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Creuser en profondeur : Les eaux souterraines dans les zones frontalières fragiles de la Corne de l’Afrique

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Creuser en profondeur : Les eaux souterraines dans les zones frontalières fragiles de la Corne de l’Afrique Des hommes vont chercher de l’eau dans le comté de Wajir, dans le nord-est du Kenya. Crédit photo : Tintseh/Banque mondiale.

La sécurité hydrique est indispensable au développement de la Corne de l’Afrique, l’une des régions les plus vulnérables du monde. Ce constat est particulièrement évident dans les zones frontalières, où vivent 50 millions de personnes, pour la plupart des éleveurs en quête permanente d’eau et de pâturages. Les conflits y sont très répandus en raison de la variabilité accrue du climat, qui augmente la fréquence et l’intensité des épisodes de sécheresse, et catalyse les affrontements entre les clans.

Les eaux souterraines constituent une source de résilience lorsque la saison des pluies n’a pas les résultats escomptés. Pour autant, les possibilités offertes par les eaux souterraines dans cette région restent mal connues, en partie parce que les grands aquifères transfrontaliers n’ont pas fait l'objet d'études approfondies et sont sous-exploités.

Il est extrêmement difficile d’assurer un approvisionnement en eau dans les régions frontalières reculées de la Corne de l’Afrique, car les institutions formelles y sont peu présentes : jusqu’à 40 % des points d’eau ne sont plus utilisables deux ans après leur construction, souvent pour une multitude de raisons, mais surtout parce qu’aucune mesure n’a été prise pour les gérer correctement.

Le projet sur la mise en valeur des eaux souterraines pour la résilience de la Corne de l’Afrique est une opération régionale ambitieuse qui a pour objet de résoudre ces problèmes dans les zones frontalières de l’Éthiopie, du Kenya et de la Somalie. L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) qui facilite et organise la coopération transfrontalière dans le domaine des eaux souterraines joue un rôle essentiel à cet égard.

Le projet vise principalement à accroître la résilience des populations des régions de la Corne de l’Afrique exposées aux conflits en facilitant un accès durable aux eaux souterraines. Les pays participants cherchent à recueillir davantage d’informations sur les aquifères, à renforcer leur capacité à les gérer et à mettre en place des infrastructures permettant d’approvisionner les populations vulnérables en eau à partir des nappes phréatiques et de les aider à faire face à la sécheresse.

Les activités prévues dans le cadre du projet vont de pair avec un ambitieux programme axé sur les connaissances, soutenu par le programme de Coopération pour les eaux internationales en Afrique. Ce programme a été conçu dans le but de tirer des enseignements susceptibles d’être exploités dans d’autres opérations similaires, et d’assurer la poursuite de travaux de recherche appliquée pour renforcer l’impact du projet. Cette approche régionale, qui consiste à « intégrer les connaissances dans la pratique » et à « intégrer la pratique dans les connaissances », repose sur une démarche active d’apprentissage et d’échange d’expériences entre les pays.

Le programme axé sur les connaissances examine, entre autres :

  • La mise en place de services d’approvisionnement en eau résilients dans des régions extrêmement fragiles et exposées au changement climatique, comme les zones frontalières de la Corne de l’Afrique,
  • La mesure dans laquelle l’amélioration de l’accès à l’eau potable peut aider à atténuer les conflits sociaux dans ces régions, et
  • Le rôle des eaux souterraines transfrontalières dans la promotion de l’intégration régionale.

Au cours de sa première année de mise en œuvre, le projet a permis, après une rigoureuse sélection des sites, d’acquérir de précieuses informations sur le rôle des eaux souterraines, notamment sur les facteurs essentiels à la réduction des risques de durabilité, grâce à l’établissement d’un système de surveillance à distance destiné à faciliter la supervision du projet.

Les travaux en cours visent en outre à étudier les raisons des défaillances des sites devant être remis en état. Ils ont également pour objectif de cartographier les ressources en eaux souterraines, de comprendre leurs liens avec les conflits sociaux et de déterminer la mesure dans laquelle la mise en place d’institutions formelles et informelles ou d’autres stratégies pourrait atténuer les risques de récupération politique.

Le programme axé sur les connaissances a pour but d’aider les parties prenantes à mieux comprendre le marché des forages et de leur apprendre à identifier les meilleures pratiques pour atténuer les risques auxquels sont exposés les puits (compte tenu des taux élevés de défaillance enregistrés dans la région). Il vise aussi à déterminer comment identifier des modèles de gestion adaptés au contexte pour les futurs projets d’approvisionnement en eau en milieu rural.

Le projet favorise la collaboration régionale en procédant à une évaluation des aquifères transfrontaliers stratégiques de la région, notamment l’aquifère de Dawa (Éthiopie-Kenya-Somalie), l’aquifère de Shabelle (Éthiopie-Somalie) et l’aquifère du socle septentrional (Kenya-Éthiopie).

Les études de faisabilité font ressortir les éléments essentiels tels que le volume d’eau stocké dans le sous-sol, la dynamique de l’aquifère, les zones de recharge de l’aquifère à protéger et les volumes d’eau pouvant être exploités/extraits de manière durable.  

Les connaissances appliquées permettront de renforcer la résilience dans les zones frontalières fragiles. La découverte des moyens d’y parvenir, grâce à la recherche et à de solides mécanismes de mise en œuvre, facilitera la transposition à plus grande échelle de ces interventions, favorisera une nouvelle réflexion et permettra de mettre à l’essai cette approche dans d’autres régions transfrontalières dans lesquelles les ressources en eau sont essentielles à la paix, à la stabilité et au développement durable.


Victor Vazquez Alvarez

Senior Water and Sanitation Specialist

Wendwosen Feleke

Senior Water Supply and Sanitation Specialist

Chantal Richey

Senior Water Supply and Sanitation Specialist, World Bank

James Origa

Water Supply and Sanitation Specialist

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