Publié sur Voix Arabes

En cette période de pandémie, le rôle toujours plus crucial des investissements dans le capital humain de l’Égypte

Les enfants égyptiens nés en 2020 ont un taux de survie à cinq ans supérieur à celui des enfants nés en 2010. Ils ont moins de risque de présenter un retard de croissance et sont plus susceptibles de fêter leur 60ème anniversaire. Les enfants égyptiens nés en 2020 ont un taux de survie à cinq ans supérieur à celui des enfants nés en 2010. Ils ont moins de risque de présenter un retard de croissance et sont plus susceptibles de fêter leur 60ème anniversaire.

De même que le capital financier mesure la richesse accumulée, le capital humain quantifie l’accumulation de connaissances, de compétences et de santé par un individu. L’indice de capital humain (HCI) de la Banque mondiale entend mesurer le niveau moyen de capital humain qu’un enfant né aujourd’hui peut espérer atteindre à l’âge de 18 ans. Il s’appuie sur cinq composantes :

  • la probabilité de survie d’un enfant jusqu’à cinq ans ;
  • la part d’enfants ne présentant pas de retard de croissance ;
  • le taux de survie à l’âge adulte ;
  • le nombre d’années de scolarité escomptées ;
  • les résultats d’évaluation, harmonisés de manière à mesurer la qualité de l’apprentissage.

Cet indice revêt une importance d’autant plus grande face aux perturbations induites par la pandémie de coronavirus (COVID-19) dans les systèmes d’éducation et de santé, indispensables pour développer le capital humain, que les décideurs qui souhaitent protéger au mieux leur capital humain ont besoin de données de qualité pour en appréhender l’impact.

L’indice de capital humain 2020 — qui met à jour l’indice 2018 — établit des références utiles pour suivre l’évolution du capital humain après la pandémie. Mais l’impact des réformes ne seront pas visible avant un certain temps.

Une décennie de pertes et de gains

L’Égypte fait partie des premiers pays à avoir adhéré au projet sur le capital humain, dès octobre 2018. Les prévisions font apparaître une légère progression sur ce plan au cours des dix dernières années. Un enfant né en Égypte en 2010 pouvait espérer atteindre à l’âge adulte 48 % du niveau de productivité escompté s’il avait bénéficié d’une éducation complète et d’une parfaite santé. Pour un enfant né en 2020, ce taux sera de 49 %. 

Les progrès de l’Égypte sont à imputer pour l’essentiel à des améliorations dans le domaine de la santé. Les enfants nés en 2020 devraient avoir un taux de survie à cinq ans supérieur à celui des enfants nés en 2010. Ils ont moins de risque de présenter un retard de croissance et sont plus susceptibles de fêter leur soixantième anniversaire. Quant à l’éducation, le nombre d’années de scolarité escomptées a augmenté, signe que l’accès s’est amélioré. Mais la baisse des résultats d’évaluation suggère que la qualité de l’apprentissage s’est dégradée.

COVID-19 : une menace pour les gains de capital humain

La pandémie fait planer une sérieuse menace sur le capital humain en Égypte. Pour la génération actuelle d’élèves, les fermetures d’écoles devraient entraîner une perte de plus de la moitié de l’année scolaire, corrigée de l’apprentissage. Les perturbations des services de santé maternelle et infantile, associées au choc financier subi par les revenus des ménages du fait de la pandémie, fragilisent déjà la nutrition et le développement des jeunes enfants. Tous ces facteurs risquent d’annuler des avancées difficilement acquises.

En juin 2020, une enveloppe de 400 millions de dollars a été approuvée pour soutenir le projet de système d’assurance maladie universelle de l’Égypte, riche de transformations, censé aider le pays à déployer une couverture santé universelle et à améliorer les performances sanitaires des Égyptiens. Ce projet va aider le gouvernement égyptien à jeter les bases d’un système d’assurance maladie universelle et à assurer une protection financière temporaire pour les plus démunis face aux dépenses de santé qu’ils doivent assumer depuis la survenue de la pandémie.

Ce projet s’inscrit dans la lignée du projet de système de soins de santé, de 530 millions de dollars, qui cherche à améliorer les prestations de 600 centres de santé primaires et 27 hôpitaux du pays. Le projet contribue également aux efforts de planification familiale engagés par le pays, au renforcement du programme de personnel de santé communautaire pour améliorer la santé et la nutrition et aux dépistages sanguins annuels pour différents agents pathogènes. Il est aussi à l’origine de la plus importante campagne au monde de dépistage de l’hépatite C, de maladies non transmissibles et d’autres facteurs de risque.

Des réformes supplémentaires en faveur du capital humain sont déjà opérationnelles

En septembre 2019, l’Égypte a introduit plusieurs grandes réformes de l’éducation — dont un projet de 500 millions de dollars financé par la Banque mondiale pour améliorer l’accès des familles à une éducation préscolaire de qualité et renforcer les capacités des enseignants, des directeurs d’école et des inspecteurs. Il a également développé l’utilisation de ressources didactiques numériques et introduit un nouveau système d’examen informatisé afin d’encadrer l’obtention des diplômes en fin de secondaire et l’admission dans les universités.

Le développement de la technologie et de l’apprentissage numérique a été au cœur de ces réformes de l’éducation, permettant au ministère de l’Éducation et de l’enseignement technique de recourir plus rapidement à des solutions d’apprentissage à distance. Ce dispositif comprend les différents modules nécessaires pour la réouverture des écoles en 2020/21 et pose les jalons d’une nouvelle normalité — post-pandémie.

D’autres initiatives, déjà engagées, contribuent également à renforcer le capital humain. Le programme national de transferts monétaires du pays, Takaful et Karama (le plus important du portefeuille de la Banque mondiale au Moyen-Orient et en Afrique du Nord), concerne à ce jour 3,1 millions de foyers, soit environ 11 millions de personnes. Plus de 67 % des ressources sont distribuées à des familles et des individus pauvres et vulnérables en Haute-Égypte, sachant que 74 % des titulaires des cartes sont des femmes. Le programme contribue à l’accumulation du capital humain en exigeant des familles participantes qu’elles emmènent régulièrement leurs enfants pour des consultations médicales et qu’elles les envoient à l’école.

Le gouvernement égyptien développe ce type d’aide dans huit gouvernorats en testant un nouveau programme, le Forsa (« opportunités » en arabe), conçu pour renforcer les moyens de subsistance et l’inclusion économique.

La croissance économique et le développement dépendent d’investissements dans le capital physique et humain, ce dernier occupant une place toujours plus importante dans les plans du pays.  La crise provoquée par la pandémie rend les investissements dans le capital humain plus indispensables que jamais — à la fois pour protéger les fragiles acquis du pays et pour renforcer la productivité des futures générations d’Égyptiens.


Auteurs

Maria Laura Sanchez Puerta

Human Development Lead Economist and Program Leader for the Andean countries

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