Publié sur Opinions

Sommet de la jeunesse 2014 : la nécessité de se doter de gouvernements ouverts et réceptifs


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Hier, le temps d’une journée, j’ai renoué avec ce qui est le propre de la jeunesse : des visages enthousiastes, un idéalisme inaltéré et une énergie sans bornes. Ils étaient plus de 300 jeunes à avoir investi l’auditorium de l’IFC : représentants issus des pouvoirs publics, de la société civile, du monde du développement ou du milieu universitaire, tous étaient réunis pour discuter de la nécessité de se doter de gouvernements ouverts et réceptifs, thème choisi pour l’édition 2014 du Sommet de la jeunesse du Groupe de la Banque mondiale.

J’ai eu le plaisir d’animer la première séance plénière du sommet, qui a donné lieu à une discussion animée autour des moyens qui permettraient aux jeunes de faire entendre leur voix dans le cadre des processus de gouvernance démocratique et de faire en sorte que les services publics répondent bien à leurs besoins.
 
Parmi les intervenants figuraient Ahmad Alhendawi, envoyé du secrétaire général des Nations Unies pour la jeunesse, Edith Jibunoh, conseillère société civile du Groupe de la Banque mondiale, Nigel Chapman, président-directeur général de Plan International (a), et Frank Vogl, cofondateur de Transparency International (a).
 
J’ai ouvert les débats, en soulevant la question de la confiance. Nous savons malheureusement que la défiance à l’égard des pouvoirs publics est aujourd’hui à son plus haut. Si l’on en croit le baromètre Edelman Trust, dans les pays à revenu intermédiaire et à faible revenu, seuls 17 % des sondés ont le sentiment qu’ils sont entendus par leur gouvernement. Ils sont seulement 16 % à dire que les pratiques de leurs gouvernants sont ouvertes et transparentes ; ils sont tout aussi peu nombreux à penser que les autorités communiquent régulièrement et avec probité.
 
Ces chiffres ne sont guère réjouissants... Que veulent les citoyens du monde ? Pour mieux comprendre leurs aspirations, le Groupe de la Banque mondiale a mené une enquête mondiale sur « l’ouverture des gouvernements » (a). Partout dans le monde, du Mexique à la Mongolie, le message est clair : les jeunes exigent de leur gouvernement qu’il soit ouvert. Ils veulent des gouvernants intègres, transparents et accessibles, au service de tous leurs concitoyens.
 
Alors que la moitié de la population mondiale est composée de jeunes, seul 1 % des parlementaires dans le monde sont âgés de moins de 30 ans, a indiqué Ahmad Alhendawi. « Nous devons intégrer les jeunes dans le processus politique pour leur permettre de transformer réellement leur quotidien », a souligné l’envoyé du secrétaire général des Nations Unies pour la jeunesse, en mettant en avant l’instauration de conseils des jeunes dans les bureaux locaux de l’ONU. Les équipes qui se sont dotées de tels conseils tirent de précieux enseignements des connaissances et des perspectives apportées par les jeunes.
 
Edith Jibunoh a pour sa part raconté son expérience de jeune membre de l’administration nigériane. De retour dans son pays natal, elle n’avait aucune foi dans l’appareil d’État. Elle a changé d’opinion en constatant par elle-même combien le travail des jeunes portait ses fruits. Subventions sur les carburants ou questions électorales… les jeunes Nigérians sont à la pointe des réseaux sociaux pour peser efficacement dans les débats. La conseillère société civile du Groupe de la Banque mondiale s’est dite encouragée par la présence d’alliés calmes et honnêtes, déterminés à défendre des réformes dans un contexte souvent marqué par la corruption.
 
Frank Vogl a quant à lui dit toute son admiration pour les milliers de jeunes qui, en dépit des risques, ont rejoint les 100 sections nationales de Transparency International afin de lutter contre la corruption et de garantir ainsi une vie digne à tous. Les jeunes n’attendent pas que les institutions internationales prennent l’initiative : en s’engageant dans des mouvements de la société civile, ils s’organisent sur le terrain, mobilisent les réseaux sociaux et agissent pour le bien de leurs communautés.
 
Enfin, Nigel Chapman a fait le récit de l’instauration d’un groupe de jeunes conseillers au sein de Plan International afin qu’ils contribuent à définir les priorités et les choix de l’organisation. D’abord sceptique quant à cette instance mise en place à la suite des pressions de la base dans les 40 pays où l’organisation est présente, son PDG loue aujourd’hui la fougue, le réalisme et l’efficacité des contributions de ces jeunes conseillers, en saluant leur engagement et les valeurs égalitaires qu’ils incarnent.
 
Les débats se sont achevés sur une note positive : tous les intervenants ont exhorté les jeunes leaders réunis dans l’auditorium à faire entendre leur voix et à continuer de prendre part à des dialogues constructifs avec leurs gouvernants, en faisant véritablement vivre les mots « réciprocité », « écoute » et « collaboration ».
 
Nous nous tournons volontiers vers le passé pour y puiser la force de changer le cours des événements. En réfléchissant au récent anniversaire du vote contre la dictature Pinochet au Chili, je me dis qu’une détermination concertée peut toujours vaincre l’impossible.
 


Auteurs

Mario Marcel

Senior Director, Governance Global Practice

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