Impliquer les hommes dans la lutte contre le mariage des enfants

Cette page en:
Ellen Barnie Peprah, lauréate du concours Blog4Dev Ghana Ellen Barnie Peprah, lauréate du concours Blog4Dev Ghana

La lutte contre les mariages précoces exige de faire preuve de souplesse en raison du nombre et de la nature des systèmes qui favorisent cette pratique. Le patriarcat est l'un de ces systèmes.  

Profondément ancré dans la culture ghanéenne, le patriarcat confère aux hommes un rôle déterminant dans la légitimation des mariages. Chez les Ashantis, par exemple, le chef de famille de la mariée ou abusuapanyin, qui est en général un homme, invite la famille du marié dans sa maison. La fille est ensuite donnée en mariage par son père, avec l'approbation des frères de sa mère et d'autres hommes plus âgés de la famille. Le marié offre une dot sous forme de boissons (tiri nsa) au père de la fille, et remet une somme d'argent (akonta sekan) à ses frères pour les remercier d'avoir protégé son épouse. Ces échanges masculins témoignent du consentement de la famille au mariage et, sans eux, l'union est invalidée. Par conséquent, nous nous battrons en vain si nous n'impliquons pas dans notre combat ces hommes qui sont susceptibles d’épouser des jeunes filles ou de donner leurs filles en mariage. Mais comment faire ? 

Commençons par le commencement. À la maison, les parents devraient répartir les tâches ménagères entre les garçons et les filles. Les jeunes garçons auraient ainsi la possibilité d'acquérir des compétences essentielles à la vie quotidienne, comme la cuisine ou le ménage, et réduiraient leur dépendance aux femmes pour ce genre de tâches. À notre époque, aucun parent ne devrait être autorisé à garder sa fille à la maison pendant que les garçons sont à l'école. C'est totalement inacceptable, et les parents qui le font devraient répondre de leurs actes devant la justice. Il faut que les garçons grandissent dans un environnement familial où les filles sont reconnues pour que, devenus hommes, ils n’aspirent pas à épouser une enfant. 

Ensuite, il serait utile de créer des clubs de santé reproductive pour les adolescents, scolarisés ou non, où le problème des mariages précoces et des abus sexuels serait abordé librement. Face au récit de fillettes vulnérables contraintes de quitter l'école pour se marier à des hommes âgés plus riches ou battues parce qu’elles ont refusé d’avoir des relations sexuelles avec eux, les jeunes hommes seront plus enclins à s'élever contre les mariages précoces dans leur propre famille. J'attends avec impatience le jour où les frères des jeunes mariées refuseront l'akonta sekan avec mépris. Quel beau spectacle ce serait ! 

Enfin, les efforts de sensibilisation pourraient s'appuyer sur l'intérêt des hommes pour le sport. Le football, par exemple, est une véritable passion au Ghana. Des milliers d'hommes se pressent chaque semaine dans les stades pour encourager leurs équipes préférées. Si les pouvoirs publics collaboraient avec les clubs de football locaux pour qu'ils militent contre le mariage des enfants, ce serait un grand pas en avant dans ce travail de sensibilisation. Le hashtag #EndChildMarriage pourrait être imprimé en caractères gras sur tous les maillots des footballeurs. Un tel message au grand public peut avoir un énorme potentiel pour modifier la perception du mariage des enfants. 

Un récent article de l'agence de presse du Ghana (a) m'a brisé le cœur. Il expliquait que, du fait des mariages précoces, aucune fille n'avait terminé ses études au collège de Sawubea au cours des vingt-cinq dernières années. Telle est notre triste réalité aujourd'hui, mais elle ne doit pas être celle de nos filles ou arrière-petites-filles. 


Auteurs

Ellen Barnie Peprah

Lauréate du concours Blog4Dev Ghana

Prenez part au débat

Le contenu de ce champ est confidentiel et ne sera pas visible sur le site
Nombre de caractères restants: 1000