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Une première au Kosovo : les résultats de l’enquête PISA

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 Jutta Benzenberg (Banque mondiale)
Les résultats de l’enquête PISA 2015 révèlent un large écart de performance entre les élèves du Kosovo et ceux de la région.  Photo : Jutta Benzenberg (Banque mondiale)



L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié les résultats de l’enquête PISA 2015 il y a quelques semaines. Des résultats passés au peigne fin par les responsables publics et les analystes de données dans le monde entier. Plus de 500 000 élèves représentatifs des quelque 28 millions d’élèves âgés de 15 ans scolarisés dans les 72 pays participants se sont pliés à l’exercice. Le Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves (ou enquête PISA) est mené tous les trois ans. Son objectif est de mesurer les compétences des élèves, en confrontant leurs connaissances en sciences, en compréhension de l’écrit et en mathématiques à la résolution de problèmes concrets. L’enquête PISA figure parmi les évaluations internationales les plus influentes en matière d’acquis scolaires ; elle fournit un riche éventail d’informations sur les atouts et les faiblesses des systèmes éducatifs, sous-tend l’élaboration de politiques éducatives efficaces et offre aux pays la possibilité de comparer leur performance à d’autres. 

L’enquête PISA 2015 a vu le Kosovo participer pour la première fois à une évaluation de ce type. Convaincues du bien-fondé d’un classement indépendant pour jauger les performances de leur système éducatif, les autorités kosovares ont décidé de s’ouvrir à des critères internationaux et à une enquête comparative. Cette initiative à la fois courageuse et louable permettra de mesurer et d’améliorer la qualité de l’enseignement dispensé. Même si elles s’attendaient à des résultats insatisfaisants, les autorités se sont mises à la tâche avec sérieux et ont travaillé dur pour se conformer aux exigences de l’OCDE, gage de résultats crédibles et fiables. Cette démarche, tout aussi méritoire, témoigne de l’accroissement des capacités institutionnelles du pays.
 
Mais revenons aux résultats de l’enquête PISA : ceux du Kosovo sont, de fait, préoccupants.
 
La performance globale des élèves kosovars en sciences, mathématiques et compréhension de l’écrit se situe largement en deçà de la moyenne des pays de l’OCDE, de l’Union européenne (UE) et de la région Europe et Asie centrale. C’est tout particulièrement vrai pour les sciences (sur lesquelles l’enquête 2015 a mis l’accent), une discipline qui révèle un écart de performance important entre les élèves kosovars et ceux de la région.
 
Les résultats en sciences indiquent que les élèves du Kosovo accusent en moyenne un retard de 4 ans et demi d’études par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE et de l’UE (un an d’études correspond à environ 30 points pour chacune des disciplines évaluées par l’enquête PISA).
 
Le tableau est un peu moins sombre lorsque l’on compare la performance du Kosovo en sciences aux scores moyens des pays d’Europe et d’Asie centrale : le retard tombe à 2,5 ans et demi environ, ce qui demeure toutefois très décourageant. Le classement est tout aussi décevant dans les autres disciplines, les élèves kosovars accusant l’équivalent d’un retard de 5 ans par rapport au score moyen des pays de l’OCDE pour la compréhension de l’écrit, et un peu plus de 4 ans pour les mathématiques.
 
Outre ces résultats, que nous dit l’enquête PISA du système éducatif kosovar ?
 
En général, la place qu’occupe un pays suscite un large intérêt et crée la sensation dans les pays participants. Cependant, outre le classement par pays, l’enquête PISA produit des données précieuses et fournies, qui peuvent nourrir le choix de politiques éducatives possibles en vue d’étoffer les acquis des élèves.
 
Les scores moyens reproduits ici (a) laissent entrevoir les enjeux et les défis sur lesquels le Kosovo devrait se pencher plus avant. Plus des deux tiers des élèves kosovars n’ont pas acquis les compétences de base en sciences (68 %), en mathématiques (78 %) et en compréhension de l’écrit (77 %). Cette proportion, déjà beaucoup plus élevée que celle des voisins monténégrins et albanais, se situe très au-delà de la moyenne des pays de l’OCDE (21 %). Pour chacune de ces trois disciplines, les scores « inférieurs au seuil de compétence » indiquent que le niveau 2 n’a pas été atteint, alors que tous les élèves sont censés le maîtriser au terme de la scolarité obligatoire.
 
Il ressort également de l’enquête PISA que le système éducatif du Kosovo est profondément inégal. Pour les sciences, les élèves des zones rurales ont un retard estimé à près d’un an par rapport à ceux des zones urbaines ; les élèves issus de foyers à faible revenu ont un déficit d’un an et demi par rapport à ceux qui viennent de familles aisées. Même s’il agit du plus faible écart au sein des pays d’Europe et d’Asie centrale, où la moyenne se situe tout juste en deçà de 3 années de scolarité, ces chiffres tendent à indiquer que le système éducatif ne parvient pas à profiter aux plus nécessiteux.
 
Quelle suite donner à l’enquête ?
 
Le ministère kosovar de l’Éducation, des Sciences et des Technologies devrait avoir pour priorité de passer à un crible rigoureux les données de l’enquête PISA, au même titre d’ailleurs que les autres parties prenantes du secteur de l’éducation. Une fois qu’un examen poussé des relations entre les performances des élèves et divers facteurs sous-jacents aura été effectué, de nombreux enseignements devraient se faire jour. Cette première étape est indispensable pour l’implication et la mobilisation de tous les acteurs : pouvoirs publics, milieu universitaire, société civile ou parents. Elle devra prendre la forme d’un débat éclairé et constructif sur les réformes et les actions possibles, dans l’optique d’améliorer l’efficacité du système éducatif au Kosovo.
 
Les conclusions de l’enquête PISA montrent que la majorité des élèves âgés de 15 ans au Kosovo ne sont pas dotés des compétences de base requises pour occuper un emploi productif et prendre part à la vie économique. Cette situation aura des répercussions sur leur vie future, mais aussi sur la croissance économique et la compétitivité du pays. Voilà pourquoi il faut agir sans tarder !
 
Pour examiner plus en détail tous ces résultats, et notamment la performance de plusieurs pays clients de la Banque mondiale, rendez-vous sur le site web de l’enquête PISA (a).
 
Vous pouvez aussi consulter les fiches produites par la Banque mondiale et synthétisant, par pays, les résultats de l’enquête PISA 2015 (a).
 
Ce texte est une traduction d'un billet publié sur le blog Education (a). Retrouvez les actualités de la Banque mondiale en matière d'éducation sur Twitter et Flipboard.
 


Auteurs

Flora Kelmendi

Senior Operations Officer

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