Ce blog a été rédigé par l’un des 38 gagnants du concours Blog4Dev 2021, un concours annuel organisé par les bureaux de pays de la Banque mondiale, et qui invite les jeunes à s'exprimer sur un sujet essentiel au développement économique de leur pays. Les lauréats de cette année ont répondu à la question suivante : Comment les jeunes pouvaient s’associer à leurs gouvernements et aux organisations de la société civile pour faire face à l'impact de la COVID-19 et construire un système social et économique plus solide après la pandémie ?
Aucun secteur, et encore moins dans mon pays, n’aura échappé aux affres du COVID-19 (coronavirus). Au Cameroun, les données de l’Institut national de la statistique au terme d’une étude réalisée en juin 2020 donnent une idée des conséquences de cette pandémie sur l’économie nationale. 93% des entreprises ont été négativement impactées par la pandémie, ainsi que 60% des ménages.
Avant la COVID-19, le Cameroun connaissait déjà des péripéties ayant contribué à fragiliser son économie : la crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’insécurité dans la région de l’Extrême-Nord, le choc pétrolier, etc…
Par contre, la pandémie aura démontré la résilience du Cameroun, mais surtout l’incroyable talent de sa jeunesse qui a su développer des initiatives poussant les Camerounais à consommer local. De quoi interpeller la jeunesse pour tenter de briser la maxime « si jeunesse savait et si vieillesse pouvait ».
Parce qu’au Cameroun, les jeunes savent et peuvent mettre de leur empreinte dans la relance de l’économie post-COVID-19 . Comment ? Il suffit d’avoir l’information.
En tant que journaliste dans les desks économie et TIC (technologies de l'information et de la communication) de ma rédaction, je me frotte quotidiennement à différents secteurs dans lesquels les jeunes pourraient davantage se démarquer.
Premièrement dans l’agriculture et l’élevage. La nature nous a été charitable avec des terres riches et un climat favorable. Ce qui a fait naitre le Programme d’appui à la rénovation et au développement de la formation professionnelle dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et des pêches (PCP-AFOP), instrument du gouvernement camerounais qui, avec l’appui de l’Agence française de développement (AFD) a déjà formé et inséré plus 3 500 jeunes depuis 2014. Le secteur primaire reste l’un des secteurs où il faut que les jeunes creusent en profondeur.
Après avoir suffisamment produit de matière première diversifiée, il faudra la transformer. Une autre vague de jeunes pourrait dès lors s’intéresser au secteur secondaire pour pallier au problème de la balance commerciale déficitaire.
La production, puis la transformation, le commerce et d’autres activités transversales créeraient de la valeur ajoutée, et mobiliseraient divers acteurs autour de filières de productions agricoles et artisanales. Par exemple, l’expérience du Programme Intégré de Valorisation et Transformation des Produits Agricoles et Agroalimentaires (TRANSFAGRI) ouvrirait la voie.
En outre, la médecine traditionnelle a largement fait ses preuves par la production locale des gels hydro alcooliques et de la chloroquine à base de quinquina, tout en ayant un impact sur le secteur secondaire de l’économie. C’est une occasion pour les jeunes d’explorer ses débouchées. Le Département de Pharmacologie et de Médecine Traditionnelle lui est entièrement dédiée à la Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales (FMSB) de l’Université de Yaoundé II.
La pandémie a également montré tout l’intérêt de développer l’économie numérique. Depuis le début de la crise, le taux de pénétration d’internet au Cameroun a augmenté de 10%, soit 40% majoritairement constitué de jeunes.
Les jeunes ont développé bon nombre de logiciels visant à faciliter la vie des populations. Plusieurs d’entre eux ont été utilisés dans le cadre du télétravail. Dans un contexte où les cours en présentiels sont limités, le e-learning a fait ses preuves, notamment avec l’application TOOTREE qui propose une plate-forme numérique de réseau d’entraide, de discussion et d’information par centre d’intérêt entre les élèves, les étudiants, les parents, les enseignants et les responsables d’établissements. Tout récemment, un Centre de Développement de l’économie numérique a été créé, avec pour mission d’accompagner les jeunes dans le processus de création d’entreprises viables.
Pour mettre tout ceci en pratique, il faut miser sur la communication. Les médias de masse peuvent alors créer de l’emploi à d’autres jeunes qui auront pour mission de sensibiliser leurs paires dans un langage propre à eux sur l’importance de leur participation à cette relance économique.
Toutes ces pièces de puzzle réunies nous permettraient de voir reluire le visage de notre pays, par la jeunesse et pour le Cameroun.
Laurence Okalia est la lauréate du concours Blog4Dev 2021 pour le Cameroun. Voir la liste de tous les lauréats du concours Blog4Dev 2021.
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