Améliorer la gestion des risques de catastrophes en tenant compte du genre : L’importance de changer l’approche

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Améliorer la gestion des risques de catastrophes en tenant compte du genre : L?importance de changer l?approche (Photo : Katharine Vincent) Améliorer la gestion des risques de catastrophes en tenant compte du genre : L’importance de changer l’approche (Photo : Katharine Vincent)

Le taux de mortalité lié aux catastrophes est plus élevé pour les femmes que pour les hommes. Certaines études révèlent qu’en cas de catastrophe, les femmes et les enfants sont 14 fois plus susceptibles de mourir que les hommes. Afin de réduire le nombre de victimes et atténuer les inégalités, le Fonds mondial pour la prévention des catastrophes et le relèvement (GFDRR en anglais) a mis en place une équipe de genre pluridisciplinaire (gestion des risques de catastrophe) pour élaborer une nouvelle approche avec les communautés économiques régionales (CER) africaines. Après de vastes consultations des parties prenantes, cette initiative a abouti à une nouvelle approche de la gestion des risques de catastrophes qui tient compte de la dimension de genre.

« Nous avons travaillé ensemble en équipe pour que nos efforts de gestion des risques de catastrophes tiennent compte des questions de genre », explique Essa Khan spécialiste de la politique de réduction des risques de catastrophes et de la gouvernance au sein de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Pourquoi les catastrophes n’ont-elles pas les mêmes effets sur les hommes et les femmes ?

Les catastrophes ont des effets différents sur les hommes et les femmes, reflétant les inégalités entre les sexes. Ces inégalités sont causées par les conditions socioéconomiques, les croyances culturelles et les pratiques traditionnelles qui ont désavantagé les femmes de manière récurrente. Une situation aggravée par le changement climatique et les pressions environnementales qui intensifient également les inégalités de développement préexistantes. Ces inégalités sont particulièrement vraies dans les régions les plus pauvres du monde où les femmes dépendent généralement de l'agriculture de subsistance - un secteur très dépendant des conditions météorologiques ; alors que les emplois rémunérés sont souvent réservés aux hommes.

La marginalisation économique systématique des femmes se reflète également dans la sphère politique, où les femmes sont souvent exclues des processus de décision et des débats à plusieurs niveaux. Cette exclusion renforce les inégalités, car la voix et les perspectives des femmes ne sont pas représentées dans les décisions en matière de prévention d’anticipation des risques.

Pourtant, nous savons que les femmes apportent une contribution essentielle à la gestion des risques de catastrophes et des risques climatiques. Malheureusement les mesures de gestion de risques sont rarement sensibles aux aspects de genre et sont déterminé par défaut sur une base de référence masculine, ce qui entraîne souvent des conséquences bine plus dramatiques pour les femmes et les filles.

En quoi les communautés économiques régionales africaines sont-elles pionnières en matière de prévention des catastrophes et relèvement axés sur le genre ?

Pour améliorer cette réalité, la Banque mondiale et le GFDRR ont assemblé une équipe multidisciplinaire d'experts sectoriels et d'économistes spécialisés dans le genre afin d’élaborer ensemble une nouvelle approche avec plusieurs communautés économiques régionales en Afrique. L'objectif est de rendre la gestion des risques de catastrophe « sensible au genre » d'une manière qui résonne auprès des principales parties prenantes à travers le continent.

Dans le cadre de ce travail, des centaines de parties prenantes ont été consultées – des responsables gouvernementaux, aux membres du monde universitaire, en passant par des acteurs du secteur privé et des ONG. S’ils ont tous reconnu la nécessité d'appliquer une dimension genre, l'incertitude quant à la manière d'y parvenir efficacement demeure.

Comme solution, l'équipe a utilisé le cadre de Sendai mondialement reconnu en matière de prévention des risques de catastrophes et de relèvement ainsi que la stratégie de genre de l'Union africaine afin de s'assurer que les plans de gestion des risques de catastrophe existants soient sensibles au genre : elle a appliqué une dimension genre à toutes les activités de prévention, de préparation, d'intervention et de reconstruction après les catastrophes. En Afrique subsaharienne, de nombreux pays prennent déjà en compte les besoins spécifiques des femmes et des hommes pour renforcer les activités de préventions et de relèvement, comme par exemple :

  • Priorité 1 : comprendre les risques de catastrophes : Le secrétariat de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) à Abuja a formé une équipe chargée de collecter dans tous les états membres des données sur les risques naturels en fonction du sexe.
  • Priorité 2 : renforcer la gouvernance des risques de catastrophes pour mieux les gérer : Lors de la quatrième Conférence ministérielle pour la prévention des risques en Afrique centrale à Kinshasa, en République démocratique du Congo, la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) a réuni pour la première fois des spécialistes des questions de prévention des risques de catastrophes et des questions de genre de chaque état membres. Cela a permis de mener une discussion de fond et d’établir un plan d’action informel.
  • Priorité 3 : investir dans la réduction des risques de catastrophe pour renforcer la résilience : Dans sa nouvelle stratégie de prévention des risques de catastrophes et de relèvement sensible au genre, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) établit un profil de risque régional sensible au genre, ce qui permettra de proposer des fonds verts pour le climat mieux ciblés.
  • Priorité 4 : améliorer la préparation pour une intervention efficace et pour « Faire et reconstruire mieux » : En réponse aux cyclones Idai et Kenneth en 2019, le Mozambique a réalisé des évaluations des besoins post-catastrophe (PDNA) sensibles au genre. Ces évaluations ont sauvé des vies en fournissant aux femmes des services d'assainissement à proximité des sites d'évacuation - réduisant la violence basée sur le genre - et mettant à leur disposition des installations d'accouchement sûres.

Et maintenant ?

De la conception à la mise en œuvre, au suivi et à l'évaluation, le tout rationalisé dans une optique de genre, le GFDRR peut soutenir ce changement de mentalité en donnant un exemple positif et en veillant à ce que tous ses projets bénéficient d'une expertise axée sur le genre.


Auteurs

Katharine Vincent

Climate change adaptation, disaster risk reduction and gender

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