L’entrepreneuriat, c’est-à-dire la création d’une activité économique par un ou plusieurs individus, joue un rôle capital dans le développement économique. L’entrepreneuriat crée des emplois, favorise l’innovation et améliore la productivité. Or, il existe dans ce domaine des disparités considérables entre les pays. D’où ces interrogations : dans quels pays du monde trouve-t-on les taux d’entrepreneuriat les plus élevés ? Comment les taux d’entrepreneuriat ont-ils évolué ces dernières années ?
La base de données de la Banque mondiale sur l’entrepreneuriat (a) apporte des éléments de réponse en mesurant le niveau et la dynamique de l’activité entrepreneuriale dans le monde. À partir des informations recueillies dans les registres du commerce et auprès des organismes nationaux de statistiques, elle fournit un ensemble de données complet et comparable couvrant 180 économies. Il s’agit, de fait, de la seule base de données mondiale sur l’entrepreneuriat formel remontant à 2006.
La base de données sur l’entrepreneuriat mesure la densité de nouvelles entreprises, celle-ci étant définie comme le nombre de sociétés à responsabilité limitée (SARL) nouvellement enregistrées par année civile, pour 1 000 adultes en âge de travailler. L’analyse des données recueillies de 2006 à 2022 nous permet de comprendre l’évolution et les tendances de l’entreprise privée à travers le monde. Elle nous aide aussi à évaluer l’impact des changements réglementaires, politiques et institutionnels sur les nouvelles immatriculations d’entreprises.
1. L’activité entrepreneuriale reste plus soutenue dans les pays à revenu élevé.
Source : Base de données sur l’entrepreneuriat.
L’activité entrepreneuriale, telle que mesurée par les taux moyens de densité de nouvelles entreprises, présente de fortes disparités selon les différentes catégories de revenu des pays. Les économies à revenu élevé affichent des niveaux de création d’entreprise nettement plus élevés (graphique 1). En 2022, elles comptaient environ 7,3 nouvelles sociétés pour 1 000 adultes. À l’autre bout du spectre, les économies à faible revenu enregistrent un niveau d’activité entrepreneuriale nettement inférieur à celui de tous les autres groupes, avec seulement 0,4 nouvelle société créée pour 1 000 adultes. Ce chiffre met en lumière l’immense potentiel de développement que recèlent les activités entrepreneuriales formelles dans ces pays.
2. L’activité entrepreneuriale a évolué de différentes manières selon les groupes de revenu.
Source : Base de données sur l’entrepreneuriat.
C’est dans les économies à revenu élevé que l’on observe la plus forte croissance des créations d'entreprise entre 2006 et 2022 (+1,6 point de pourcentage), suivies des économies à revenu intermédiaire (graphique 2). Après avoir été durement touchés par la crise financière de 2008-09, les taux moyens de densité de nouvelles entreprises dans les économies à revenu élevé et intermédiaire supérieur ont continué de croître régulièrement jusqu’en 2020 et l’irruption de la COVID-19. Après le ralentissement de l’activité entrepreneuriale imputable à la pandémie dans les pays à revenu élevé et intermédiaire, les immatriculations d’entreprises ont atteint des niveaux record en 2021 dans la plupart des économies.
Dans les pays à faible revenu, la densité moyenne de nouvelles entreprises est très basse depuis 2006, et bien inférieure à celle des autres groupes de revenu. Entre 2006 et 2022, elle n’a progressé que de 0,2 à 0,4 nouvelle société créée pour 1 000 adultes.
3. Les économies ont connu un rebond des immatriculations d’entreprises en 2021.
Source : Base de données sur l’entrepreneuriat.
L’année 2021 a été marquée par une montée en flèche des créations d’entreprise : 92 % des économies ont enregistré une augmentation du nombre de nouvelles sociétés. Ce chiffre contraste fortement avec l’année précédente (celle de la pandémie), où seulement 40 % des économies avaient enregistré une hausse du nombre d'immatriculations d’entreprises — soit la deuxième proportion la plus basse jamais enregistrée après celle observée lors de la crise financière de 2009.
4. L’Estonie affiche le taux de densité de nouvelles entreprises le plus élevé du monde.
En Estonie, le taux de densité de nouvelles entreprises est passé de 13,2 SARL créées pour 1 000 adultes en 2006 à 24,3 en 2022, soit le niveau le plus élevé au monde. L’Estonie s’est constamment attachée à mener des réformes pour faciliter la création d’entreprises et soutenir l’entrepreneuriat local et étranger.
En 2014, ce pays a notamment introduit dans sa législation un dispositif de résidence électronique (a), qui permet aux étrangers d’accéder à certains services administratifs, dont notamment la création et la gestion d’une entreprise en ligne. Entre 2019 et 2022, environ 20 % des nouvelles entreprises immatriculées chaque année en Estonie ont été créées par des « résidents en ligne » étrangers.
5. Cabo Verde a connu la plus forte croissance de création d’entreprises au monde.
Source : Base de données sur l’entrepreneuriat.
À Cabo Verde, État insulaire situé à 500 km de la côte ouest de l’Afrique, le taux de densité de nouvelles entreprises est passé de 1,5 société créée pour 1 000 adultes en 2008 à 18,5 en 2022, soit la plus forte augmentation enregistrée dans le monde. Cet essor a commencé en 2015 après que le pays a engagé des réformes visant à faciliter l’entrée sur le marché d’entrepreneurs locaux.
En 2014, les autorités ont adopté un régime spécial pour les micro et petites entreprises (en portugais), qui supprime les frais d'immatriculation d'une société à responsabilité limitée. Elles ont également mis en place une procédure d’enregistrement accélérée en une journée et simplifié les permis d'exploitation municipaux. En 2019, Cabo Verde a en outre adopté un nouveau code de commerce, simplifié les procédures d'immatriculation dans le cadre d’un guichet unique et introduit des registres de procès-verbaux électroniques pour les nouvelles sociétés.
Pour en savoir plus sur les 180 économies de la base de données sur l’entrepreneuriat, rendez-vous sur https://www.worldbank.org/en/programs/entrepreneurship (a).
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