise de conscience grandissante de l’importance de la sécurité sanitaire des aliments s’explique par les crises qui ont secoué de nombreux pays ces dernières années. Aucun pays, qu’il soit industrialisé ou en développement, petit ou grand, n’échappe aux problèmes de salubrité des aliments. En avril de cette année, plus de 100 personnes ont probablement été victimes d’une intoxication alimentaire lors d’une conférence sur la question organisée aux États-Unis (a)… En 2011 en Allemagne, une épidémie d’E. coli (a) associée à la consommation de choux a provoqué la mort de 31 personnes. La Chine a eu son lot d’incidents dramatiques liés à des contaminations alimentaires, avec notamment l’ajout de mélamine dans des produits laitiers. L’aflatoxine, une mycotoxine virulente produite par Aspergillus flavus et A. parasiticus (deux moisissures présentes naturellement dans l’air et le sol) ravage les cultures vivrières que sont le manioc, le maïs ou les arachides, à la base de l’alimentation des Africains. Le Liban vient tout juste d’être éclaboussé par un scandale alimentaire, certains établissements étant nommément accusés de vendre des denrées contaminées.
La plupart des crises alimentaires dans les pays industrialisés sont détectées suffisamment tôt pour être prises en charge par des institutions solides qui s’appuient sur des réglementations efficaces pour renforcer, à terme, les systèmes de contrôle. Mais faute d’institutions armées pour faire face à ces problèmes ou, tout bonnement, par méconnaissance, ces crises peuvent passer inaperçues dans les pays en développement. Dans l’attente de la publication, en 2015, d’estimations consolidées de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la charge mondiale des maladies d’origine alimentaire, plusieurs études recensent les conséquences délétères de l’ingestion de denrées dangereuses. En 2010, un travail (a) a ainsi estimé que la salmonellose était responsable à elle seule de quelque 155 000 décès par an.
Les problèmes de sécurité sanitaire des aliments peuvent rejaillir sur la santé publique, limiter l’accès aux marchés, réduire les profits des entreprises et restreindre les débouchés économiques des pauvres. Des denrées dangereuses rendent la faim encore plus insupportable et exacerbent les conséquences de la pauvreté. L’innocuité des aliments fait donc partie intégrante de la sécurité alimentaire et l’accès à des denrées sûres est l’un des besoins essentiels de l’être humain. Selon la définition qu’en a donnée le Sommet mondial de l’alimentation en 1996, la sécurité alimentaire existe « lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ».
C’est la raison pour laquelle la Banque mondiale et la Société financière internationale se mobilisent ensemble pour faire de la sécurité sanitaire des aliments une composante à part entière des programmes de développement. En 2012, les deux institutions ont soutenu la création du GFSP, un partenariat mondial public-privé visant spécifiquement à renforcer les capacités des pays en développement en la matière. La résolution des problèmes entourant les biens publics mondiaux passe en effet par une collaboration entre acteurs publics et acteurs privés. Gérée de manière concertée, l’amélioration de la sécurité sanitaire des aliments peut concourir directement à la réalisation du double objectif que s’est fixé le Groupe de la Banque mondiale : mettre fin à la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée.
La sécurité sanitaire des aliments ne se résume pas à des investissements matériels, dans des laboratoires, des immeubles ou des équipements. Elle passe également par le développement des compétences et des capacités, une évolution des comportements et un apprentissage collaboratif. D’où l’intérêt du modèle du GFSP pour favoriser des initiatives plus efficaces et, grâce à l’effet de levier découlant de son aide financière et technique, mobiliser davantage de ressources pour les pays clients du Groupe de la Banque mondiale. C’est aussi un moyen de conforter les interventions dans différents domaines — au premier rang desquels l’agriculture, la santé et le développement rural notamment — dans le but d’obtenir un impact maximal.
Le GFSP a testé plusieurs approches de renforcement des capacités pour assurer la sécurité sanitaire des aliments. Il a ainsi organisé en Chine des programmes novateurs de formation, procédé en Zambie à une évaluation plurisectorielle des besoins de renforcement de capacités, assuré le développement des capacités des laborantins et harmonisé les programmes d’études sur la sécurité alimentaire proposés dans le monde entier. Toutes ces initiatives ont bénéficié d’une collaboration étroite avec des institutions partenaires aux quatre coins de la planète. En voici quelques exemples :
En Chine, des partenaires du GFSP œuvrent ensemble pour développer les compétences des agro-industriels et améliorer la sécurité sanitaire des aliments. Avec des universités, un groupe d’industriels régionaux et mondiaux, détaillants et fabricants de produits alimentaires, organisera une session de « formation des formateurs » pour les professionnels de Shanghai, qui présentera notamment le système d’analyse des risques et de maîtrise des points critiques (HACCP) appliqué à la sécurité sanitaire des aliments et les bonnes pratiques de fabrication. Les participants pourront ensuite porter la bonne parole dans leurs entreprises respectives et renforcer ce faisant les compétences de centaines d’acteurs de la filière.
En Zambie, une équipe conjointe GFSP/FAO a mis au point, avec ses homologues du gouvernement, un plan d’action complet pour remédier aux problèmes de sécurité sanitaire des aliments. Plusieurs domaines d’action prioritaire sont visés pour aider les industriels de l’agro-alimentaire à obtenir rapidement des résultats positifs : introduction de bonnes pratiques en matière d’innocuité des denrées, réduction des risques de maladies d’origine alimentaire et amélioration de l’accès aux marchés pour les petites et moyennes entreprises. Le plan s’attache aussi à renforcer les capacités des personnes en charge de la réglementation, à travers l’introduction de systèmes de contrôle de la salubrité des aliments. Les équipes du Groupe de la Banque mondiale œuvrent aux côtés des Zambiens pour assurer le bon déploiement de ce plan d’action en 2015.
Avec l’Union internationale de science et de technologie alimentaires (IUFoST), le GFSP a également commandé une enquête mondiale (a) visant à établir une cartographie des formations à la sécurité sanitaire des aliments dans le monde. Révélateurs, les résultats prouvent que cette question suscite un intérêt croissant. La plupart des programmes universitaires ont moins de 10 ans et sont, dans une grande majorité de cas, uniquement proposés en troisième cycle. Si un certain nombre de personnes interrogées considèrent que cette forme d’éducation suffit à impartir les connaissances requises aux étudiants, l’enquête prouve que de plus en plus de gens jugent tout aussi importants la formation sur le tas ou le développement des capacités. Ce travail a permis d’identifier les principaux défauts de la formation universitaire et professionnelle mais aussi de repérer les moyens les plus prometteurs pour promouvoir l’éducation à la sécurité sanitaire des aliments dans le monde.
Ces exemples d’initiatives du GFSP présentent l’intérêt d’avoir été mises en œuvre avec un large éventail de partenaires : associations, industries agro-alimentaires, établissements universitaires, gouvernements et organisations intergouvernementales. La vocation du Partenariat est de mobiliser les meilleures pratiques et connaissances au service d’un objectif commun : l’amélioration de ce bien public mondial qu’est la sécurité sanitaire des aliments. S’il n’existait pas, il faudrait le créer. Et malgré sa jeunesse, il a déjà produit des résultats. Pour toutes ces raisons, faisons en sorte qu’il puisse perdurer.
Les produits alimentaires dangereux font payer un lourd tribut aux populations et aux économies et sont à l’origine de pas moins de 200 maladies.
Mû par la conviction que la qualité des aliments n’est pas un luxe et que la disponibilité des denrées alimentaires n’est pas une garantie de leur innocuité, le Groupe de la Banque mondiale rassemble progressivement des éléments sur l’impact disproportionné que la consommation de denrées douteuses peut avoir sur la vie et les moyens d’existence des pauvres.
La prise de conscience grandissante de l’importance de la sécurité sanitaire des aliments s’explique par les crises qui ont secoué de nombreux pays ces dernières années. Aucun pays, qu’il soit industrialisé ou en développement, petit ou grand, n’échappe aux problèmes de salubrité des aliments. En avril de cette année, plus de 100 personnes ont probablement été victimes d’une intoxication alimentaire lors d’une conférence sur la question organisée aux États-Unis (a)… En 2011 en Allemagne, une épidémie d’E. coli (a) associée à la consommation de choux a provoqué la mort de 31 personnes. La Chine a eu son lot d’incidents dramatiques liés à des contaminations alimentaires, avec notamment l’ajout de mélamine dans des produits laitiers. L’aflatoxine, une mycotoxine virulente produite par Aspergillus flavus et A. parasiticus (deux moisissures présentes naturellement dans l’air et le sol) ravage les cultures vivrières que sont le manioc, le maïs ou les arachides, à la base de l’alimentation des Africains. Le Liban vient tout juste d’être éclaboussé par un scandale alimentaire, certains établissements étant nommément accusés de vendre des denrées contaminées.
La plupart des crises alimentaires dans les pays industrialisés sont détectées suffisamment tôt pour être prises en charge par des institutions solides qui s’appuient sur des réglementations efficaces pour renforcer, à terme, les systèmes de contrôle. Mais faute d’institutions armées pour faire face à ces problèmes ou, tout bonnement, par méconnaissance, ces crises peuvent passer inaperçues dans les pays en développement. Dans l’attente de la publication, en 2015, d’estimations consolidées de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la charge mondiale des maladies d’origine alimentaire, plusieurs études recensent les conséquences délétères de l’ingestion de denrées dangereuses. En 2010, un travail (a) a ainsi estimé que la salmonellose était responsable à elle seule de quelque 155 000 décès par an.
Les problèmes de sécurité sanitaire des aliments peuvent rejaillir sur la santé publique, limiter l’accès aux marchés, réduire les profits des entreprises et restreindre les débouchés économiques des pauvres. Des denrées dangereuses rendent la faim encore plus insupportable et exacerbent les conséquences de la pauvreté. L’innocuité des aliments fait donc partie intégrante de la sécurité alimentaire et l’accès à des denrées sûres est l’un des besoins essentiels de l’être humain. Selon la définition qu’en a donnée le Sommet mondial de l’alimentation en 1996, la sécurité alimentaire existe « lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ».
C’est la raison pour laquelle la Banque mondiale et la Société financière internationale se mobilisent ensemble pour faire de la sécurité sanitaire des aliments une composante à part entière des programmes de développement. En 2012, les deux institutions ont soutenu la création du GFSP, un partenariat mondial public-privé visant spécifiquement à renforcer les capacités des pays en développement en la matière. La résolution des problèmes entourant les biens publics mondiaux passe en effet par une collaboration entre acteurs publics et acteurs privés. Gérée de manière concertée, l’amélioration de la sécurité sanitaire des aliments peut concourir directement à la réalisation du double objectif que s’est fixé le Groupe de la Banque mondiale : mettre fin à la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée.
La sécurité sanitaire des aliments ne se résume pas à des investissements matériels, dans des laboratoires, des immeubles ou des équipements. Elle passe également par le développement des compétences et des capacités, une évolution des comportements et un apprentissage collaboratif. D’où l’intérêt du modèle du GFSP pour favoriser des initiatives plus efficaces et, grâce à l’effet de levier découlant de son aide financière et technique, mobiliser davantage de ressources pour les pays clients du Groupe de la Banque mondiale. C’est aussi un moyen de conforter les interventions dans différents domaines — au premier rang desquels l’agriculture, la santé et le développement rural notamment — dans le but d’obtenir un impact maximal.
Le GFSP a testé plusieurs approches de renforcement des capacités pour assurer la sécurité sanitaire des aliments. Il a ainsi organisé en Chine des programmes novateurs de formation, procédé en Zambie à une évaluation plurisectorielle des besoins de renforcement de capacités, assuré le développement des capacités des laborantins et harmonisé les programmes d’études sur la sécurité alimentaire proposés dans le monde entier. Toutes ces initiatives ont bénéficié d’une collaboration étroite avec des institutions partenaires aux quatre coins de la planète. En voici quelques exemples :
En Chine, des partenaires du GFSP œuvrent ensemble pour développer les compétences des agro-industriels et améliorer la sécurité sanitaire des aliments. Avec des universités, un groupe d’industriels régionaux et mondiaux, détaillants et fabricants de produits alimentaires, organisera une session de « formation des formateurs » pour les professionnels de Shanghai, qui présentera notamment le système d’analyse des risques et de maîtrise des points critiques (HACCP) appliqué à la sécurité sanitaire des aliments et les bonnes pratiques de fabrication. Les participants pourront ensuite porter la bonne parole dans leurs entreprises respectives et renforcer ce faisant les compétences de centaines d’acteurs de la filière.
En Zambie, une équipe conjointe GFSP/FAO a mis au point, avec ses homologues du gouvernement, un plan d’action complet pour remédier aux problèmes de sécurité sanitaire des aliments. Plusieurs domaines d’action prioritaire sont visés pour aider les industriels de l’agro-alimentaire à obtenir rapidement des résultats positifs : introduction de bonnes pratiques en matière d’innocuité des denrées, réduction des risques de maladies d’origine alimentaire et amélioration de l’accès aux marchés pour les petites et moyennes entreprises. Le plan s’attache aussi à renforcer les capacités des personnes en charge de la réglementation, à travers l’introduction de systèmes de contrôle de la salubrité des aliments. Les équipes du Groupe de la Banque mondiale œuvrent aux côtés des Zambiens pour assurer le bon déploiement de ce plan d’action en 2015.
Avec l’Union internationale de science et de technologie alimentaires (IUFoST), le GFSP a également commandé une enquête mondiale (a) visant à établir une cartographie des formations à la sécurité sanitaire des aliments dans le monde. Révélateurs, les résultats prouvent que cette question suscite un intérêt croissant. La plupart des programmes universitaires ont moins de 10 ans et sont, dans une grande majorité de cas, uniquement proposés en troisième cycle. Si un certain nombre de personnes interrogées considèrent que cette forme d’éducation suffit à impartir les connaissances requises aux étudiants, l’enquête prouve que de plus en plus de gens jugent tout aussi importants la formation sur le tas ou le développement des capacités. Ce travail a permis d’identifier les principaux défauts de la formation universitaire et professionnelle mais aussi de repérer les moyens les plus prometteurs pour promouvoir l’éducation à la sécurité sanitaire des aliments dans le monde.
Ces exemples d’initiatives du GFSP présentent l’intérêt d’avoir été mises en œuvre avec un large éventail de partenaires : associations, industries agro-alimentaires, établissements universitaires, gouvernements et organisations intergouvernementales. La vocation du Partenariat est de mobiliser les meilleures pratiques et connaissances au service d’un objectif commun : l’amélioration de ce bien public mondial qu’est la sécurité sanitaire des aliments. S’il n’existait pas, il faudrait le créer. Et malgré sa jeunesse, il a déjà produit des résultats. Pour toutes ces raisons, faisons en sorte qu’il puisse perdurer.
Prenez part au débat