Un contrat social pour améliorer la vie du peuple congolais

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DRC population, infrastructure, conflict, and forest mapping (World Bank, 2022) DRC population, infrastructure, conflict, and forest mapping (World Bank, 2022)

Depuis la fin des guerres du Congo il y a 20 ans, la vie de la plupart des Congolais ne s’est guère améliorée. Année après année, les conflits persistants et la lenteur des progrès économiques ont entraîné une baisse du niveau de vie. La plupart des gens (73 %) vivent avec moins de 1,90 dollar par jour et, entre 2003 et 2020, le nombre de citoyens vivant dans la pauvreté a augmenté de 20 millions. La poussée démographique, combinée à une faible croissance économique, a entraîné une baisse de 60 % du produit intérieur brut par habitant en 2020 par rapport à 1960.

La République démocratique du Congo (RDC), est pourtant un vaste pays, plus grand que l’Europe de l’Ouest, riche en ressources naturelles, qui détient plus de la moitié des réserves mondiales du cobalt indispensable à la fabrication de téléphones portables et de batteries automobiles, et dont le potentiel hydroélectrique est considérable. La RDC possède également l’une des plus grandes forêts tropicales du monde, le deuxième puits de carbone au monde.

Pour les 90 millions d’habitants de la RDC, il existe toutefois des raisons d’espérer.

Nous assistons à l’apparition des premiers signes d’un nouveau contrat social entre le gouvernement et les citoyens. La Banque mondiale entend faciliter l’émergence de ce contrat par la promotion de la responsabilisation et de la transparence, et au moyen d’investissements qui amélioreront l’accès aux services. Ce soutien est défini dans un nouveau Cadre de partenariat par pays (CPP) pour la RDC pour 2022-2026 (voir Résumé analytique).

La mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière d’enseignement primaire gratuit a permis la scolarisation de millions d’enfants qui auparavant ne pouvaient pas aller à l’école, un engagement que la Banque mondiale soutient par le biais d’un projet d’enseignement primaire de grande envergure. Bien que les mesures de confinement liées à la COVID-19 aient entravé ce travail, trois millions d’enfants supplémentaires ont été scolarisés en 2021 par rapport aux années précédentes.

Le gouvernement a repris ses efforts de stabilisation dans l’Est du Congo, des efforts qui seront facilités dans le cadre de ce nouveau partenariat. Les investissements de la Banque mondiale viseront à remédier à la fragilité et aux conflits grâce à une meilleure connectivité (des routes praticables et goudronnées et une numérisation accrue) ainsi qu’un meilleur accès aux services de distribution d’eau et d’électricité. Ce travail sera facilité par l’attrait et la mobilisation de capitaux privés pour promouvoir les efforts de développement, en particulier en matière de production d’énergie solaire permettant de favoriser un accès universel à l’électricité.

Les engagements de la Banque mondiale prévoient d’accompagner les réformes en matière de gouvernance : via le soutien à l’amélioration de la gestion des finances publiques aux niveaux central et provincial, ou encore par le biais d’une meilleure gouvernance économique et de la transparence des entreprises publiques dans les secteurs de l’eau, de l’électricité et des mines. Des prêts à des fins d’investissement avec des modalités axées sur les résultats sont déjà mis en œuvre dans le cadre de la politique en faveur de la gratuité de l’enseignement primaire.

Le Groupe de la Banque mondiale s’est engagé à toucher le plus grand nombre de personnes possible sur ce vaste territoire. La plupart des Congolais vivent le long de deux corridors fortement peuplés, l’un allant du nord au sud le long de la région des Grands Lacs, l’autre d’ouest en est. Le développement du pays ne peut se faire qu’en concentrant les actions à mener le long de ces corridors, qui sont en outre les plus vulnérables aux conflits. Ces régions (illustrées sur la carte ci-dessous), qui regorgent de ressources, sont aussi toutefois les zones les plus instables et les plus touchées par la pauvreté.

Carte de la population, de l’infrastructure, des conflits et des forêts de la RDC (Banque mondiale, 2022)

Cartographie de la population, des infrastructures, des conflits et des forêts de la RDC (Banque mondiale, 2022)


Les liaisons routières seront améliorées dans les endroits les plus touchés par les conflits et la violence, afin de relier les personnes et les marchés et de réduire les dynamiques d’exclusion liées à la fragilité. Les investissements dans les infrastructures routières se concentreront sur les deux corridors du pays, avec pour but d’ajouter 1 500 kilomètres de routes goudronnées et de réhabiliter 4 000 kilomètres supplémentaires de routes rurales.

La RDC abrite la deuxième plus grande forêt tropicale du monde, avec une capacité d’absorption de 85 milliards de tonnes de dioxyde de carbone, soit à peu près l’équivalent de trois années d’émissions mondiales de dioxyde de carbone liées à l’énergie. Afin de réduire la pression sur la forêt, d’en encourager la préservation, et de protéger les avantages qu’elle apporte, les investissements de la Banque mondiale encouragent des choix de cultures et de moyens de subsistance différents. Les approches seront élargies pour renforcer la résilience des milieux naturels et des communautés entourant la forêt, tout en encourageant une meilleure gouvernance des forêts.

Réduction des conflits grâce à l’éducation et la protection sociale

Le Groupe de la Banque mondiale a repris ses activités en RDC après la fin des guerres en 2003. Ces activités ont davantage porté sur les infrastructures (50 % des engagements) que sur le renforcement des capacités institutionnelles, le développement humain ou le soutien aux réformes critiques de la gouvernance. Le nouveau CPP prévoit une réorientation vers le développement humain et un rééquilibrage du financement vers l’éducation et la protection sociale.

Les investissements au niveau de l’éducation des filles et de l’autonomisation des femmes ont pour objet de favoriser la scolarisation des filles et de faciliter leur transition vers l’enseignement secondaire ; d’accroître l’accès à l’éducation et aux services de santé sexuelle et reproductive ; de permettre l’accès à une deuxième chance à l’éducation ; et de promouvoir l’inclusion financière des femmes. En matière de violences liées au genre, l’approche se concentrera sur la réduction de la violence ainsi que sur la mise en place d’un soutien et d’interventions pour les survivantes.

La Banque mondiale soutiendra également les actions du gouvernement en vue de mettre en place un dispositif de protection sociale à l’échelle nationale qui cible les populations pauvres, vulnérables et touchées par les conflits, notamment les personnes déplacées et les réfugiés. Cette nouvelle approche permettra de mobiliser des investissements de près de 1 milliard de dollars dans les activités de protection sociale bénéficiant à environ 1,2 million de personnes, dont 40 % sont des femmes.

Le travail qui nous attend est ambitieux et plus que jamais tourné vers l’humain. Mais il n’est pas sans risque. L’objectif est d’offrir une nouvelle qualité de vie à la famille moyenne en RDC. Nous nous engageons à en faire une réalité.


Auteurs

Jean-Christophe Carret

World Bank Country Director for the Middle East Department

Cia Sjetnan

Senior Operations Officer

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