Matlhogonolo Mmese, qui réside à Gaborone (Botswana), avait 16 ans lorsqu’elle a décidé de devenir médecin après avoir longtemps réfléchi à son avenir professionnel. Elle s’est toutefois vite rendu compte que ce domaine ne la passionnait pas. Après avoir murement réfléchi, elle a opté pour l’hydrogéologie. Elle n’a pas regretté son choix.
Aujourd’hui, âgée de 25 ans, Mmese poursuit une maîtrise en hydrogéologie à l’Université du Botswana. « L’eau que nous buvons dans notre pays est généralement un peu salée », explique-t-elle. « Je veux faire en sorte que cette eau soit non seulement potable, mais aussi qu’elle soit agréable à boire ».
Les eaux souterraines constituent la principale source d’approvisionnement pour plus de 70 % des habitants de la région de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Toutefois, faute de bien connaitre le potentiel des aquifères et de les suivre de manière adéquate, leur utilisation peut conduire à leur surexploitation et à leur contamination, et compromettre la gestion durable de ces ressources à long terme.
Si la capitale, Gaborone, semble être épargnée par le problème de la salinité de l’eau, Mmese connait toutefois très bien le phénomène. Elle a en effet grandi dans différentes villes du Botswana, car sa mère, aujourd’hui retraitée des services de l’immigration, a exercé ses fonctions partout dans le pays. Mmese a obtenu son diplôme de premier cycle en géophysique appliquée à l’Université du Botswana.
Mmese, qui poursuit ses études supérieures, vient d’obtenir une bourse d’études pour jeunes professionnels de 12 000 dollars environ, accordée par l’institut des eaux souterraines de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC-GMI), qui doit lui permettre de continuer ses recherches sur le terrain pour préparer sa thèse. La bourse l’aidera à payer ses frais de scolarité et les dépenses occasionnées sur le terrain, en particulier pour la collecte et le traitement des données.
L’institut de gestion des eaux souterraines de la SADC a été établi en tant que centre d’excellence régional de gestion durable des eaux souterraines. Sa principale mission consiste à promouvoir et à mettre en œuvre des projets de gestion des eaux souterraines. Il a également pour objectif de renforcer les capacités et les connaissances requises pour favoriser une gestion et une utilisation inclusives des eaux souterraines, tant au niveau national que transfrontalier. Le programme de jeunes professionnels, cofinancé par le programme de Coopération pour les eaux internationales en Afrique (CIWA) et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), a été lancé en 2021.
« Matlhogonolo Mmese est une jeune géoscientifique talentueuse et motivée, disposant de ressources financières limitées, qui souhaite poursuivre une carrière d’hydrogéologue », ont écrit les professeurs Rubeni Ranganai, de l’Université du Botswana, et Modreck Gomo, de l’Université de l’État libre, dans le dossier qu’elle a déposé pour l’obtention de sa bourse.
La thèse de Mmese est consacrée aux facteurs déterminant la présence d’eaux souterraines du côté botswanais de l’aquifère transfrontalier Khakhea-Bray, qui est partagé par le Botswana et l’Afrique du Sud. La jeune femme souhaite concevoir un modèle de l’aquifère transfrontalier en se servant de données géophysiques et hydrogéologiques, dans le but de favoriser l’amélioration de la gestion des ressources en eaux souterraines.
Le manque de connaissances sur les eaux souterraines, considérées isolément ou en conjonction avec les eaux de surface, explique la forte demande de nouvelles données pour éclairer la prise de décision dans la région. Le projet permettra de réaliser des études sur les aquifères transfrontaliers, de produire des analyses diagnostiques transfrontalières et d’élaborer des plans d’action stratégiques conjoints.
Mmese, qui est l’une des deux seules femmes parmi les sept étudiants de ce programme d’études, connait les difficultés rencontrées par ces dernières dans un domaine dominé par les hommes. « Vous devez prouver que vous êtes à votre place », dit-elle. « Vous devez faire davantage d’efforts pour prouver que vous êtes compétent. » Les femmes ont toutefois un avantage : « Elles sont responsables. Les hommes ont donc tendance à leur faire confiance. C’est le côté positif. » explique Mmese.
À l’avenir, le programme de jeunes professionnels (qui s’inscrit dans la deuxième phase du projet de gestion durable des eaux souterraines dans les États membres de la SADC ou SADC-GWM Phase II) permettra d’actualiser les archives documentaires sur les eaux souterraines de manière à rendre compte des résultats obtenus, en recrutant davantage de jeunes professionnels, et en veillant tout particulièrement à accroître la participation des femmes.
Les recherches consacrées aux aquifères transfrontaliers, à l’instar de l’étude menée par Matlhogonolo Mmese, permettent d’améliorer la connaissance des eaux souterraines régionales, notamment en ce qui concerne l’évaluation des eaux souterraines, les eaux souterraines dans les États insulaires et les aquifères côtiers, les écosystèmes dépendant des eaux souterraines, les liens existant entre l’eau, l’énergie, l’alimentation et les écosystèmes, ainsi que les eaux souterraines dans les mégapoles.
La deuxième phase du projet de gestion des eaux souterraines de la SADC mettra également l’accent sur la diffusion des données et la mise en œuvre de projets pilotes novateurs. Elle visera à promouvoir des pratiques de gestion durable des eaux souterraines dans la région et à garantir la santé à long terme des ressources en eaux souterraines.
Pour en savoir plus
Institut de gestion des eaux souterraines de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC-GMI)
Deuxième phase du projet de gestion durable des eaux souterraines dans les États membres de la SADC
Cadres politiques, juridiques et institutionnels et égalité des sexes et inclusion sociale
La coopération et la gestion des aquifères transfrontaliers : Enseignements tirés des projets Stampriet et Ramotswa (en anglais)
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