Presque tous les pays du monde sont confrontés à des crises multiples : la pandémie qui continue de couver et la vulnérabilité permanente aux futures urgences sanitaires ; les pics historiques d'insécurité alimentaire, exacerbés par les pénuries d'approvisionnement dues à la guerre en Ukraine ; la fragilité, les conflits et la violence ; et la marée montante des assauts du changement climatique sur notre environnement.
Neutraliser une seule de ces crises peut s’avérer déconcertant et périlleux. Certains pays, malheureusement, sont confrontés à toutes ces crises en même temps, se battant sur plusieurs fronts. Cela les empêche généralement de s'atteler à la tâche à plus long terme qui consiste à donner aux gens les connaissances, les compétences, la santé et les opportunités dont ils ont besoin pour réaliser pleinement leur potentiel productif. Investir dans des systèmes résilients et sensibles aux chocs est essentiel pour protéger les gains en capital humain et améliorer la résilience aux chocs futurs.
Le Niger est l'exemple d'un pays qui est confronté à de nombreux défis complexes et interconnectés. Les chocs et les crises (a) sont de plus en plus fréquents et se chevauchent, ce qui perturbe les efforts visant à soutenir une croissance généralisée, à renforcer le capital humain et à réduire la pauvreté. L'instabilité régionale a entraîné le déplacement forcé de nombreuses familles et la fermeture d'écoles, menaçant la stabilité sociale et augmentant l'insécurité, ce qui à son tour a compliqué les efforts du Niger pour répondre à la pandémie de COVID-19 et aggravé l'insécurité alimentaire qui touche désormais plus de 4,4 millions de ses habitants. Les chocs climatiques ont déclenché des inondations localisées, tandis que la hausse constante des températures menace plus de 80 % des Nigériens qui dépendent de l'agriculture pour leur alimentation et leurs moyens de subsistance.
Le gouvernement du Niger est déterminé à ne pas perdre de terrain dans son ascension constante pour protéger et investir dans l’ensemble de ses citoyens, en poursuivant les programmes et les réformes qui ont un impact transformateur sur la vie des gens. Le programme de filet de sécurité Wadata Talaka, un partenariat entre le Niger et la Banque mondiale qui vise la réduction de la pauvreté, le renforcement de la résilience et l'autonomisation des femmes, en est un bon exemple. Le programme fournit des transferts mensuels en espèces aux ménages extrêmement pauvres afin de lisser leurs dépenses de consommation et d'améliorer leur capacité à faire face aux chocs. Il fournit également un soutien "inclusion économique" – formation à la vie quotidienne et au micro-entreprenariat, coaching et soutien aux groupes d'épargne villageois - et aide les enfants pauvres à bénéficier d'une stimulation mentale essentielle dans leurs premières années. Ces programmes peuvent réagir rapidement pour aider les familles pauvres et vulnérables à se préparer, à faire face et à s'adapter à des chocs tels que la pandémie de COVID-19 : lorsque le virus a frappé, le programme s'est étendu à 400 000 ménages pour les protéger de ses conséquences économiques négatives. Le programme est bien placé pour aider les ménages pauvres confrontés à une insécurité alimentaire croissante et aux chocs climatiques.
Une réponse efficace devra inclure le soutien aux femmes et à l'innovation. Les femmes étant les principales bénéficiaires du programme, Wadata Talaka est un vecteur important de leur autonomisation. Des évaluations rigoureuses du programme d'inclusion économique (a) montrent qu'au cours des 18 mois qui ont suivi son lancement, il a permis d'améliorer la consommation des ménages et de réduire l'insécurité alimentaire. Le revenu total des femmes bénéficiaires a augmenté (de 60 à 100 %, en grande partie grâce à des entreprises non agricoles), et il existe des preuves solides de l'amélioration de leur santé mentale et de leur bien-être social.
Pour développer de tels systèmes, qui atteignent les plus pauvres et les plus vulnérables, les pays ont besoin de registres sociaux solides et de bons systèmes d'inscription, de prestation et de paiement, qui tirent souvent parti de la technologie. Le gouvernement du Niger est pleinement engagé dans ces efforts. Par exemple, en réponse au changement climatique, Wadata Talaka a été le premier programme de ce type en Afrique de l'Ouest à utiliser des données satellites pour anticiper rapidement les points chauds de la sécheresse et fournir des fonds d'urgence plus rapidement que d'habitude (trois mois avant la réponse traditionnelle) pour aider les gens avant qu'ils n'entrent dans la saison maigre. Ce projet fera également l'objet d'une évaluation rigoureuse.
À l'heure où les pays sont contraints de faire face aux flux et reflux de chocs tels que le changement climatique, les pandémies, les conflits ou les hausses de prix des denrées alimentaires, les investissements dans les systèmes de protection sociale sont plus essentiels que jamais. Les programmes du Niger sont un exemple de l'impact que peuvent avoir de tels systèmes adaptatifs.
Ce blog a été initialement publié sur le site de l’Atlantic Council (a).
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