« À 18 ans, j'avais déjà trois enfants, nés d'un mariage forcé. » Tererai Trent, médecin, intervenante, survivante
Le mariage des enfants désigne la pratique qui consiste à marier des filles et des garçons de moins de 18 ans. Ce terme recouvre à la fois les unions officielles et informelles.
En Namibie, ce sont principalement en raison des normes culturelles, de la religion et des inégalités entre les femmes et les hommes que le mariage des enfants se perpétue. Les fillettes en sont bien souvent les premières victimes. Les statistiques montrent qu'elles ont globalement moins accès à l'éducation. Elles sont par conséquent nettement défavorisées sur le plan social et politique, ce qui fait d'elles des cibles d'autant plus faciles pour les mariages précoces.
L'Olufuko est une fête au cours de laquelle les filles ovambos accomplissent des rites tribaux destinés à les initier au mariage. Elles n'ont généralement pas leur mot à dire sur leur futur époux. Issues le plus souvent de familles vivant dans la plus grande pauvreté, elles ignorent tout de leur droit à la dignité sexuelle et sociale. La cérémonie a pour but de préparer les fillettes de 12 ans à la féminité, c'est-à-dire au mariage, à la maternité et à l'éducation des enfants.
Au nom du « respect des traditions », ces fillettes ne peuvent pas refuser l'Olufuko.
Dans d'autres cas, des jeunes filles sont mariées à des hommes riches plus âgés qui fournissent en échange une aide financière à leur famille. Un très grand nombre de filles Africaines sont soumises à cette norme culturelle informelle.
Bien qu'il s'agisse incontestablement d'un problème difficile à résoudre, plusieurs moyens peuvent être utilisés pour mettre fin au mariage des enfants.
Le premier, et le plus efficace s'il est appliqué avec rigueur, est d'éduquer les jeunes filles, en leur montrant que leur vie ne se limite pas au cadre domestique. Éduquer une fillette, c'est lui apprendre que sa condition ne se résume pas à celle d'une épouse, d'une soignante ou d'une victime.
Un autre moyen efficace tout aussi important serait de sensibiliser les parents, les adultes et la société au sens large, pour leur faire prendre conscience des conséquences néfastes des mariages précoces sur le plan socio-affectif.
Il faut aussi susciter l'adhésion des responsables religieux et traditionnels, car leur position dans la société leur donne la possibilité d'exercer un rôle essentiel dans le refus des mariages précoces.
Il est également important de cibler les jeunes hommes, les pères et les autres figures masculines. Ils apprendront ainsi qu'un ordre social qui méprise les droits des femmes à l'autonomie nuit au progrès de la société dans son ensemble. Ils pourront alors contribuer de façon décisive à mettre un terme au mariage des enfants. En impliquant les hommes, on reconnaît en effet que les mariages précoces continuent d'exister parce qu'eux-mêmes y prennent part.
L'inégalité entre les femmes et les hommes, la religion et les normes sociales ne sont que quelques-uns des multiples facteurs qui portent préjudice aux femmes et aux filles.
La vie des enfants mariées ne représente souvent pour leurs familles qu'un moyen de parvenir à leurs fins. Autant dire que ces enfants n'ont jamais vraiment leur mot à dire.
Il faut préciser que le mariage précoce n'est pas un fléau social touchant exclusivement les filles. Ce billet leur est toutefois consacré car elles en sont bien davantage victimes que les garçons.
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