Le Grand Casablanca, qui comprend la ville de Casablanca et les zones urbaines adjacentes, concentre plus de 13 % de la population du Maroc (soit cinq millions de personnes) sur moins de 1 % du territoire national, avec plus de 50 000 personnes supplémentaires qui s’y installent chaque année. Cette région est un moteur essentiel de la croissance économique du Maroc, contribuant à un quart du PIB national. Le port de Casablanca est la principale porte d’entrée du commerce entre l'Europe et l'Afrique, ce qui assure à la ville une position inégalée de centre logistique propice à une plus grande intégration dans l'économie mondiale.
Casablanca incarne également les défis de l'urbanisation au Maroc, avec des inégalités sociales persistantes et des poches de pauvreté. Environ 150 000 personnes y vivent sous le seuil de pauvreté (selon les données du Haut-Commissariat au Plan - HCP, l'agence nationale de statistiques), et ont un accès insuffisant ou inadéquat à des infrastructures et services de qualité.
Compte tenu de l'augmentation rapide de la demande de mobilité urbaine et du sous-investissement relatif dans ce domaine, la congestion du trafic est aujourd'hui un problème sérieux dans le Grand Casablanca, où circulent environ 20 % des véhicules du pays. Jusqu'aux années 2010, la plupart des modes de transport public demeuraient insuffisants, inadéquats et/ou peu pratiques.
La détérioration des conditions de transport urbain à Casablanca a eu un impact négatif, particulièrement pour les femmes, les jeunes et les personnes vulnérables. En outre, les déplacements urbains coûtent généralement aux ménages 10 à 20 % de leurs revenus. Les transports urbains sont également une cause majeure du changement climatique, représentant un tiers des émissions de CO2 du pays (soit l’équivalent de 25 millions de tonnes). Les niveaux actuels de pollution de l'air à Casablanca restent largement supérieurs au seuil recommandé par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
L’amélioration de la mobilité urbaine a fait l'objet d'efforts importants de la part de l’Etat et des collectivités territoriales au cours des quinze dernières années, en particulier dans le Grand Casablanca. Un Plan de Déplacement Urbains (PDU) pour l’agglomération a été préparé en 2007, et est en cours de mise à jour. Casa Transports, la Société de Développement Local (SDL), en charge du transport urbain a été créée en 2009. Dans ce cadre, plus de deux milliards de dollars ont été investis localement pour éviter une dégradation supplémentaire des conditions de déplacement dans le Grand Casablanca en raison de la croissance du trafic. Plusieurs projets et actions d’envergure ont été mis en œuvre avec succès pour améliorer l'accès, la qualité et la durabilité des services de mobilité urbaine, notamment pour le tramway en 2012 et 2019, réseau qui s'étend sur 50 kilomètres et dessert plus de 300 000 utilisateurs quotidiens. Ce système de tramway devrait être complété d'ici fin 2024 par l’ouverture de deux lignes supplémentaires en cours de construction.
Les bus, le mode de transport public le plus utilisé, ont également fait l'objet d'une attention particulière de la part des autorités. Une concession a été signée en 2019 entre un opérateur privé et l’Etablissement de Coopération Inter-communale (ECI) Al Baida pour améliorer l'accès aux bus. Le 1er mars 2024, un réseau innovant et performant de bus à haut niveau de service (BHNS) — des bus articulés circulant sur des voies dédiées et connu sous le nom de Busway — a été mis en service. Le développement d’une de ses lignes a bénéficié de l'appui du Programme d’Appui au Secteur des Déplacements Urbains au Maroc, financé par la Banque mondiale dans le cadre d’un Prêt-Programme pour les Résultats (PPR). Ce réseau est le premier du genre au Maghreb, et le deuxième dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) après celui d'Amman (Jordanie).
Le Busway de Casablanca va considérablement changer la vie des habitants de l'agglomération. Grâce à une meilleure intégration avec les autres modes de transport (en termes de stations, d'horaires et de tarifs), les usagers quotidiens qui vivent dans des zones densément peuplées telles que Ain Chock, Salmia ou Arrahma, verront leur temps de trajet en transport public vers le centre-ville diminuer d'au moins trente minutes par jour (y compris la réduction des temps d'attente). Cette amélioration offrira une meilleure qualité de transport, permettant aux habitants d'accéder à des milliers de nouveaux emplois et d'opportunités économiques, ainsi qu'à l'éducation, aux soins de santé et à de nombreux autres services.
Outre la rapidité des trajets, la sécurité et l'intégration sont tout aussi essentielles dans les transports. Les systèmes ont été conçus pour optimiser la sécurité des piétons, des cyclistes, des usagers des transports publics et des automobilistes. Les stations et les véhicules sont accessibles aux personnes handicapées. Un éclairage adapté, des caméras de sécurité et la présence d’agents contribuent à ce que chacun, et en particulier les femmes, se sente en sécurité lors de ses déplacements. Ces dispositions, combinées à l'augmentation de l'offre, de la fiabilité et de l'accessibilité financière, contribueront à accroître le taux de participation des femmes au marché du travail (actuellement d'environ 20 % au niveau national), qui est l'un des plus faibles de la région MENA. En offrant une alternative efficace aux voitures, ces nouveaux bus (BHNS) réduisent aussi de manière significative les émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique associées à la mobilité urbaine.
L’Etat, par l'intermédiaire de l'Office National des Chemins de Fer (ONCF), travaille actuellement à compléter cet effort et à étendre davantage l'accès à des services de transport urbain de qualité dans le Grand Casablanca. S'appuyant sur une ligne ferroviaire existante, de 60 kilomètres, le programme récemment annoncé, combinera des services ferroviaires urbains à haute fréquence dans la ville de Casablanca et des services ferroviaires suburbains opérant dans la zone métropolitaine pour relier les banlieues adjacentes et les municipalités de Zenata, Mohammedia, Nouaceur et Bouskoura.
La principale leçon tirée du Programme d’Appui au Secteur des Déplacements Urbains au Maroc — dont d'autres villes de la région MENA, et du monde pourraient s’inspirer — est la suivante : les projets de mobilité urbaine ne peuvent réussir que s'ils sont globaux, intégrés, durables, coopératifs, soutenus et progressifs. Du fait, entre autres, du soutien de la Banque mondiale et à une collaboration étroite avec les partenaires marocains, ces initiatives améliorent non seulement les conditions de vie, mais aussi l'image du Grand Casablanca. Elles donnent à la métropole une physionomie différente, moderne, et projettent une vision de ce que le Grand Casablanca peut devenir par le biais d’infrastructures et de systèmes bien conçus.
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